« Du corpus à l’exégèse : interpréter la peinture du XVIIe siècle en France, entre provinces et capitales européennes », est le titre générique d’un cycle de trois colloques, organisé entre 2014 et 2016, par l’Université de Rouen (GRHis) et ses partenaires, avec le soutien de Rouen-Métropole.
Ces rencontres rassemblent des intervenants – doctorants ou universitaires confirmés – dont les travaux portent sur des études de cas exemplaires envisagés dans le cadre d’une approche interprétative : théories et pratiques anciennes de l’interprétation ; questions iconographiques et iconologiques ; approches contextuelles interdisciplinaires ; lectures plus théoriques d’ordre herméneutique ou exégétique s’interrogeant, notamment, sur les questions liées à l’intentionnalité ou à la réception. Les situations régionales sont considérées avec attention, mais dans une prise en compte, obligée au XVIIe siècle, des interactions permanentes entre provinces, Paris, mais aussi grandes capitales européennes (de Rome à Anvers via Madrid ou Londres), entre lesquelles pouvaient se déplacer œuvres et artistes français ou étrangers œuvrant en France.
Après un premier volet qui a pris place à Rouen en novembre 2014 et portait sur les sources interprétatives et les modes interprétatifs historiquement attestés (« Historiciser l’interprétation ? Protocoles et sources de l’interprétation au XVIIe siècle »), le second volet intitulé « Trajets de l’interprétation » (voir ci-dessous), se déroulera en décembre prochain à Rouen. Le dernier volet, en 2016, portera sur « Les fins de l’interprétation – Construire le sens ; Suffisance et insuffisances du sens). L’ensemble des actes donnera lieu à publication.
Les propositions, concernant les journées de décembre 2015, sont à adresser avant le 15 mai 2015 à : f.cousinie@orange.fr
Ce projet est réalisé dans le cadre d’un partenariat et d’un comité scientifique élargi où ont été associés universitaires et conservateurs, l’Institut national d’histoire de l’art, l’Institut allemand d’histoire de l’art et l’Académie de France à Rome.
Comité scientifique élargi : Olivier Bonfait (Université de Dijon) ; Michèle-Caroline Heck (Université Paul Valéry, Montpellier) ; Marianne Cojannot-Leblanc (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense) ; Emmanuelle Hénin (Université de Reims) ; Pierre Ickowicz (Musée de Dieppe) ; Pascal Julien (Université de Toulouse-Le Mirail) ; Guillaume Kazerouni (Musée de Rennes) ; Thomas Kirchner (Centre allemand d’histoire de l’art, Paris) ; Annick Lemoine (Académie de France à Rome) ; Anne Le Pas de Sécheval (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense) ; Jacqueline Lichtenstein (Université de Paris IV) ; Philippe Luez (Musée de Port-Royal) ; Alain Mérot (Université de Paris IV Sorbonne) ; Colette Nativel (Université de Paris I) ; Véronique Meyer (Université de Poitiers) ; Nicolas Milovanovic (Musée du Louvre) ; Bruno Nassim Aboudrar (Université de Paris III) ; Patrick Ramade (Musée de Caen) ; François Trémolières (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense) ; Hendrik Ziegler (Université de Reims).
« Trajets de l’interprétation » (Rouen, 10-11 décembre 2015)
Argument
L’interprétation peut, de façon originaire, être comprise avant tout comme relations et trajets : ceux d’Hermès en tant qu’herméneute fondateur.
L’interprétation serait ainsi mise en rapport d’une œuvre non seulement avec d’éventuelles « sources » textuelles et visuelles (question abordée lors du premier colloque de 2014), mais également : avec elle-même, dans un nécessaire « retour à l’œuvre » ; avec le contexte matériel, perceptif et conceptuel plus ou moins étendu qui est le sien et qui la constitue ; avec un certain nombre d’acteurs qui suscitent, produisent ou reçoivent l’interprétation.
