Chaque artiste garde en mémoire des chefs-d’œuvre – tableaux, sculptures ou gravures – des textes et des citations, des souvenirs et des émotions esthétiques, des images et des sensations. Ensemble, ils forment son musée imaginaire qui nourrit son regard sur le monde. En interrogeant les sources d’inspiration et d’émulation visuelle et intellectuelle des artistes, ce concept, forgé en 1947 par André Malraux, dessine en creux le portrait intime des artistes dans leur démarche créatrice. La fortune croissante de la formule depuis les années 1970 révèle sans aucun doute l’intérêt grandissant pour la genèse et les processus d’élaboration de l’œuvre d’art.
Envisager le musée imaginaire des impressionnistes revient donc à questionner la pluralité de leurs sources d’inspiration, la construction de leur imaginaire et leurs voies d’accès à la culture des images. Tel est l’enjeu de ce colloque organisé en lien avec l’exposition du musée des Beaux-arts de Rouen, Scènes de la vie impressionniste, qui interroge les modalités de passage de l’œuvre d’une sphère privée à la sphère publique.
À l’impressionnisme s’attache couramment le postulat d’une peinture nouvelle qui se serait affranchie des conventions de représentation et des sources traditionnelles au profit du seul regard sur la vie contemporaine, l’instant et surtout la nature. Cette image a été, en partie forgée par les peintres eux-mêmes puis surtout diffusée par l’historiographie postérieure. Pourtant, plusieurs témoins et les premiers historiens du mouvement ont signalé l’importance des sources anciennes pour les impressionnistes et leur attachement à un passé artistique dont ils se sont emparés et qu’ils n’ont pas hésité à réinventer, conjuguant ainsi tradition et modernité. Cette approche mérite aujourd’hui d’être reprise, prolongée et complétée, en examinant comment l’imaginaire des impressionnistes procède d’un vaste ensemble de sources, alimenté par la littérature, les beaux-arts, la presse, la caricature et l’affiche. Sous le vocable du musée imaginaire, ce colloque propose donc d’ouvrir largement le débat sur les références culturelles et leurs registres, sur la mémoire collective et individuelle et ses modes de transmission.
Voir aussi l’appel à communication.
7-8 septembre 2016
Auditorium, musée des Beaux-arts
Espl. Marcel Duchamp, Rouen
Programme
Un portrait intérieur – Le musée imaginaire des impressionnistes
Mercredi 7 septembre
10h00 -10h30
Accueil, Sylvain Amic, directeur de la Réunion des Musées Métropolitains, Rouen
Ouverture, Ségolène Le Men, professeur, université Paris Ouest
Visites de musées, Regards sur le passé
10h30 – 10h55 Dominik Brabant, maître de conférences, Katholische Universität Eichstätt-Ingolstadt,
« Métaphores imprévues » et « nouvelles allégories », Thoré-Bürger et le passé de l’art entre dépassement et retournement
10h55 – 11-10 Pause
11h10 – 11h35 Ferretti Bocquillon, directrice scientifique du musée des impressionnismes, Giverny,
Bonnard, le visiteur du Louvre
12h00 – 12h30 Discussion
12h30 – 13h45 Déjeuner
Motif, milieu, médium
13h45 – 14h10 Michael Zimmermann, professeur, Katholische Universität Eichstätt-Ingolstadt,
Regards biopolitiques : Degas, Ludovic Halévy et le milieu derrière les coulisses
14h10 – 14h35 Olivier Schuwer, doctorant, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
La confession du nymphéa : un portrait de Claude Monet par son motif
14h35 – 15h00 André Dombrowski, professeur associé, University of Pennsylvania,
Impressions for the camera : Monet and Renoir on film
15h00 – 15h25 Discussion
15h25 – 15h50 Pause
Ventes et collections
15h50 – 16h15 Samuel Raybone, doctorant, The Courtauld Institute of Art,
Gustave Caillebotte’s Philatelic Impressionnism : Collecting and the visual Culture of late nineteenth-century France
16h15 – 16h40 Léa Saint-Raymond, doctorante, université Paris Ouest,
Les impressionnistes à contre-courant du marché ? Le musée imaginaire de l’hôtel Drouot (1874-1875)
16h40 – 17h05 Géraldine Lefebvre, attachée de conservation, ville du Havre,
Le Comte C. : un collectionneur méconnu de l’œuvre premier de Monet
17h05 – 17h30 Discussion
Jeudi 8 septembre
Portraits
10h30 – 10h55 Andreas Plackinger, collaborateur scientifique, Bayerische Staatsgemäldesammlungen,
« Portrait de l’artiste en jeune homme » : L’impact de Raphaël sur l’autoportrait d’Edgar Degas
10h55 – 11h20 Greg M. Thomas, professeur, université de Hong Kong,
Les modèles d’identité moderne: la culture classique et la culture populaire dans les portraits impressionnistes d’enfants
11h20 – 11h40 Pause
11h40 – 12h05 Bertrand Tillier, professeur, université de Bourgogne,
Le musée de la caricature de Cézanne
12h05 – 12h30 Discussion
12h30 – 13h45 Déjeuner
Intérieur et décor
13h45 – 14h10 Marine Kisiel, conservateur peinture, musée d’Orsay,
La décoration impressionniste : une ambition moderne au prisme d’un genre pluriséculaire
14h10 – 14h35 Alexandra Fraser, doctorante, université du Michigan – Ann Arbor,
Histories for Ensor’s Interiors
14h35 – 15h00 Discussion
15h00 – 15h20 Pause
Croisements, transmissions, transpositions
15h20 – 15h45 Emily Burns, maître de conférences, Auburn University,
Le musée imaginaire de l’impressionnisme américain. L’idée de tradition aux expositions de 1886 et 1894
15h45 – 16h10 Tatsuya Saito, doctorant, université Paris IV-Sorbonne,
Mary Cassatt et l’exposition d’estampes japonaises de 1890
16h10 – 16h35 Atsushi Miura, professeur, institut d’art et de science, université de Tokyo,
Le musée imaginaire des impressionnistes au Japon à travers les projets de musée dans la première moitié du XXe siècle
16h35 – 17h15 Discussion et clôture du colloque
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