Conférence d’Anne Lafont dans le cadre du séminaire Arts & société : « Sonorités, ou l’alternative au motto de 1789 : liberté, égalité, fraternité ».
Il est au moins deux registres où la question de la sororité peut faire sens dans un séminaire consacré à la passion égalitaire de la société post-révolutionnaire et de ses implications dans la vie culturelle. La sororité des arts, de la peinture et de la poésie, fut le leitmotiv de la théorie artistique à l’époque moderne. De même, le sort public des femmes engagées dans la création fut autant considéré, pendant la Révolution française, par les femmes artistes que par les femmes de lettres, à l’instar de Germaine de Staël, qui n’est pas étrangère, d’ailleurs, à la constitution de la pensée tocquevillienne. Par ailleurs, la sororité désigne le processus de communautarisation des artistes femmes en 1800, face au tout masculin initié par la société révolutionnaire des clubs et des assemblées, comme l’ont bien montré les nombreux travaux sur le genre depuis le livre pionnier de Geneviève Fraisse, Muse de la Raison Démocratie et exclusion des femmes en France (1989). Néanmoins, nombreuses furent celles qui saisirent l’opportunité de l’abolition de la censure à l’exposition publique annuelle du Louvre : le Salon, en 1791, pour investir l’espace public de la création et risquer la professionnalisation à une époque de redéfinition radicale du marché de l’art, de la commande privée et de la commande publique. En un mot, ces femmes artistes s’employèrent à suivre des stratégies de subsistance à un moment d’instabilité, où les rivalités entre artistes, en général, s’étaient accrues. Quelles furent alors les solutions imaginatives de ces sœurs de plumes et de pinceaux ? En quoi leurs expériences inaugurales forment un paradigme propice à comprendre l’avènement de l’artiste moderne ?
Le séminaire Arts & société est dirigé par Laurence Bertrand Dorléac.
Sciences Po, salle de conférences, rez-de-chaussée
56 rue Jacob
75006 Paris
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