Rencontre du Centre André Chastel : « Jean-Baptiste-Claude Séné : menuisier de l’Ancien Régime puis de la Révolution », par Elvina Gilles-Guéry, invitée par Jérôme de La Gorce (Paris, le 6 juin 2018)
Cette communication d’Elvina Gilles-Guéry, invitée par Jérôme de La Gorce, se tiendra en salle Ingres (2e étage) de 18h30 à 20h. Entrée libre
Issu d’une dynastie d’artisans du bois, Jean-Baptiste-Claude Séné (1747-1803) sut s’entourer, de mariage en mariage, d’un nombre important de peintres, sculpteurs ou menuisiers. Un tel réseau ne put que favoriser la longévité de sa carrière qui s’explique avant tout par la qualité de son travail, des prix honnêtes mais également par son ambition et sa capacité à entreprendre.
Maître en 1769, Jean-Baptiste-Claude parvint à faire prendre de l’ampleur à sa carrière en s’associant à Louis-Charles Carpentier, menuisier réputé qui livra de grands noms de la noblesse française. La clientèle qu’il lui transmit permit à Jean-Baptiste-Claude Séné une assise dans le métier et très probablement d’être introduit au sein des Menus-Plaisirs en 1781. En effet, la duchesse de Villeroy, cliente de ce menuisier, était très active au sein de cette institution en raison de la position de son père, le duc d’Aumont, Premier gentilhomme de la Chambre du Roi.
L’atelier se développa toujours un peu plus d’autant qu’en 1785 il fut engagé par le Garde-Meuble de la Couronne tout en poursuivant ses livraisons pour les Menus-Plaisirs. Les meubles qu’il fournit en quantité de 1785 à 1792 furent victimes de la dispersion révolutionnaire mais les plus richement sculptés et les plus originaux nous sont parvenus pour la plupart.
La Révolution arrivée, Séné montra un engagement réel au sein du courant révolutionnaire en devenant électeur de la section Bonne-Nouvelle, membre de la force armée de Paris et en étant détenteur d’une carte de sûreté blanche, montrant ainsi une certaine déférence à l’égard du nouveau régime. Manifestement dans les bonnes grâces de ce dernier, peut-être en raison de son appartenance à la franc-maçonnerie, Séné se mit au service du Garde-Meuble national et livra tout à la fois l’administration révolutionnaire et les dirigeants du Directoire. Très certainement influencé par ses confrères, Georges Jacob et Guillaume Benneman, respectivement menuisier et ébéniste, Séné adapta son style à la nouvelle époque et diversifia sa production en devenant aussi ébéniste.
La fin de sa carrière fut un peu moins brillante, les commandes particulières étant moins importantes après cette période troublée. Il mourut grevé de dettes en 1803 non seulement à cause des difficultés financières que la Révolution entraîna pour beaucoup d’artisans mais également en raison de son statut de propriétaire qui le poussa à emprunter pour acquérir et agrandir l’immeuble dans lequel il demeurait.
Le parcours de Jean-Baptiste-Claude Séné fait de lui un menuisier atypique qui, s’inscrivant dans son milieu, sut en devenir l’un des plus renommés.
Rencontre du 6 juin 2018
Centre André Chastel
Galerie Colbert
2 rue Vivienne, 75002 Paris
salle Ingres (2e étage), 18h30-20h
Entrée libre
Cette conférence s’inscrit dans le cadre des Rencontres du Centre André Chastel. Pour la septième année consécutive, le Centre André Chastel propose en 2017-2018 un cycle mensuel de rencontres scientifiques, dans des champs variés de l’histoire de l’art médiéval, moderne et contemporain. Conférences, tables rondes et présentations d’ouvrages permettent de faire connaître au public les travaux les plus récents de ses membres, correspondants et doctorants. Les rencontres du Centre André Chastel seront coordonnées cette année par Sabine Berger (Sorbonne université) et Stéphane Castelluccio (CNRS), assistés de Catherine Prioul (CNRS). Ouvertes à tous, elles ont lieu le mercredi de 18h30 à 20h.
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