Les bases de données iconographiques en ligne. Un aperçu de la situation en Allemagne
Avant de jeter un regard sur la situation des services numériques en ligne utiles à l’histoire de l’art en Allemagne, il faut, d’emblée, remarquer que, comparé à la France, la situation est tout à fait différente, et cela en premier lieu en raison des circonstances politiques. En Allemagne, nous ne disposons ni d’une tradition établissant des normes nationales ni d’institutions centrales s’occupant des affaires culturelles – à la seule exception, peut-être, de la Bibliothèque Nationale qui est chargée d’enregistrer tous les livres et toute la presse écrite parue en Allemagne. Il n’existe donc pas d’institution centrale, mandatée et financée par la République fédérale se dédiant à la documentation iconographique des œuvres d’art et d’architecture en Allemagne, car la souveraineté dans le domaine culturel revient par principe aux Länder.
La conservation des biens culturels étant l’affaire des Länder, ils sont également responsables de l’inventaire et de la documentation. Tout d’abord, il semble entièrement justifié que la compétence soit répartie entre les différents services administratifs locaux, lorsqu’ils s’agit d’objets uniques, que l’on trouvera – et ceci à la différence des livres – en un seul lieu, ou qui sont même des objets immobiles comme les bâtiments et les monuments historiques. Pourtant cette compétence exclusive peut être mise en question pour ce qui est des possibilités qu’offre le traitement des données informatiques concernant le catalogage et la publication des données et des images sur Internet. Il faudrait accepter que ces nouvelles possibilités d’information ont créé de nouvelles exigences et intérêts et une nouvelle dynamique de demande d’information pas seulement dans une communauté plus ou moins locale, mais aussi en dehors d’une région et de plus en plus souvent aussi sur le plan national et international. Les administrations existantes, il faut le dire, ne peuvent satisfaire à ces demandes que de manière très limitée.
Bases de données locales – le secteur des administrations des monuments et des musées
Dans le secteur de la conservation du patrimoine, de l’administration des monuments et sites historiques, le fédéralisme culturel est évident : chacun des seize Länder de la République fédérale d’Allemagne soutient une administration particulière pour la conservation et l’administration des monuments historiques, et chacun d’eux entretient une documentation des monuments plus ou moins élaborée, conservant également des documents iconographiques. Néanmoins ces documentations concernent uniquement les collections du Land en question, et le plus souvent elles ne sont pas accessibles au public. Même si les conservateurs s’organisent dans la « Vereinigung der Landesdenkmalpfleger », cette société n’est qu’une association très informelle et sans mandat politique. Sur le plan de la documentation, on ne reconnaît aucune initiative visant à une coopération. Étant donné que les administrations du patrimoine s’engagent sur le plan local et régional, et remplissent une fonction plutôt pratique, elles n’ont pas grand intérêt à collecter et distribuer des informations au service d’une communauté scientifique.
Toutefois, certains Länder ont commencé à publier du matériel documentaire iconographique, ou même, comme dans le cas de la Bavière, ont développé un portail Internet donnant accès aux listes officielles des monuments historiques, où l’on peut trouver un certain nombre de données et d’images. Ce portail est accessible sous le titre de « Bayern-Viewer Denkmal » http://www.geodaten.bayern.de/tomcat_files/denkmal_start.html. En consultant ce site, vous voyez dans la première fenêtre une carte topographique situant les monuments historiques, non seulement les bâtiments, mais aussi les monuments enterrés dans le sol (« Bodendenkmäler »). Vous pouvez cliquer sur les lieux marqués en couleur et obtenir dans une nouvelle fenêtre une fiche contenant les informations de l’objet et quelques photographies à petite résolution. L’utilisation de ce portail est fastidieuse. Il est peu utile pour la recherche scientifique, et ne se prête pas à l’enseignement.
En ce qui concerne la documentation des œuvres d’arts conservées dans les musées, la situation est aussi problématique. Même si les musées ont évidemment commencé à entretenir des bases de données pour la gestion de leurs collections, ce sont surtout des solutions locales. Ce secteur ne dispose pas non plus de portail central exploitant les œuvres d’arts conservées dans les musées de manière systématique, par des textes et des images. Cependant, nous disposons d’un portail important et géré professionnellement, celui des Musées du patrimoine culturel prussien, « Bildportal preußischer Kulturbesitz » (BPK), ayant l’ambition de fournir une base de données destinée à la présentation des œuvres de musées d’art nationaux et de l’étranger : http://bpkgate.picturemaxx.com/webgate_cms/
On accède en ligne à une base de données entretenue de manière entièrement professionnelle. Le système peut être utilisé pour la recherche iconographique, mais surtout il est conçu à des fins commerciales en tant que système dédié à la recherche et la commande de reproductions d’œuvres d’art.
