Conférence du GRHAM: « Le jeu de l’art et du hazard : Loteries et circulations d’œuvres d’art dans les anciens Pays-Bas (XVIe-XVIIe siècles) » par Sophie Raux (Paris, 15 novembre 2018)

Conférence du GRHAM: « Le jeu de l’art et du hazard : Loteries et circulations d’œuvres d’art dans les anciens Pays-Bas (XVIe-XVIIe siècles) » par Sophie Raux (Paris, 15 novembre 2018)

Type : Conférence (entrée libre).
Date et horaire : jeudi 15 novembre 2018 à 19h.
Lieu : Paris, Institut National d’Histoire de l’Art, salle Vasari (1er étage).
Pour tout renseignement : asso.grham@gmail.com

Courantes dans les Pays-Bas méridionaux dès le milieu du XVe siècle, les loteries étaient organisées à l’origine par des institutions civiles ou religieuses afin de lever des fonds destinés à des œuvres d’utilité publique. Très tôt, de somptueuses pièces d’orfèvrerie en argent ou en vermeil constituèrent les lots d’appel et matérialisèrent la victoire de la Fortuna.Progressivement, des marchands d’objets d’art et de luxe s’emparèrent du système des loteries, afin d’en exploiter le principe dans un but lucratif. Le succès de ces opérations entraîna leur multiplication ainsi que la diversification des lots à gagner, parmi lesquels œuvres d’art et objets de luxe prirent une place croissante. Peintures, tapisseries, reliefs en albâtre, bijoux, tazze, hanaps, miroirs en cristallin, verreries « façon Venise », clavecins… s’offrirent ainsi à la vue comme le spectacle des richesses à gagner, accessibles à tous selon les caprices du hasard et de la Fortune.

Qu’elles soient institutionnelles ou marchandes, les loteries visèrent un même objectif : rapporter le plus d’argent possible à leurs organisateurs. Dans la mesure où les lots à gagner consistaient en une gamme étendue d’objets d’art et de luxe, les moyens déployés pour les mettre en valeur et stimuler le désir de les posséder ne manquent pas d’intérêt pour qui s’intéresse à l’histoire des marchés artistiques, car ils anticipent bien des principes que l’on retrouvera ultérieurement dans le développement des ventes aux enchères d’œuvres d’art. Jeu de hasard spectaculaire et populaire, la loterie n’a pas moins contribué à nourrir la réflexion morale sur les aléas de la Fortune, l’inconstance de la richesse matérielle, les vicissitudes de la vie humaine, et le Fatum qui occupèrent une place croissante dans l’humanisme chrétien septentrional. Ainsi, la conférence s’intéressera à la vie sociale des objets ayant circulé par le biais de loteries, en privilégiant une double perspective, économique et morale.

Historienne de l’art de la première modernité, Sophie Raux est professeur à l’Université Lumière Lyon 2 et membre du Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA UMR 5190) où elle assure la responsabilité de l’axe Art, Images, Sociétés. Ses recherches portent essentiellement sur l’histoire économique et sociale de l’art et de la culture visuelle des anciens Pays-Bas et de la France. Elle a codirigé les ouvrages Moving Pictures. Intra European Trade in Images XVIth-XVIIIth c. (Turnhout, Brepols 2014) et A perte de vue, les nouveaux Paradigmes du visuel(Dijon, Presses du réel, 2015). Elle a publié récemment Lotteries, Art Markets, and Visual Culture in the Low Countries, XVth-XVIIth c., Leyde, Brill, 2018, dans la collection Studies in the History of Collecting & Art Markets.

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