Conférences : Sabine Frommel (La Chaire du Louvre 2020) : « Peindre l’architecture durant la Renaissance italienne » (Paris, du 28 septembre au 12 octobre 2020)
Cinq conférences, du 28 septembre au 12 octobre 2020
par Sabine Frommel, directeur d’études (Histoire de l’art de la Renaissance) à l’École pratique des hautes études-PSL.
Dès l’aube de la Renaissance, la mise au point de la perspective centrale et les tentatives d’appropriation de l’héritage classique ont favorisé le renouveau de la représentation fictive de l’architecture. Cette tradition léguée par l’Antiquité romaine avait connu, sous des conditions certes différentes, un premier essor en Italie à partir de la fin du 13e siècle. La fortune dont cette pratique bénéficia est surtout due à des artistes au profil
polyvalent suscitant des interactions et des glissements entre les genres artistiques. Le « peintre-architecte » recourut à la toile ou la paroi, moins contraignantes que les matériaux de construction, pour expérimenter de nouvelles typologies et de nouveaux langages jusqu’à concevoir de véritables projets d’architecture.
Avec le soutien de Henri Schiller, mécène du musée du Louvre et fondateur du cycle de conférences de la Chaire du Louvre
Programme :
Les origines de l’architecture peinte : des modèles antiques aux innovations de Giotto
La tradition de l’architecture illusionniste, qui animait les intérieurs des demeures antiques par des effets de trompe-l’oeil raffinés, s’était interrompue après la chute de l’Empire romain. Lorsqu’elle connut un nouvel essor dès la fin du 13e siècle, les systèmes politiques avaient imposé d’autres sujets, représentés par des idiomes et des techniques issus de la tradition médiévale. Les seigneuries italiennes, établissant des principautés urbaines de type monarchique, aspirèrent à des formules éloquentes d’autocélébration de leur dynastie et de leur gouvernement.
L’héritage classique et l’impact de la perspective centrale : Leon Battista Alberti, Donatello, Andrea Mantegna
Dans le cadre du renouveau des langages artistiques, la représentation de bâtiments, de ruines, de la ville idéale et de chantiers dans la peinture de chevalet, les fresques, les dessins, les reliefs et les marqueteries a constitué un instrument capital pour la mise au point de formes et de principes inédits.
Raphaël et ses successeurs : un nouveau dialogue entre imagination et construction
Séance suivie de la signature du livre Peindre l’architecture durant la Renaissance italienne par Sabine Frommel.
Sous les pontificats de Jules II et Léon X (1503-1521), tandis que les langages se transformèrent grâce à une connaissance toujours plus précise des vestiges antiques et du traité de Vitruve, l’architecture peinte connut un âge d’or. Stimulés par les monuments de Bramante, témoins d’un nouveau classicisme, et les grands chantiers inachevés (la basilique Saint-Pierre, la cour du Belvédère, le palais Farnèse), Raphaël et ses élèves développèrent un nombre prodigieux de prototypes. Ceux-ci expriment de manière significative les concepts religieux et les revendications politiques des deux pontifes et de leur cour.
À Rome, à partir de la troisième décennie du Cinquecento, les artistes assimilèrent et élaborèrent le vaste éventail de modèles hérités de la Seconde Renaissance italienne, en profitant des progrès dans le domaine de la scénographie de théâtre et de l’architecture éphémère. Intensifié par le sac de Rome en 1527, un mouvement de migration favorisé par des élèves de Raphaël se mit en place vers d’autres centres artistiques de la péninsule.
Affinités et divergences : France, Italie et Flandres
À la fin du 16e siècle et pendant la première moitié du 17e siècle, les architectures fictives profitèrent pleinement des modèles hérités de la Renaissance ainsi que de la prolifération du traité et de la gravure. Les choix au sein de cet ample éventail révèlent des affinités artistiques et culturelles, souvent liées à des besoins de légitimation.
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