Nous privilégions, pour ces journées, deux directions possibles de recherche.
A/ L’œuvre comme lieu et forme d’interprétation
Revenir à l’œuvre serait reconduire à une lecture interne de celle-ci : de la critique génétique et de l’étude du processus créateur (intégrant études matérielles et techniques), à l’analyse de l’ensemble des éléments et de l’organisation en réseaux des différents signes, motifs, thèmes.
Ce serait aussi s’interroger sur ce qui inquiète nécessairement la détermination même de l’œuvre à interpréter :
– L’unité même qui est celle de l’interprétation : un tableau déterminé ou bien un ensemble d’œuvres dont la démultiplication transforme l’interprétation ? Pensons au cas des pendants, des cycles, des copies, des variantes, des réinterprétations successives, ou encore des gravures de reproduction et de leur diffusion dans une perspective quantitative mise au service de l’interprétation ;
– Le contexte matériel et spatial dans lequel l’œuvre, ou un ensemble d’œuvres, se livre à la perception et à l’interprétation : tableau intégré dans une structure monumentale, contexte spatial originaire ou ultérieur, effets négatifs ou positifs de la décontextualisation muséale, transformations matérielles de l’œuvre par le temps, les dégradations, etc. ;
– Le statut (« haut » ou « bas »), le genre (de la peinture d’histoire narrative à la nature morte, la peinture de genre ou de paysages « sans sujet » mais pas pour autant sans sens), les catégorisations possibles (peinture profane, peinture sacrée), dont relève l’œuvre étudiée et qui suscitent là encore des modes et des niveaux d’interprétation distincts.
B/ Les acteurs comme vecteurs de l’interprétation
Nombre d’acteurs sont impliqués dans la production, la réception, la création, recréation ou transformation du sens par l’interprétation, et en premier lieu le couple auteur(s) (ou le réseau d’intervenants) / commanditaire(s).
Quelles relations établir, notamment, entre œuvre et « programme » dans le cas du destinataire ; ou bien entre œuvre et « biographie » de l’auteur, son « intériorité », sa « subjectivité », ou, en termes plus modernes, son « intentionnalité » : qu’elle soit réelle, fictive, déclarée, consciente ou non. Le travail second de l’interprète serait-il ainsi simple mise au jour de l’interprétation antérieure qui est donnée comme étant celle de l’artiste ou du commanditaire ? Ou bien est-elle interprétation d’interprétation, articulation d’interprétations successives ?
Au-delà de ce couple fondateur, en quoi et comment le « spectateur », le « public » (actuel, à venir, idéal, de quel milieu, avec quel accès possible à l’œuvre ?), reçoit-il ou contribue-t-il à élaborer, dans une « lecture créative », la signification ?
Ce sont ici toutes les questions, désormais communes, liées à la réception de l’œuvre, à son horizon d’attente effectif ou implicite, à l’habitus, à la mentalité ou vision du monde d’une époque, etc. Il pourrait s’agir, plus précisément, de revenir sur « l’équipement », les compétences et les circonstances matérielles et perceptives, culturelles, morales, intellectuelles, qui rendent aptes à recevoir ou rejeter, interpréter, utiliser, une œuvre.
Sans doute faudrait-il aussi prendre en compte les différents niveaux et hiérarchies de sens ; leur possible extension (c’est la possibilité d’une généralisation, d’une exemplarité) ; la variabilité de la signification à la fois sociale, temporelle, géographique. Mais aussi les variations liées aux différents statuts des images, voire à la polysémie, à l’indétermination, aux concurrences, à l’ouverture, sinon à l’infinité du sens d’œuvres dont la fonction serait moins référentielle (informer sur, renvoyer à, dénoter ou connoter), que poétique (ouvrir sur).
« Du corpus à l’exégèse : Interpréter la peinture du XVIIe siècle en France, entre provinces et capitales européennes »
2/3 – Trajets de l’interprétation (Rouen, 10-11 décembre 2015)
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.