Conférence : « L’imaginaire de l’âge d’or dans l’Europe de la Renaissance », par Elinor Myara-Kelif (Paris, le 19 avril 2017)

Joachim Wtewael, L’âge d’or, 1605, NY, Metropolitan Museum of Art

Depuis l’Antiquité, l’âge d’or est l’un des mythes les plus présents et les plus répandus dans l’imaginaire collectif occidental. En retracer les évolutions successives permet de mieux comprendre la popularité dont il a joui dans la culture visuelle de la Renaissance.
C’est tout d’abord dans les séries de gravures illustrant les quatre âges de l’humanité, notamment dans les éditions modernes des Métamorphoses d’Ovide, qu’a été mise en place l’iconographie de l’âge d’or, qui connaîtra ensuite une grande fortune dans l’Europe entière. Image ovidienne, bucolique et nostalgique du bonheur originel, ce mythe fut par la suite, notamment par le prisme de la tradition virgilienne, un formidable outil de “propagande” politique. Sa valeur hyperbolique ainsi que sa malléabilité en firent l’un des thèmes favoris de la glorification du pouvoir, temporel comme spirituel : Rodolphe II, les Médicis, les Farnèse, les Valois… autant de cas éclairant la place, le fonctionnement tout comme les manipulations dont ce mythe fut l’objet. Mythe polymorphe, polysémique, l’âge d’or en vint ainsi progressivement à se réduire à un ensemble abstrait de valeurs positives définissant un temps idéal : justice, paix, abondance, amour, harmonie. Ainsi, au travers des topoi qu’il véhicule, l’âge d’or enrichit de toutes ses hyperboles d’autres mythes, jusqu’à devenir un concept.
En mettant en regard les traditions figuratives et interprétatives de l’âge d’or, du XVe au début du XVIIe siècle, et de l’Italie à l’Europe du Nord, cette étude met en exergue la vitalité du mythe et son rôle  dans l’élaboration de l’imaginaire mythologique en Europe. Il en résulte qu’il n’y a non pas un mais des âges d’or ; son unité tient à la place fondamentale qu’il occupe dans l’imaginaire collectif en tant qu’archétype d’une société idéale.

Rencontre du Centre André Chastel
Galerie Colbert, 2 rue Vivienne, 75002 Paris
Salle Ingres (2e étage)
Entrée libre

Cette conférence s’inscrit dans le cadre des Rencontres du Centre André Chastel. Pour la sixième année consécutive, le Centre André Chastel propose un cycle mensuel de rencontres scientifiques, dans des champs variés de l’histoire de l’art médiéval, moderne et contemporain. Conférences, tables rondes et présentations d’ouvrages permettent de faire connaître au public les travaux les plus récents de ses membres et correspondants. Les rencontres du Centre André Chastel seront coordonnées cette année par Sabine Berger (université Paris-Sorbonne) et Stéphane Castelluccio (CNRS).

Ouvertes à tous, elles ont lieu le mercredi de 18h30 à 20h.

Programme des rencontres du Centre André Chastel

 

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