Avec les mazarinades et les pamphlets, l’écriture ne se borne pas toujours à relater l’événement, elle le crée parfois. Cette faculté caractérise un jeu avec la réalité que l’on trouve dans des libelles qui imitent des documents officiels (arrêts, ordonnances), des situations de communication réelles (harangue, lettres, journaux), ou qui s’offrent comme des fictions allégoriques, des horoscopes ou des courriers burlesques. Ce sont ces multiples rapports texte/ événement que l’on s’efforcera de préciser. Il ne s’agit pas d’interroger ce qui fonde l’événement (cf. P. Veyne, A. Farge), mais de mettre en lumière quelques manières d’écrire ou de peindre ce qui est perçu ou donné comme faisant événement.
Plusieurs pistes sont possibles.
Poétiques, d’abord. Quels rapports établir entre les titres et l’événement ? Comment (dé)montrer que les faits évoqués font événement ? Peut-on repérer des ruptures textuelles (énonciation, formes narratives, registres), ou culturelles (néologismes, parodie…) ?
On pourra étudier les manières de dire et d’interroger le sens d’un événement dans un même texte. Pourquoi certaines mazarinades combinent-elles illustration, poème, et narration pour décrire un même fait, et en quoi la réunion de formes ou de registres différents contribue-t-elle à imposer une interprétation ?
L’événement fictionnalisé : en quoi le prisme des légendes, des mythes, des récits anciens permet-il de comprendre/ de brouiller l’événement ? La perception cyclique de l’Histoire n’entre-t-elle pas en contradiction avec l’expression de l’inouï ?
L’événement emblématisé : comment et pourquoi devient-il « tableau »?
Historiques ensuite. L’on mettra ici l’accent sur les mazarinades bordelaises (écrites, diffusées, lues à Bordeaux ?). Comment en effet ne pas être frappé par l’extraordinaire diversité d’un corpus qui, avec le tome Ier de l’Histoire des mouvemens de Bourdeaux, transcende les frontières génériques ? L’on s’efforcera d’appréhender des critères définitoires opérationnels : une mazarinade bordelaise décrit-elle un événement bordelais et doit-elle être écrite à Bordeaux pour un public bordelais ? En repérant les limites du corpus, l’on s’interrogera sur ses auteurs ainsi que sur les réseaux dans lesquels il s’inscrivait, sans négliger la façon dont leur écriture s’est insérée dans l’historiographie locale.
Les propositions de communication, accompagnées d’une brève notice de présentation de l’intervenant, devront être envoyées à l’adresse suivante avant le 1er février.
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