Corps troublants. Images et imaginaires dans la première modernité
1. Dynamiques et configurations corporelles
Workshop au Centre A. Chastel – Galerie Colbert, 2 rue Vivienne 75002 Paris (2 étage)
Salle Ingres – 19 janvier 2018, 10h-18h
Première rencontre du cycle Corps troublants. Images et imaginaires dans la première modernité organisé par Francesca Alberti (CESR /Université François-Rabelais, Tours) et Antonella Fenech Kroke (Centre André Chastel/CNRS). Le workshop a reçu le soutien du GIS Humanités.
Corps renversés, membres contorsionnés, visages grimaçants, organes et orifices exhibés, émanations et bruits incontrôlés, autant de manifestations corporelles qui perturbent et créent un sentiment de malaise, une anxiété. Qu’ est-ce qui cause ce trouble ? D’ où vient-il ? A-t-il toujours été de la même nature à travers le temps ? Est-il ressenti de la même manière dans d’autres cultures que la nôtre ? Mises à distance ou au contraire exacerbées,voire sublimées dans les images par les processus de représentation, ces expressions troublantes du corps – d’un corps toutefois reconnu comme « semblable » au sien – émergent souvent du contraste avec une conception idéalisée du corps, à la fois corps-objet-organique et corps-sujet-intentionnel (Marzano), pensé comme idée historique et comme acteur de toutes les utopies, constamment refaçonné et transfiguré par les constructions culturelles des sociétés (Foucault). Les images se chargent alors d’une agressivité, d’un pouvoir de provocation, d’une tonalité obscène, risible ; elles deviennent parfois elles-mêmes déroutantes, voire dégoûtantes en jouant sur des configurations, des gestes, des postures et des mouvements « inacceptables » (indécents, in-tenables, in-sensés, non-naturels, a-normaux, etc.) du corps. Par ailleurs, le morcellement, la dispersion, la perméabilité et la porosité du corps, opposés à la représentation de son intégrité idéale et univoque, ont pu susciter une aversion et un trouble.
Au-delà de l’inquiétante étrangeté que provoquent l’altérité, la difformité, l’hybridité ou encore la maladie du corps – toutes problématiques qui ont fait, depuis quelques années, l’objet de nombreuses recherches –, ces workshops invitent à penser de quelle manière la culture visuelle de la première modernité élabore des configurations par lesquelles le corps « semblable » devient troublant, à vérifier comment le regard pré-moderne perçoit ce trouble et, enfin, à se demander si ce regard historiquement défini diffère du nôtre. Il s’agira ainsi de réfléchir à la perception à la fois de ce qu’est un corps troublant dans des contextes culturels, sociaux et religieux spécifiques (Europe, Nouveau Monde…), et aussi à la construction et à la réception de dispositifs visuels et formels qui transforment un corps « semblable » en un objet déconcertant jusqu’à en devenir menaçant. Trouble et menace viendraient-ils de l’altération d’imaginaires et de normes culturelles inscrites dans le corps même ? Ou encore de la perversion des critères esthétiques et éthico-moraux de la représentation ?
Programme
I. Dynamiques et configurations corporelles
10h-13h
Introduction – Francesca Alberti (CESR/Université François-Rabelais, Tours)et Antonella Fenech Kroke (Centre André Chastel/CNRS)
Images troublées et corps troublants dans la série des Péchés (1557-1558) de Pieter Bruegel – Michel Weemans (École nationale supérieure des beaux-arts, Bourges)
Vues déroutantes et comiques du postérieur – Francesca Alberti
Le lapidaire de Montaigne : « subjection graveleuse » et corps excrémentiel – Dominique Brancher (Université de Bâle)
Imiter, détourner, hybrider : le corps de l’image polémique – Martial Guédron (Université de Strasbourg)
14h30-18h
« Crocifissi scontrafatti » : configurations troublantes du crucifix et géographies du regard dans l’Europe pré-moderne – Chiara Franceschini (Ludwig-Maximilians-Universität München)
Un cas moderne d’agalmatophilie : le trouble érotique que suscite l’Aurore de Michel-Ange – Lise Wajeman (Université Aix-Marseille)
Clitoridis excrescentia, à savoir comment retrancher l’inutile développement – Concetta Pennuto (CESR/Université François-Rabelais, Tours)
Gender fluidity and the Baroque gaze – Harald Hendrix (Royal Netherlands Institute, Rome)
Répondants : Giovanni Careri (CEHTA/EHESS) et Antonella Fenech Kroke
Programme: Val 3- Programme Corps troublants
Affiche: val 3- affiche corps troublants
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