Cette double orientation correspond tout à fait au statut des musées d’art qui sont représentés dans ce site. Ceux-ci se considèrent à la fois comme des institutions publiques et comme des acteurs du marché des produits culturels. Ce comportement, il faut l’admettre, est souvent imposé aux musées par les administrations politiques qui leur demandent de réaliser des revenus en vendant les droits de jouissance des images photographiques de leurs collections. À cet égard, il n’y a pas de différence entre les musées allemands et les musées français, où ce service est également proposé par l’agence photographique de la Réunion des Musées nationaux.
Actuellement, la base de données du BPK ne contient qu’une sélection de l’ensemble des collections s’élevant à environ 300.000 pièces. Cependant on continue d’agrandir le stock, et il faut dire que la documentation est déjà vaste et la qualité des données et des images repérables est impeccable, ce qui qualifie ce portail du BPK d’instrument très utile pour la recherche scientifique. À titre restrictif il faut dire cependant que ce portail ne se prête pas à la recherche d’images utilisables dans l’enseignement. Quand on souhaite regarder une image en résolution moyenne, on n’obtient qu’une reproduction défigurée par un filigrane numérique.
Il mérite d’être noté que, depuis quelques années, le BPK offre son service également aux musées à l’étranger, c’est-à-dire en France, en Angleterre et en Italie. Curieusement, on trouvera un choix d’objets disponibles à la fois sur le portail du BPK et sur le portail de la RMN. Si cependant les images à résolution moyenne sont protégées par un filigrane sur le portail BPK, elles ne sont pas défigurées chez l’agence de la RMN qui offre à l’utilisateur une image à résolution moyenne assez bonne pour une présentation à l’écran.
En dehors du portail berlinois se concentrant sur la présentation du matériel des musées de Berlin, mais ambitieux d’étendre sa portée, nous disposons, bien sûr, de beaucoup de systèmes locaux, gérés plus ou moins professionnellement. Le plus souvent, il ne s’agit pas de bases de données à proprement parler, mais plutôt de présentations de collections destinées au visiteur lui permettant de préparer une visite. Parfois les sites des musées proposent de véritables expositions virtuelles. De plus en plus souvent on y trouve aussi des bases de données à contenu spécialisé. Je vous renvoie par exemple à une base numérique donnant accès aux documents d’un vendeur d’art important durant les années de la Grande Guerre, hébergée par le Germanisches Nationalmuseum à Nuremberg http://heinemann.gnm.de/de/willkommen.html, ou encore le portail, très intéressant, entretenu par le Zentralinstitut für Kunstgeschichte à Munich, présentant les documents photographiques pour la reconstruction des grandes exposition d’art ayant eu lieu pendant les années 1937 à 1944 http://www.gdk-research.de/db/apsisa.dll/ete.
Portails de bases de données à usage non commercial – Bases de données reliées
Si en Allemagne nous n’avons pas d’institutions centralisées culturelles munies d’un mandat politique officiel comme je l’ai dit plus haut, il existe néanmoins quelques bases de données iconographiques interrégionales qui ne visent pas à des fins commerciales mais se consacrent au service scientifique ou à l’enseignement universitaire et contiennent des images d’objets du patrimoine mobilier et immobilier, c’est-à-dire, des objets issus des musées et du patrimoine des monuments historiques. Je souhaite vous présenter trois de ces initiatives en vous expliquant les différences et les qualités de chacun de ces projets. Il s’agit, premièrement, de l’archive numérique iconographique « Prometheus », deuxièmement du consortium de diathèques numériques « EasyDB », et, troisièmement, du « Bildindex der Kunst und Architektur », une grande base de données en coopération de plusieurs institutions, gérée par mon institut.
« Prometheus » et « EasyDB » ont été constituées pour l’enseignement de l’histoire de l’art et elles fonctionnent en premier lieu comme des diathèques numériques, mettant à disposition des images numériques pour la projection dans les cours et séminaires et offrant, en plus, des programmes utilitaires intégrés. Les deux bases de données sont accessibles uniquement pour une audience professionnelle. C’est à dire que les institutions acquérant la licence offrent leur service à leurs membres enregistrés qui auront accès aux bases de données par un mot de passe. « Prometheus » permet également d’acquérir une licence personnelle moyennant une cotisation annuelle.
