Journée d’étude : « Objets contagieux » (30 mars 2024, Paris)
Sorbonne Université, amphithéâtre Milne Edwards.
Pourquoi conserver des objets dangereux, qui risquent de contaminer ceux qui les approchent? Il y a dans certaines collections des pièces que l’on estime, à tort ou à raison, contagieuses : on les conserve avec un soin particulier, on veille à leur préservation, ce qui nécessite parfois de les restaurer, mais on ne les détruit pas – on les manipule avec des gants, des pincettes, on s’en protège, on les remise, éventuellement, ou l’on prend garde à la manière de les exposer. C’est ce patrimoine gênant que nous souhaitons interroger.
Il y a différents objets contagieux, et différentes modalités de contagion. La contagion, au sens propre, relève du domaine médical, elle désigne la transmission d’une maladie. Parmi ces objets dangereux, il a les pièces naturelles (corps et restes animaux, matières organiques) qui peuvent receler des virus ou être le lieu de développement de bactéries, ou celles dont la toxicité est le fait de leur procédure de préservation, quand ont été employés des agents chimiques. Au sens figuré, la contagion désigne une influence morale, qui peut être positive, et plus souvent négative : les pièces mises en réserve, ou exposées avec précaution, sont alors considérées comme néfastes, risquant de perturber l’ordre social.
Un objet contagieux peut contaminer, mais il peut aussi ne pas le faire. Qualifier un objet de «contagieux », c’est donc lui octroyer une certaine puissance, non nécessairement active : ce n’est que par le contact qu’il contamine. Nous entendons réfléchir aux différentes pratiques de conservation et de restauration de ces pièces particulières : pourquoi, et comment, prendre soin de ce qui est dangereux ? Qu’est-ce qui justifie cette préservation? Dans les cas où l’on suppose un risque moral, la mise à l’écart est-elle toujours bien fondée ? Quels sont les différents aspects qui déterminent la puissance délétère de certaines pièces ? Interroger la conservation des objets dangereux, ce serait, finalement, interroger leur vitalité, et ce qui justifie de ne pas les condamner à la mort.
Cette journée d’étude prolonge le séminaire du même nom organisé en 2023-2024 à l’École supérieure d’art d’Avignon. Elle s’inscrit dans un cycle de recherches financé par l’Initiative Humanités biomédicales, l’UR3552 de Sorbonne Université et l’École supérieure d’art d’Avignon.
Organisation et responsabilité scientifique :
Alexis Anne-Braun, maître de conférences en esthétique et philosophie de l’art à l’École Normale Supérieure (ENS-PSL), République des Savoirs, UAR 3608 ;
Julie Cheminaud, maîtresse de conférences en philosophie à Sorbonne Université, Centre Victor Basch, UR3552 “Métaphysique, Histoires, Transformations, Actualité”
Morgan Labar, historien d’art, directeur de l’École supérieure d’art d’Avignon, membre associé EA 7410 SACRe (PSL) et UMR 7172 THALIM
Programme de la journée
9h30 : Accueil des participants.
9h45 : Introduction de la journée (Julie Cheminaud, Morgan Labar, Alexis Anne-Braun)
Modération de la matinée : Morgan Labar
10h30 Stéphanie Elarbi : « Les matériaux dangereux dans les collections contemporaines et ethnographiques ».
Pause
11h20 Jens Hauser : « Processus contagieux : Enjeux épistémologiques et pratiques des arts microperformatifs – du métaphorique au métabolique »
12h00 Gaëlle Périot-Bled : « Les gestes de maintenance de Mierle Laderman Ukeles ».
Pause déjeuner
Modération du début de l’après-midi : Alexis Anne-Braun
14H30 : Thomas Constantinesco « Contagion atmosphérique dans The Colour out of Space de HP Lovecraft »
15h10 : Hugo Clémot : « Les objets contagieux ou les germes du scepticisme dans l’horreur épidémique et le gaslight movie ».
Pause
Modération de la fin d’après-midi : Julie Cheminaud.
16h00 Bernard Sève : « De Werther à Erlkönig : transferts et contre-transferts »
16h40 Nathalie Latour : « La céroplastie scientifique et médicale, art méconnu, art taxé d’obsolescence, art disparu… Art en renaissance ».
17h20 Discussion finale.
NB : si vous souhaitez participer à cette journée, il est important d’envoyer un mail à l’adresse suivante avant le 25 mars (julie.cheminaud@sorbonne-universite.fr)
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