Appel à communication : « ‘Embellir & enrichir’ : rôles de l’ornement dans les décors de la Renaissance, XVe-XVIe siècles » (Université de Lausanne, 9-10 décembre 2022)

Longtemps sous-estimé en raison du caractère purement décoratif qui lui a été prêté, l’ornement s’est imposé depuis une quinzaine d’années comme un champ d’étude à part entière au sein de l’histoire de l’art (Perspective, « Ornement/Ornemental », 2010). Le renouveau des recherches sur le décor s’est accompagné d’une multiplication des prises de positions méthodologiques et de l’apparition de nouveaux concepts. Témoignant de ce tournant historiographique, l’ornement renaissant est devenu un sujet de recherche fécond, susceptible d’enrichir notre connaissance des pratiques artistiques de la première modernité.

Situé au carrefour de techniques multiples, et donc propice aux avancées méthodologiques et aux échanges interdisciplinaires, l’ornement de la Renaissance a récemment été le thème de plusieurs colloques et journées d’études. Parmi eux, certains se sont intéressés à sa place dans le changement de goût vers les formes classiques (L’ornement, signe de modernité ?, 2009 ; La passion de l’ornement à la Renaissance, 2013), d’autres ont souligné son rôle dans l’apparition de nouveaux programmes architecturaux ou picturaux, et réaffirmé ses liens avec la rhétorique (Questions d’ornements, XVe-XVIIsiècles, 2009-2012 ; Le metamorfosi dell’ornamento : nuove prospettive interpretative tra storie, arte e design, 2014 ; Éphémère et pérenne : l’ornementation végétale dans les décors de la Renaissance, 2014 ; Décor et architecture (XVIe-XVIIIe siècle) : entre union et séparation des arts, 2016-2017). Ses fonctions dans la mise en ordre de la représentation ont parallèlement été interrogées, en particulier lors des journées Jeux et enjeux du cadre dans les systèmes décoratifs à l’époque moderne en 2014, et Unir en divisant : le (s)partimento dans le décor de la Renaissance en 2019.

Dans le sillage de ces manifestations, le présent colloque a pour ambition d’approfondir les pistes de réflexion sur l’ornement à la Renaissance en interrogeant les différents rôles tenus par celui-ci dans les décors des XVe et XVIsiècles en Europe. L’attention portée à des techniques et des supports variés (architecture, livres, céramique, orfèvrerie, tapisserie, vitrail, etc.) permettra d’appréhender les similitudes et les différences des usages, fonctions et sens de l’ornement selon les domaines artistiques.

Les participants pourront orienter leur communication autour des pistes suivantes (auxquelles d’autres pourront néanmoins s’ajouter) :

La commande de l’ornement. L’ornement est très rarement mentionné dans les marchés alors même qu’il occupe une place substantielle dans les œuvres. Était-il l’objet de demandes précises et d’une surveillance soutenue de la part des commanditaires ? À quel stade de la réalisation intervenait sa commande ? Quelle liberté était accordée à l’exécutant ?

L’ornement et son support. Les relations entre l’ornement et son support doivent être conçues en termes dialectiques : de leur interaction résulte une tension et non une subordination. Se pose dès lors la question des liens entre une structure et son décor, et celle du rôle de l’ornement dans la conception d’une œuvre. Selon les domaines étudiés, les interrogations pourront porter sur l’adaptation des motifs au support et inversement, de même que sur les changements de composition entraînés par le nouveau répertoire ornemental, depuis les espaces hérités du gothique accueillant ces motifs jusqu’aux nouveaux champs décoratifs. La variété de l’ornement contribue en effet à l’esthétique de l’œuvre, à son « embellissement », et cette dernière lui offre en retour un cadre, à respecter ou à dépasser, entre contrainte et épanouissement.

L’ornement et son contexte. Dans le champ des études médiévales et modernes, des recherches récentes ont démontré que l’ornement peut répondre à des intentions figuratives précises, en accord avec le contexte dans lequel il s’inscrit (église, palais, mobilier, objet du quotidien) et en lien avec le cadre politique et spirituel de sa réalisation. De l’espace privé à l’environnement urbain ou religieux, autant pour le pérenne que l’éphémère, les pratiques décoratives de la Renaissance peuvent ainsi être reconsidérées à la lumière de la convenance entre des contextes singuliers et des thèmes iconographiques ou des motifs ornementaux a priori sériels.

Le statut de l’ornement. En règle générale, les motifs cessent d’être considérés comme des ornements dès qu’on leur attribue un sens iconographique ou symbolique (Grabar, 2010). Mais cette conception était-elle opérante aux XVe et XVIe siècles ? Existait-il une véritable distinction entre ornement et décor ? Comment ceux-ci étaient-ils considérés dans le contexte culturel européen de la Renaissance (littérature, théâtre, poésie, traités d’architecture) ? Dans quelle mesure ornement et image différaient, fusionnaient ou s’apparentaient l’un à l’autre ?

Les fonctions de l’ornement. Une place importante sera réservée à la question des fonctions de l’ornement. Celles-ci peuvent être formelles et/ou symboliques et donc relever de la signification, d’un « enrichissement » donnant plus de valeur par de multiples biais. Le décor pourra ainsi être envisagé comme un signe distinctif ou un médium éloquent visant à être remarqué et à délivrer un message, par exemple à travers des motifs voulus comme des supports de méditation dans les églises ou à travers l’image du commanditaire apposée sur sa demeure. Dans ce cadre, les communications sur le visage et le corps en tant qu’ornements s’inscriront dans le contexte-clef du développement d’un nouvel intérêt pour l’individu et pour sa projection dans les arts et la littérature des XVe et XVIsiècles.

 

Modalités pratiques :

Les propositions de communication, d’une longueur de 300 mots, sont à envoyer avant le 20 août 2022 à Sarah Munoz (sarah.munoz@unil.ch) et Jean Beuvier (jean.beuvier@gmail.com). Elles résumeront la communication et seront accompagnées d’un bref CV et d’une liste de publications. Elles seront soumises à l’évaluation du comité scientifique.

Les communications, données en français, anglais, allemand, italien ou espagnol, dureront 30 minutes et pourront s’inscrire dans tous les domaines de l’art. Les présentations à plusieurs voix sont acceptées. L’Université de Lausanne prendra en charge les frais de déplacement et d’hébergement et le colloque donnera lieu à une publication.

 

Organisation scientifique :

– Sarah Munoz, Maître-Assistante en histoire de l’art moderne, Université de Lausanne

– Jean Beuvier, Docteur en histoire de l’art, Université de Tours/Centre d’études supérieures de la Renaissance (CESR)

 

Comité scientifique :

– Marion Boudon-Machuel, Professeure d’histoire de l’art moderne (Université de Tours/Centre d’études supérieures de la Renaissance)

– Pascal Julien, Professeur d’histoire de l’art moderne (Université Toulouse-Jean Jaurès)

– Christian Michel, Professeur d’histoire de l’art moderne (Lausanne, Université de Lausanne)

 

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