Rencontre du Centre Chastel : « Pierre-Charles Trémolières (1703-1739). Un peintre discret au siècle des Lumières » par Anaïs Semour, invitée par Christine Gouzi (Paris, 16 mai 2018)
La carrière de Pierre-Charles Trémolières, qui fut un artiste discret et qui mourut prématurément, n’est pourtant pas sans relief. Elle est à redécouvrir aujourd’hui après l’exposition qui lui a été consacrée à Cholet en 1973. Les cercles dans lesquels il gravita, les protections dont il bénéficia, lui et ses descendants, auprès du comte de Caylus, l’obtention de grandes commandes à Lyon, mais aussi ses réalisations pour l’hôtel de Soubise permettent de renouveler la traditionnelle monographie d’artiste grâce à l’histoire sociale de l’art.
La vie de Pierre-Charles Trémolières est surtout connue grâce aux biographies de Pierre-Jean Mariette et Antoine-Joseph Dézallier d’Argenville. La date de sa naissance n’est pas déterminée de façon certaine. L’Éloge du comte de Caylus rapporte qu’il fut formé à ses débuts dans l’atelier de Jean-Baptiste Van Loo. Par la suite Pierre-Charles Trémolières passa six années, de 1729 à 1735, comme élève de l’Académie de France à Rome. Il y côtoya François Boucher, Carle Van Loo ou encore Michel-Ange Slodtz et Edme Bouchardon. Mort prématurément en 1739 à Paris, Pierre-Charles Trémolières a laissé des œuvres essentiellement décoratives. On relève ainsi, outre une série de tableaux d’autels réalisés pour des églises et des ordres religieux lyonnais, deux ensembles de dessus-de-porte, (l’un est encore en place à l’hôtel de Soubise à Paris, et l’autre est conservé au musée d’Art et d’Histoire de Cholet, sa ville natale) pour lesquels il fut le plus souvent reconnu. Ce sont les années parisiennes, de 1736 à 1738, qui permettent de mieux caractériser son œuvre. L’artiste a alors entre trente-trois et trente-six ans, et son évolution au cours de ces trois dernières années fut rapide. Ses compositions légères, aux formules picturales élégantes et aux accords délicats de couleurs, firent apparaitre les influences subtiles de François Lemoyne ou de François Boucher.
La difficulté à identifier ses œuvres ou à le situer sur la scène artistique du XVIIIe siècle est certes reliée à sa mort prématurée, mais peut aussi découler de sa situation sociale et familiale peu habituelle et de ses origines assez mystérieuses. Il n’est pas issu d’une grande famille d’artistes et son long séjour romain, en tant qu’élève à l’Académie de France à Rome, qui ralentit sans doute sa production, est une circonstance essentielle de l’interprétation de son œuvre entier.
Rencontres Mercredi 16 Mai 2018
Centre André Chastel
Galerie Colbert
2 rue Vivienne, 75002 Paris
salle Ingres (2e étage), 18h30-20h
Entrée libre
Cette conférence s’inscrit dans le cadre des Rencontres du Centre André Chastel. Pour la septième année consécutive, le Centre André Chastel propose en 2017-2018 un cycle mensuel de rencontres scientifiques, dans des champs variés de l’histoire de l’art médiéval, moderne et contemporain. Conférences, tables rondes et présentations d’ouvrages permettent de faire connaître au public les travaux les plus récents de ses membres, correspondants et doctorants. Les rencontres du Centre André Chastel seront coordonnées cette année par Sabine Berger (Sorbonne université) et Stéphane Castelluccio (CNRS), assistés de Catherine Prioul (CNRS).
Ouvertes à tous, elles ont lieu le mercredi de 18h30 à 20h.
Programme des Rencontres du Centre André Chastel 2017-2018
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