Appel à communication : « Jeux et enjeux du cadre dans les systèmes décoratifs à l’époque moderne » (Paris, 9-10 mai 2014)

Journées d’études internationales des 9 et 10 mai 2014 à l’Institut national d’histoire de l’art à Paris, organisées par le CHAR (HICSA, Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne), le Centre François-Georges Pariset (Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3) et le GEMCA (Université catholique de Louvain)

Pouvant être considérés comme de véritables systèmes, les décors modernes s’imposent comme un phénomène propre de la pratique artistique, qu’il convient d’étudier comme tel. Le décor atteint en effet entre les XVe et XVIIIe siècles un degré d’élaboration et de complexité tout particulier, multipliant les dispositifs de présentation du discours visuel tout en intégrant les contraintes spatiales imposées par ses supports. Ces journées d’études entendent appréhender l’originalité de ce phénomène à travers la question du cadre. Souvent laissé à la marge des études sur le décor, le cadre en constitue pourtant l’une des dimensions essentielles, qui en conditionne non seulement les modes de perception mais permet aussi d’en comprendre les mécanismes de fonctionnement. En effet, si les systèmes décoratifs sont par excellence, à l’époque moderne, le lieu d’une expérimentation des frontières entre l’espace réel et celui de la représentation, c’est notamment à travers des jeux d’encadrement subtils et variés, que nous aurons à cœur d’explorer au cours de cette rencontre.

Quadri riportati, éléments architectoniques, figures anthropomorphes et hybrides, matériaux feints (tentures, parchemin, cuir, etc.), médaillons, cartouches, et autres guirlandes, sont autant de dispositifs encadrants qui, loin d’être accessoires et gratuits, se chargent d’implications illusionnistes, syntaxiques et sémantiques et participent au rythme et au faste visuel, autant qu’à la mise en scène de la représentation. En effet, en circonscrivant et articulant entre eux des espaces particuliers et des registres discursifs distincts, ils créent des solutions interprétatives qui conditionnent et orientent la perception du discours, ainsi que sa compréhension. Mais si le cadre apparaît comme un élément disjonctif, qui sépare et différentie, il assure aussi la conjonction ou le passage entre les espaces, voire, par un excès de réflexivité et une propension à l’autonomie, il brouille et met en crise la hiérarchie entre les différentes instances. C’est en appréhendant ce déplacement perpétuel des frontières, et les (en)jeux qu’il sous-tend, que l’on s’efforcera de questionner les dispositifs d’encadrement des systèmes décoratifs à l’époque moderne, dans la multiplicité de leurs supports et de leurs médiums.

Autrement dit, il s’agira de comprendre comment le cadre contribue à faire du décor une machine à produire du sens.

Parmi les nombreuses problématiques que soulève cette thématique, nous suggérons quelques axes de recherche, susceptibles d’orienter la réflexion :

– Quels sont les mécanismes propres aux décors permettant de délimiter et d’instaurer un lieu, une image, une représentation graphique ou symbolique ? L’usage particulier de cette limite peut-elle contribuer à définir certaines tendances ou courants esthétiques ?

– En termes de réception, quels sont les artifices employés pour créer une frontière ou un passage entre le décor et son spectateur ? Selon quelles modalités le décor met-il en œuvre des effets de présence et de distance, contribuant par-là à déterminer l’expérience du spectateur ?

– Comment l’ornement du cadre répond-il au principe du decorum, et dans quelle mesure en constitue-t-il une transgression ? Comment la problématique du rapport entre l’ergon et le parergon s’inclue-t-elle dans cette question ? Comment s’articulent les limites et les passages entre ces différents espaces, remettant en cause les hiérarchies traditionnelles de la représentation et créant, de fait, des espaces de liberté et d’autonomie ?

– En quoi le passage entre des médiums et des contextes variés peut-il induire, pour des dispositifs semblables, des lectures diverses répondant à des problématiques spécifiques ? Comment l’utilisation de différents matériaux, réels ou feints, participe-t-elle, à sa manière, des processus d’encadrement, tant d’un point de vue esthétique que symbolique ?

 

Dans la continuité des études qui, depuis les années 60, ont œuvré à problématiser la question du cadre dans les arts visuels, et en s’inscrivant dans le regain d’intérêt actuel pour la question de l’ornemental, cette réflexion devra permettre de porter un nouveau regard sur cet objet essentiel de l’art à l’époque moderne qu’est le décor.

Les propositions de communication, en français ou en anglais, d’environ 300 mots, sont à envoyer avant le 15 octobre 2013 par courrier électronique à l’adresse suivante : cadre.decor.2014@gmail.com

Comité organisateur : Nicolas Cordon, Edouard Degans, Elli Doulkaridou, Caroline Heering

Comité scientifique : Pascal Bertrand, Nicolas Cordon, Edouard Degans, Ralph Dekoninck, Elli Doulkaridou, Caroline Heering, Philippe Morel, Victor Stoichita

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