L’exposition « Émile Bernard : au-delà de Pont-Aven », qui a lieu à la galerie de l’INHA du 27 janvier au 14 avril 2012, est l’occasion d’ouvrir un débat sur la place des courants conservateurs et « anti-modernes » dans le paysage artistique français des premières décennies du XXe siècle. Longtemps préoccupée par l’évolution de l’avant-garde dans les ateliers de Montmartre et les galeries commerciales de la rue Lafitte et de la rue Vignon, l’histoire de l’art français commence depuis quelques années à reconnaître la complexité du champ artistique de la période, qui déborde largement l’antithèse schématique opposant novateurs et « pompiers ». Émile Bernard lui-même illustre bien cette complexité. Après un début précoce et audacieux à Pont-Aven, il affiche des opinions artistiques de plus en plus hostiles à l’expérimentation picturale et après 1895 voue sa carrière à un art qui s’inspire de la grande tradition de l’art européen. Bernard est loin d’être unique, et rassemble un petit groupe d’artistes et de critiques sympathisants autour de sa revue La Rénovation esthétique, fer de lance des valeurs traditionnelles, qui fut publiée entre 1905 et 1910.
Il s’agit d’ouvrir le champ pour préciser les enjeux plastiques, critiques et idéologiques qui ont marqué la résistance au modernisme dans de nombreux domaines de l’art – de la peinture aux arts décoratifs, de l’architecture à l’aménagement des jardins. Cette journée d’étude soulèvera des questions sur les rapports entre anti-modernisme et anti-modernité politique, entre tradition dans les arts et identité nationale, entre archaïsme artistique et renouveau catholique. Elle fournira une occasion de mieux connaître les conséquences de ce qu’en 1909 Louis Dimier proclama « le grand retour à l’ordre auquel nous assistons dans le domaine des arts et de l’imagination ».
En prolongement de la journée d’études, une table ronde conduite par Neil McWilliam et Laura Karp Lugo se propose de rassembler des chercheurs en histoire de l’art qui ont commencé à regarder au-delà de l’hégémonie moderniste et à réinterpréter le terrain artistique des années entourant la Première Guerre mondiale. Les participants inscrits viendront expliquer leur démarche et engager le dialogue avec les intervenants de la journée d’études. La table ronde accueillera vingt personnes et aura lieu dans l’après-midi du 29 mars 2012 à l’INHA. Les personnes souhaitant participer sont invitées à envoyer leur sujet de recherches et un court CV à Laura Karp Lugo (laura.karp-lugo@inha.fr).
Programme
9 h 15 Introduction – Neil McWilliam, professeur, Duke University et Laura Karp Lugo, INHA.
Traditions critiques, traditions plastiques
Président de séance : Laurence Bertrand-Dorléac, professeur, Sciences Po
9h30 Étude d’un anti-moderne : les traités esthétiques de Joséphin Péladan (1859-1918) – Fanny Bacot, doctorante, université Paris I – Panthéon-Sorbonne
10h Le discours anti-moderne de Camille Mauclair (1900-1910) : impressionnisme et intimisme au début du xxe siècle – Katia Papandreopoulou, doctorante, université Paris I – Panthéon-Sorbonne
10h 30 Émile Bernard en dialogue avec Jan/Willibrord Verkade, Nabi et moine-peintre de l ́Ecole de Beuron – Annegret Kehrbaum, docteure, Leibniz Universität Hannover
11h Pause
11h 15 L’exposition du Cinquantenaire de la Fondation des Prix du Salon et des Bourses de voyage en 1926 : bilan des traditions – Patrick Absalon, docteur, université de Strasbourg
11h 45 La « renaissance » de la tapisserie et le tournant conservateur des arts du décor en France – Rossella Froissart, maître de conférences, université de Provence Aix-Marseille 1
Pompiers contre avant-gardes?
Président de séance : Bertrand Tillier, professeur, université de Bourgogne, Directeur du Centre Georges Chevrier – UMR CNRS 5605
14h30 Peut-on parler d’une « sculpture pompier » ? – Emilie Martin-Neute, docteure, université Paris IV – Paris-Sorbonne
15h Une esthétique et un engagement anti-modernes ? Maxime Réal del Sarte, sculpteur catholique d’Action française – Dominique Jarrassé, professeur, université Michel de Montaigne-Bordeaux 3
15h30 Pause
15h45 Pro-modernisme, Anti-cubisme : les Débats de Lampué et « pénétration pacifique » – Fae Bauer, professeur, University of East London et The University of New South Wales College of Fine Arts, Sydney
16h15 L’Hommage à Watteau d’André Lhote : pamphlet anti-moderne ? – Claire Maingon, docteure, université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
La journée sera suivie d’une tabLe ronde conduite par neiL McWiLLiaM et Laura Karp Lugo Le 29 Mars à 14h.
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