Cette journée d’études vise à réfléchir aux liens qui se tissent au cours de la période mentionnée entre la pratique de la peinture murale d’un côté et le travail de restauration et d’étude des peintures médiévales de l’autre.
L’engouement pour les décors médiévaux qui traverse les XIXe et XXe siècles et qui donne lieu en France, comme en Europe, à d’importants travaux de recensement, d’étude et de restauration, marque indéniablement les peintres décorateurs. Le voyage en Italie, voire en Orient, et la confrontation aux fresques et mosaïques exécutées par les maîtres primitifs et byzantins, constituent pour nombre d’entre eux un passage obligé. Ils y élaborent un matériel d’étude susceptible d’alimenter par la suite leur travail. D’autres s’impliquent dans la mise en œuvre d’enquêtes pour le compte de sociétés archéologiques ou participent à la réalisation de monographies, de relevés, de copies ou encore, effectuent des restaurations à la demande d’institutions patrimoniales comme le Service des monuments historiques en France, puis plus tard, le Musée des monuments français.
Parallèlement aux œuvres de l’Antiquité, la réflexion sur les œuvres médiévales (décors muraux, enluminures) est encouragée auprès des artistes par divers canaux : chroniques dans des revues spécialisées, monographies, manuels de théorie et de techniques artistiques, conférences et expositions insistent sur une intelligence du décor et une conception du métier que l’on estime parfois perdues. La littérature artistique participe de plus, à la constitution d’un imaginaire autour de la pratique du décorateur – fortement marqué par le modèle des ateliers d’artistes du Moyen-Âge et de la Renaissance –, qui connaîtra une fortune certaine auprès des peintres, au cours des XIXe et XXe siècles.
Si les bénéfices sur la création de décors de ce « fanatisme archéologique » (Maurice Denis, Théories, 1890-1910) ont été fortement discutés par les artistes et critiques au cours de la période qui nous occupe, celui-ci a pourtant stimulé leurs travaux, ouvrant de nouvelles perspectives théoriques, esthétiques et techniques. Inversement, les préoccupations propres aux artistes ont nécessairement rejailli sur l’exercice du relevé et les doctrines de restauration.
En dépit du regain d’intérêt que rencontre depuis quelques années, l’histoire de la restauration et celle de la réception des peintures murales anciennes (mentionnons les travaux coordonnés par le Centre international de l’art mural et plus récemment par la Cité de l’Architecture et du Patrimoine), et de plusieurs études portant sur quelques figures de peintres décorateurs, l’étude transversale de ces différents domaines demande à être approfondie. La présente journée d’études entend donc stimuler les recherches sur ces aspects. Si la situation en France est privilégiée, des parallèles avec les pays européens, notamment avec la Suisse, sont également les bienvenus.
Pistes envisagées, non exclusives :
– L’archéologie au service de la création : la constitution d’une théorie de la décoration à l’adresse des artistes, ses ambitions, ses supports de diffusion. La place et la perception du décor médiéval dans cette dernière. L’appropriation de ces études par les artistes. La réception des peintures murales contemporaines aux XIXe-XXe siècles : quels décors illustrent le mieux les ambitions d’une synthèse tant souhaitée entre « Tradition » et « Modernité » ?
– Les figures de peintres-restaurateurs-copistes. Qui sont-ils, quel est leur parcours ? Que retirent les artistes de leur expérience de la restauration, comment l’exploitent-ils parallèlement dans leur activité de création ? Le chantier de restauration peut-il être envisagé comme un lieu de formation (favorisant l’acquisition de savoirs techniques, la constitution d’un répertoire décoratif, etc.) ? Inversement, comment les orientations stylistiques d’un artiste marquent-t-elles son travail de restaurateur ? Comment encore intervient-on de façon créative dans un édifice ancien récemment restauré ? Mise en place de concours, de jurys.
– L’expérimentation technique dans la peinture aux XIXe-XXe siècles. La recherche du procédé parfait, stimulée par la redécouverte des techniques anciennes (fresque, peinture à la chaux, détrempe, cire, etc.). Les dialogues qui s’établissent à ce sujet entre artistes et chimistes. L’étude par les artistes des décors anciens et leur relecture des traités médiévaux.
– La circulation des artistes et à travers eux, celle des savoirs et des pratiques. Par exemple, l’émigration des peintres décorateurs italiens en France, apportant notamment leur maîtrise des architectures et décors en trompe-l’œil.
– Les ateliers artisanaux, dans lesquels se perpétuent certaines méthodes de travail et types décoratifs.
Modalités pratiques pour l’envoi des propositions :
Un projet de communication de 3000 signes max. et un CV sont à envoyer d’ici le 1er mai 2015 à Karina.Queijo@unil.ch et Tristana.Ferry@unil.ch
Organisation:
– Karina Queijo, doctorante, Université de Lausanne
– Tristana Ferry, doctorante, Universités d’Aix-Marseille et de Lausanne
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