Cela n’est pas possible chez « EasyDB » qui est une base de donnée iconographique, offerte par une entreprise commerciale de systèmes informatisés, la Programmfabrik Berlin. Ce système ne peut être licencié que par les instituts d’histoire de l’art qui disposent d’un budget suffisant. Chaque institution peut acquérir une licence et exploiter le système de manière autonome, ou bien participer à la coopération de plusieurs instituts qui donnent accès à leurs données pour tous les membres du groupement. Ce consortium compte actuellement par exemple l’université libre de Berlin, les instituts d’histoire de l’art de Vienne, de Zurich, de Berne, de l’école polytechnique fédérale de Zurich, et aussi l’institut d’histoire de l’art de Marbourg. Étant donné que chacun des participants entretient son propre système, chacun peut effectuer des scans et intégrer les images dans la base de données pour l’utilisation immédiate. Pendant une recherche, on peut se limiter au catalogue de l’institution en question ou bien étendre la recherche au pool des partenaires en cochant les cases correspondantes. Le téléchargement des images s’effectue très facilement en appuyant sur un bouton. Comme c’est le cas des diathèques conventionnelles, c’est à dire des collections de diapositives (photographiques) que les instituts universitaires d’histoire de l’art en Allemagne ont entretenues de tout temps, les images conservées ne sont pas des photographies originales, mais pour la plupart des scans de reproductions d’œuvres d’art imprimées et publiées dans des livres, ou bien des scans de diapositives petit format conservées dans les diathèques anciennes.
Également conçue comme une diathèque numérique, la base de données « Prometheus », fondée en 2001, a été établie pendant les premières années à l’aide de subventions publiques. Depuis, l’initiative est gérée par une association déclarée. « Prometheus » est beaucoup moins onéreux que le système « EasyDB », et par conséquent plus intéressant pour les petites institutions : on ne paie pas de frais pour un logiciel ou pour le support etc., mais il suffit d’acheter une licence pour l’accès et l’utilisation ; les frais sont échelonnés en fonction du nombre d’utilisateurs, avec des tarifs spéciaux, très modestes pour les écoles et les musées. « Prometheus » n’est pas une base de données au sens propre. Dans son sous-titre, « Prometheus » se présente comme une « archive d’images numériques pour la recherche et l’enseignement » (digitales Bildarchiv für Forschung und Lehre). Elle s’intitule également : « archives iconographiques numériques pour les sciences de l’art et de la culture » (digitales Bildarchiv für Kunst- und Kulturwissenschaften). Il ne s’agit donc pas d’une base de données homogène, mais plutôt d’un portail virtuel réunissant plusieurs bases de données iconographiques plus ou moins hétérogènes – ce sont, pour la plus grande partie, les diathèques virtuelles des instituts d’histoire de l’art. L’idée principale étant alors d’intégrer des bases de données assez différentes les unes des autres par des moyens techniques, et d’éviter ainsi d’imposer des standards trop rigides concernant les informations et le format des données. Cela permet de se limiter à quelques informations obligatoires, en l’occurrence 1) le titre d’un objet, 2) la source de l’image, 3) l’auteur légal de l’image (pas celui de l’œuvre d’art reproduite), 4) l’identification formelle de l’image. Dans un second temps, on a la possibilité d’entrer des indications souhaitées, mais pas obligatoirement le nom de l’artiste, le lieu de l’objet, la date de l’exécution, le matériel, et le genre. A l’heure actuelle, « Prometheus » dispose de presqu’un million d’images, fournies par soixante-sept participants, dont plusieurs bases de données spécialisées, qui sont pour la plupart des diathèques virtuelles des instituts d’histoire de l’art. Le fonctionnement et l’opérabilité du système en tant que diathèque est excellente. Il suffit d’entrer dans la ligne de recherche le nom, le lieu ou, à l’essai, un titre, et on obtient très vite un choix d’images. On trouvera très souvent une image que l’on peut utiliser dans les cours – pourvu que l’on sache à peu près ce que l’on cherche et pourvu que l’on ne se limite pas à un résultat trop précis. Ce système est donc vraiment bien adapté pour rapidement préparer un cours ou pour organiser quelques illustrations sur un certain sujet que vous voulez traiter dans vos séminaires.
