Journée d’études : « L’histoire de l’architecture et le grand nombre »

L’histoire de l’architecture est souvent vue comme s’intéressant en priorité à un petit nombre d’élus : architectes célèbres et édifices prestigieux.
Cependant, depuis une quarantaine d’années, elle a considérablement élargi l’éventail de ses objets d’études, ses problématiques et ses sources. Cette évolution correspond, d’une part, à une dynamique interne à la discipline, conjuguée à l’influence d’autres disciplines universitaires et, d’autre part, à l’extension de la notion de patrimoine et au rôle grandissant de celle-ci dans l’identité, l’économie et la gestion des villes. Une de nouvelles manières de faire l’histoire de l’architecture consiste désormais à s’intéresser à des grandes séries d’édifices. On l’a déjà fait autrefois en se focalisant, par exemple, sur les églises d’une époque ou sur la production d’un grand architecte. Mais aujourd’hui, la série en question ne porte pas forcément sur des entités choisies pour leur valeur architecturale. Le choix se veut plutôt exhaustif ou représentatif d’une aire géographique (quartier, ville, région) ou typologique. La définition du corpus devient alors une tâche primordiale qui dépend, entre autres, de la disponibilité de sources. Viennent ensuite les questions méthodologiques liées, à leur tour, à l’importance du corpus (allant d’une centaine d’items à quelques milliers).

La définition de l’archéologie a, elle aussi, évolué. L’archéologie urbaine a investi le bâti, permettant sa mise en histoire sur un temps long, démêlant les phases anciennes, mais aussi modernes et contemporaines. Elle procède d’une part par l’exhumation des vestiges associés à des stratigraphies sédimentaires (fouilles de vastes secteurs à l’occasion des « grands travaux » d’aménagement urbain), d’autre part par le décryptage des processus de reprise et de transformation, et la restitution des états correspondant à des « phases » cohérentes du bâti encore en élévation, quand il est devenu lui-même une stratigraphie. Couplée à la morphologie urbaine, elle fait suivre la dynamique des évolutions et ses critères sur la longue durée, possiblement à l’échelle d’îlots entiers, pour tous les types du bâti, sans exclusion.

Le séminaire du 25 mars devrait permettre de saisir la particularité des études portant sur un grand nombre d’édifices, de rendre compte de leur variété et, éventuellement, de constater ce qu’elles peuvent apporter à d’autres genres d’études.

Journée d’études organisée à l’initiative de Jean-Baptiste Minnaert (InTRu, université François-Rabelais, Tours) et d’Anne-Marie Châtelet (École nationale supérieure d’architecture de Strasbourg), en partenariat avec le European Architectural Historians Network (EAHN) et l’INHA.

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URL de référence : http://www.inha.fr/spip.php?article3508

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