L’art contemporain, modification des pratiques et recherches de légitimité
La conservation des œuvres contemporaines pose d’évidents problèmes qui s’expliquent par l’utilisation de matériaux étrangers aux pratiques traditionnelles comme par l’émergence de voies de création et de disciplines inédites, fondées ou non sur l’emploi de technologies nouvelles.
Au-delà de ces questions certes fondamentales, une oeuvre d’art quelle qu’elle soit ne saurait se résumer à la somme de ses constituants matériels, ni sa restauration se réduire à un simple savoir-faire plus ou moins virtuose ; cette dernière s’est au contraire progressivement définie comme un moment d’étude privilégié et un acte critique dont la préoccupation principale consiste à définir et à respecter l’authenticité du bien dans ses diverses modalités.
Or, depuis les premiers ready-made et les premiers collages, le rapport qu’entretient l’œuvre moderne puis contemporaine avec les matériaux qui la composent a profondément évolué au point de perdre son caractère d’évidence et de mettre en question parfois les critères techniques, déontologiques, voire juridiques qui légitiment des interventions de conservation ou restauration.
Dès lors, quels intervenants pour définir la limite entre intervention légitime et intervention illégitime ? Quelles relations avec les créateurs des œuvres ?
Ces questions fondamentales seront abordées par l’intermédiaire d’études de cas représentatifs et discutées grâce à des interventions théoriques qui permettront d’illustrer quelques grands thèmes propres à la conservation de l’art contemporain :
- à matériaux ou techniques éphémères, œuvre éphémère ? conservation, gestion, documentation, réactivation ;
- l’obsolescence technologique ;
- l’œuvre au-delà de la matière : certificat, concept et protocole ;
- l’évolution du rôle du restaurateur dans la gestion des collections contemporaines ; modalité de prises de décision.
« L’art contemporain, modification des pratiques et recherche de légitimités » est la 5e journée du cycle de rencontres La restauration : connaissance et reconnaissance de l’œuvre d’art, initié par l’université Paris Ouest Nanterre la Défense (équipe HAR), le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF, Paris) et l’Institut royal du patrimoine artistique (IRPA-KIK, Bruxelles), avec le concours du groupe de contact du Fonds national de la recherche scientifique (Belgique) « Historiographie et épistémologie de l’histoire de l’art » (universités de Bruxelles, Liège et Louvain).
Elle est organisée par Gilles Barabant (C2RMF), Thierry Dufrêne (Paris Ouest / INHA) et François Trémolières (Paris Ouest).
Institut national d’histoire de l’art
2, rue Vivienne, 75002 Paris (France)
Salle Vasari, entrée libre dans la limite des places disponibles
4 octobre 2013, 9 h 30 – 18 h
PROGRAMME
9 h 30 Accueil des participants. Introduction
Gilles Barabant (Centre de recherche et de restauration des musées de France) et François Trémolières (université Paris Ouest Nanterre la Défense)
Matinée
Présidence : Marie Lavandier, directrice du Centre de recherche et de restauration des musées de France
10 h Peint, non peint, repeint, dépeint : actualisation et conservation dans l’œuvre de Claude Rutault
Adriana Blendea (restauratrice du patrimoine) et Marie-Hélène Breuil (École supérieure des beaux-arts, Tours), en présence de Claude Rutault
10 h 45 Conservation et obsolescence technologique : de la substitution à l’identique à son impossibilité
Cécile Dazord (C2RMF), Alice Moscoso (Centre Pompidou, Paris), Laure Vidal (restauratrice du patrimoine)
11 h 30 Atelier Boronali pour la préservation de l’art action : enjeux et méthodes
Stéphanie Elarbi et Laurent Prexl (Atelier Boronali, Vitry-sur-Seine)
12 h 15 La restauration et la documentation des œuvres contemporaines : les rapports entre l’artiste et son restaurateur
Véronique Sorano-Stedman, avec Sylvie Lepigeon et Chantal Quirot (Centre Pompidou, Paris)
Après-midi
Présidence : Claire Barbillon, université Paris Ouest Nanterre la Défense
14 h 15 Œuvre éphémère, œuvre précaire, œuvre périssable ou l’Ecclésiaste au musée
Gilles Barabant (C2RMF) et Céline Le Bacon (musée d’art moderne de Saint-Étienne Métropole)
15 h Restauration de l’art contemporain : une conceptualisation au service de la pratique
Nico Broers et Muriel Verbeeck (école supérieur des arts Saint-Luc, Liège)
15 h 45 Réflexions sur une restauration possible d’œuvres dans la nature, à la lumière de la Théorie de la restauration de Cesare Brandi
Gilles A. Tiberghien (université Paris I Panthéon Sorbonne)
16 h 30 Table ronde : Quels acteurs et quelles procédures pour légitimer les interventions ?
Sous la présidence de Dominique Gagneux (conservateur en chef au musée d’art moderne de la Ville de Paris), avec la participation de Nicolas Chardon (artiste plasticien), Aurélia Chevalier (restauratrice du patrimoine), Emmanuel Pierrat (avocat, spécialiste de la propriété intellectuelle).
17 h 30 Conclusions
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