Encore une fois, il faut souligner que la majorité des images que vous y trouverez sont des reproductions issues de livres. Le grand nombre d’images répertoriées s’explique par le fait qu’on y trouve un immense nombre de doublons, en premier lieu, naturellement, des œuvres d’art connues. Et, bien sûr, la qualité des images varie en fonction de la qualité de la reproduction. Cependant on a commencé chez « Prometheus » à intégrer également des bases de données affichant des documents originaux. Vous y trouverez alors les images des musées de Berlin, accessibles aussi dans la base de données du BPK, mais chez « Prometheus » en résolution raisonnable et assurément sans filigranes. Cette coexistence de matériel secondaire et de matériel se référant à des photographies originales constitue une différence importante entre « Prometheus » et « EasyDB ». Chez « EasyDB » on ne trouve actuellement que des images numériques produites pour l’enseignement, intégrées par les instituts universitaires qui ont besoin d’une telle base de données uniquement pour cet objectif. « Prometheus » ne veut pas se limiter à servir l’enseignement et n’exclut aucun genre de base de données, et certainement pas les bases de données iconographiques se référant à du matériel original. L’intégration de tous les genres de base de données iconographiques offre certainement beaucoup d’options, mais cela pose également des problèmes pour ceux qui utilisent le système en tant que diathèque virtuelle, parce que les images des bases de données conçues pour la recherche répertorient naturellement beaucoup d’images qu’on ne peut utiliser dans l’enseignement, car elles sont réservées à des cas exceptionnels. Ce matériel, aussi intéressant et important qu’il soit, fait donc gonfler la base de données de façon disproportionnée. En raison de la systématique très simple de « Prometheus », la recherche reste peu précise, et il se peut donc que vous ayiez à visionner des douzaines d’images, avant de trouver une image qui vous convient.
Enfin, nous avons à constater qu’une base de données destinée à l’enseignement vise un objectif tout à fait différent de celui d’une base de données répertoriant des documents originaux dont le propos est essentiellement de classer et de permettre de retrouver les objets conservés physiquement dans une certaine archive à un certain lieu. Une telle archive de documents photographiques originaux servant en premier lieu les besoins de l’histoire de l’art se trouve à Marbourg, et son contenu fait partie de la troisième initiative d’une base de données iconographique interrégionale que j’aimerais vous présenter, le « Bildindex der Kunst und Architektur », accessible à l’adresse www.bildindex.de. Dans cette base de données coopérative sont classées plus de deux millions de photographies originales de tout genre documentant des objets et des œuvres d’art. La moitié à peu près des documents du Bildindex se trouve physiquement à Marbourg. C’est ici, en 1913, que Richard Hamann prend ses fonctions en tant que professeur ordinaire d’histoire de l’art, et commence à développer un service photographique, en entreprenant des campagnes photographiques et en instituant un service photographique disponible à tous, mais surtout destiné aux besoins des historiens de l’art qui demandent des reproductions photographiques pour effectuer leurs recherches et pour illustrer leurs publications. La collection comprend par principe l’art et l’architecture du monde entier, mais des priorités ont naturellement été définies : l’art et surtout l’architecture en Allemagne, puis en France, en Italie et dans les autres pays européens. L’extension de l’archive photographique de Marbourg s’est poursuivie jusqu’à nos jours. De façon continue, la collection s’est agrandie notamment par l’acquisition des successions de photographes connus, tels que Walter Hege ou Helga Schmidt-Glassner ou même d’archives photographiques complètes comme celles de Franz Stoedtner, une collection importante de négatifs servant à la production de diapositives grand format distribuées dans toute l’Allemagne. Les archives photographiques de Marbourg conservent en majorité des négatifs en noir et blanc sur des supports différents et qui ont été transformés en images numériques actuellement accessibles en ligne sur le site de Bildindex der Kunst und Architektur. Vous y trouverez également, depuis une dizaine d’années maintenant, des photographies numériques haute résolution et évidemment en couleur.
Si la collection photographique de Marbourg fournit déjà d’assez intéressantes informations pour les recherches sur la base de données du bildindex.de, vous y trouverez en outre plus d’un million de documents d’environ quatre-vingt institutions partenaires. Ce sont des archives, des bibliothèques, des musées et plusieurs instituts de recherche en histoire de l’art, comme par exemple la photothèque des instituts allemands d’histoire de l’art à Florence ou à Rome. Un des plus importants partenaires est le Rheinisches Bildarchiv à Cologne, où sont documentées entre autres les collections des musées de Cologne. Nous avons également plusieurs partenaires – et c’est de la plus grande importance – parmi les administrations du patrimoine des Länder, par exemple du Bade-Wurtemberg, de Berlin, de la Basse-Saxe, de la Hesse, offrant chacun plusieurs dizaines de milliers de documents photographiques. En résultat, c’est une des plus grandes bases de données iconographiques en Allemagne, et la plus grande base de données contenant du matériel original d’intérêt pour l’histoire de l’art.
