Colloque : « Présentation du projet EpistolART » (Liège, 19 mars 2014)

Raphael, portrait de Tommaso Inghirami

La vie et l’œuvre de Léonard de Vinci, Michel-Ange, Raphaël ou Titien montrent combien le statut social des artistes, particulièrement celui des Italiens, a changé aux XVe et XVIe siècles. Les libertés qu’ils s’octroient dans leurs relations avec leurs mécènes, tels François Ier, Charles Quint ou le pape Léon de Médicis, leur érudition et leur fréquentation des cénacles littéraires les plus prestigieux de l’époque sont les marques les plus évidentes de l’émergence d’une nouvelle figure d’artiste, cultivé et parfois même lettré, constamment à la recherche d’un affranchissement de la condition d’artisan, à laquelle l’avait reléguée la nature de sa discipline, longtemps associée aux « arti meccaniche ». Mais, on le sait aussi, nombreux sont ceux qui, à cette époque encore, continuent de réaliser des tâches ingrates ou à œuvrer dans l’anonymat. Le projet EpistolART entend s’intéresser au statut social des artistes de la Renaissance, par l’étude de sources de première main comme leurs correspondances ou celles des figures ayant contribué au déploiement de leurs carrières : commanditaires, fournisseurs, agents, secrétaires, éditeurs, etc. La lettre constitue, en effet, un document qui permet de suivre, de l’intérieur,  le processus d’affranchissement de l’artiste et de l’appréhender au départ de situations concrètes et spécifiques : ainsi, parallèlement aux personnalités les plus en vue, une place sera aussi accordée aux artistes qui vivaient très modestement, entièrement à la merci de leurs commanditaires. Cela nous révèle combien le chemin de l’artiste qui s’affirme de plus en plus comme un érudit autonome fut un parcours articulé et complexe, souvent traversé de contradictions.

Dans ce sens, certaines lettres nous font entendre directement la voix de l’artiste, sous des formes très éloignées de ce qui s’exprime dans les textes officiels et programmatiques. Elles révèlent les stratégies que l’artiste déploie pour construire sa carrière, pour nouer et entretenir ses réseaux sociaux, pour présenter un portrait crédible de lui-même. Les échanges épistolaires témoignent enfin de l’élaboration d’une nouvelle forme de discours sur l’art et sur les artistes, avec sa terminologie propre, ses topoi, ses emprunts au discours rhétorique. Le célèbre Carteggio inedito d’artisti dei secoli XIV, XV, XVI (éd. Johann Wilhelm Gaye, 3 vol., 1839-1840) – une véritable mine d’informations pour plusieurs générations d’historiens de l’art – sera réexaminé sous cet angle, avec l’objectif d’en réaliser une nouvelle édition fidèle aux documents originaux et fondée sur les critères philologiques les plus modernes. Cette édition sera publiée sous la forme d’une base de données en ligne, qui permettra à un public international d’interroger de façon transversale le corpus . La recherche interdisciplinaire, dont le corpus informatisé constituera le support principal, pourra donner des résultats probants grâce à des études portant sur des configurations textuelles spécifiques, sur des auteurs singuliers, voire sur des problématiques transversales, et ce sous la forme d’articles, de recherches doctorales et post-doctorales, et d’un volume monographique, prévu en guise de bilan final du projet et d’ouverture de nouvelles perspectives de recherche. Certaines des recherches déjà en cours seront accessibles au public présent sous la forme de posters, qui seront exposés devant la Salle Académique de l’Université de Liège.

Le 19 mars prochain, de 14h à 17h, l’Action de Recherche Concertée EpistolART : la correspondance, lieu d’émergence de la figure de l’artiste à la Renaissance sera présentée par ses promotrices en présence de divers partenaires étrangers. Cette présentation sera suivie à partir de 18h30 d’une rencontre-débat organisée à la Cité Miroir et intitulée Artistes de la Renaissance: une identité à affirmer, des réseaux à construire.

EpistolART (http://www.transitions.ulg.ac.be/EpistolART.html)

Transitions (http://www.transitions.ulg.ac.be/index.html)

Programme

14 : 00-14 : 25

Allocution des autorités de l’Université de Liège

M. Pierre WOLPER, Vice-recteur à la Recherche

M. Jean WINAND, Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres

Mot d’accueil de Mme Dominique ALLART, présidente du Département de

recherche « Transitions »

Présentation de l’équipe et des invités étrangers par Mme Paola MORENO,

porte-parole du projet EpistolArt

14 : 25-15 : 00

Présentation des contenus et de la méthodologie du projet EpistolART

Mme Annick DELFOSSE, Mme Laure FAGNART, Mme Hélène MIESSE et M. Antonio

GEREMICCA

15 : 00-15 : 45

Pause-café

Avec présentation de posters sur diverses études en cours sur les

correspondances au sein de « Transitions »

15 : 45-17 : 00

Table ronde avec débat final

Modérateur : M. Giancarlo ALFANO (Seconda Università di Napoli)

Intervenants

Mme Marcella MARONGIU (Fondazione Casa Buonarroti, Firenze)

M. Emilio RUSSO, (Università di Roma « La Sapienza » –  Archilet),

Mme Miranda LEWIS, (University of Oxford – Cultures of Knowledge)

M. Philippe VENDRIX, (Université de Liège – Université

François-Rabelais de Tours – CESR)

18 : 30-20 : 30

Rencontre-débat

«Artistes de le Renaissance : une identité à affirmer, des réseaux à

construire»

Animée par Julie Luong en présence de Paola Moreno et Dominique Allart

Cité Miroir, Salon des Lumières

 

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