Victor I. Stoïchita : L’œil mystique. Peindre l’extase dans l’Espagne du Siècle d’Or

Victor I. Stoïchita : L’œil mystique. Peindre l’extase dans l’Espagne du Siècle d’Or,
(collection : Les marches du temps), Paris : Le Félin, 2011.

Présentation du livre :
La plupart des mystiques sont d’accord sur le fait que la rencontre avec le transcendant est, dans son essence, ineffable, inénarrable, irreprésentable, ce qui n’empêche pas que la culture occidentale dispose d’innombrables textes littéraires et d’autant d’œuvres d’art qui en parlent. Il s’agit de textes paradoxaux et d’images problématiques puisqu’ils représentent ce qui, a priori, ne peut être ni vu ni représenté. C’est justement le grand défi de la « représentation de l’irreprésentable » que ce livre aborde. La peinture espagnole du xvie et du xviie siècles fournira la plupart des exemples, mais l’enjeu de cette recherche est plus vaste. Il s’agit, en fait, d’aborder un cas extrême de la représentation picturale, dans un espace géographique limité mais sur une toile de fond très ample. Cette toile de fond est constituée, d’un côté, par l’art occidental de la même époque et, de l’autre, par la spiritualité de la Contre-Réforme, qui redécouvre le rôle de l’imaginaire dans l’exercice de la foi.
Considéré dans ce contexte, l’exemple de l’Espagne est à plusieurs titres instructif. Les caractéristiques fondamentales de l’imaginaire occidental s’y trouvent, indéniablement, poussées à leurs limites. Marquée d’abord par l’art des «Primitifs flamands» et, dans un second temps, par le maniérisme et le baroque italiens, la peinture espagnole cristallise un langage propre, ouvertement médité, à partir d’une assimilation assez tardive de solutions inventées ailleurs. On pourrait dire, en simplifiant, que la peinture espagnole atteint l’originalité non par ses inventions, mais par ses élaborations. Étant un art d’« élaboration », l’art espagnol sera également un art où toute nouveauté sera soumise à une grille interprétative presque obligatoire. Passionnée et cérébrale en même temps, Ia peinture espagnole offre ainsi un terrain extrêmement riche pour des recherches concernant les données théoriques de la représentation.
L’objectif de ces peintures était d’inspirer la piété chez le fidèle, sous le contrôle de l’Eglise qui vérifiait rigoureusement la nature des visions qu’il était permis de rendre publique. Pour toutes ces raisons, la peinture religieuse du 17e espagnole se révèle être plus qu’un catalogue des visions, le développement d’une organisation d’un code des figures extatiques. A cet égard l’œuvre de Velasquez, du Greco, de Zurbaran et Ribalta en sont des sommets de cette problématique.

L’auteur
Victor Stoïchita est professeur ordinaire d’histoire de l’art moderne et contemporain à l’Université de Fribourg. Il intervient dans les plus prestigieuses institutions d’enseignement supérieur, notamment les universités de Madrid, de Jérusalem, de Bologne, Harvard, Göttingen, Francfort, Santiago de Chili, à l’Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris ou encore au Collège de France.
Parmi ses dernières publications, traduites en plusieurs langues, figurent : L’instauration du Tableau. Métapeinture à l’aube des Temps Modernes (Droz, Genève, 1999); Brève histoire de l’ombre (Droz, Genève, 2000); Goya. The Last Carnival (Reaktion Books, Londres, 1999); L’Effet Pygmalion (Droz, 2008).

La première édition de Visionary Experience in the Golden Age of Spanish Art, parue chez Reaktion Books en 1995. Le Félin publie ici la première édition en langue française, augmentée de deux chapitres totalement inédits.

tarif : 35 € TTC
date de parution : le 4 Novembre 2011
n° ISBN : 978-2-86645-763-1
nombre de pages : 368

Source : présentation du livre sur le site de l’éditeur (qui offre  la possibilité de lire un chapitre et d’avoir la table des matières)

 

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