Lorsqu’on compare cette base de données, qui effectivement est aussi un portail, avec celles mentionnées auparavant, il faut souligner la qualité du catalogage. Elle est essentielle pour toutes les bases de données utilisées pour gérer une collection de documents originaux, et elle joue sans doute un rôle plus important que dans le cas d’une base de données au service de l’enseignement. À Marbourg, nous appliquons depuis plus de trente ans maintenant un logiciel nommée MIDAS (Marburg Inventary Documentation and Administration System). Les noms des personnes, et les noms des lieux sont indiqués selon les standards disponibles, et les images sont également munies du code ICONCLASS, ce qui permet de les classer pour une recherche iconographique.
Un mot reste à dire concernant la qualité des images répertoriées dans le « Bildindex », qui fait parfois l’objet de plaintes. Il faut savoir qu’une grande partie des images cataloguées ne sont pas encore issues de documents originaux, c’est à dire de négatifs correspondants, mais de copies numériques de photographies publiées sous forme de microfiches. Pendant les années quatre-vingt-dix, on a commencé à produire et à vendre des microfiches de presque toute la collection des archives photographiques de Marbourg et de ses partenaires avec pour mission de créer un moyen de recherche iconographique multipliable pouvant être distribué dans les bibliothèques et les instituts de recherche. Cet instrument a constitué la base pour la transformation numérique entreprise pendant la première décennie de notre siècle, réalisée en très peu d’ années seulement. Si vous trouvez une image dans le « Bildindex », vous pouvez contacter notre service et vous recevrez rapidement une image numérique haute résolution réalisée à partir du négatif original. Après une telle commande, nous remplacerons l’image affichée provisoirement dans le système par l’image de haute résolution qui restera désormais à la libre disposition de tous les utilisateurs.
Conclusion
Nous n’avons, en Allemagne, jusqu’à présent aucune structure centrale supportée par l’état qui aurait pour objectif l’inventaire et le catalogage des objets d’art et d’architecture. Mais nous disposons de quelques initiatives visant à établir des bases de données iconographiques interrégionales ou même internationales.
Les objectifs et les possibilités de ces entreprises sont différentes. Si les unes poursuivent des objectifs plus ou moins commerciaux, en utilisant, bien entendu, des ressources publiques, les autres se consacrent au libre service de l’histoire de l’art et de l’enseignement.
Les solutions disponibles pour servir l’enseignement, on peut le constater, sont assez satisfaisantes. Avec les deux systèmes coopératifs « Prometheus » et « EasyDB » nous disposons de deux bases de données fonctionnant de manière excellente. Toutefois il faut remarquer que les deux bases de données opèrent à la limite de la légalité, étant donné qu’elles proposent des images issues de publications, des images qui sont donc protégées par le droit d’auteur – même si une solution a été mise en place pour la plupart des objets par la Verwertungsgemeinschaft Bild-Kunst, l’association déclarée qui se charge de représenter les auteurs. Lorsqu’on compare ces deux systèmes fonctionnels en Allemagne avec la base de donnée à peu près équivalente des États-Unis, ArtStor, on constate non seulement que nos systèmes sont beaucoup moins onéreux, mais surtout que nous pouvons les contrôler nous-mêmes !
Considérant l’ambition de « Prometheus » de fournir un système pour tous les genres de base de données et tous les objectifs imaginables dans ce domaine, je dirais que cette vision, aussi intéressante qu’elle semble au premier abord, n’est pas vraiment attractive en l’étudiant de plus près. Car la bonne fonctionnalité d’une diathèque virtuelle ne se laisse pas combiner facilement avec les intérêts d’une collection ou même de la recherche. D’autre part, une base de données iconographiques répertoriant des documents photographiques originaux, ne peut servir que partiellement et incidemment pour l’enseignement. Quand on effectue une recherche imprécise dans une telle base de données, on trouvera beaucoup ou rien du tout, mais certainement pas les choses dont on a besoin ; ou alors, il faut utiliser une telle base de données en tant qu’instrument de recherche qui nous permet d’accéder à des informations dont on n’avait pas connaissance auparavant . Ces bases de données dédoublent des archives réelles, physiquement existantes. Elles offrent du matériel répondant à des questions que l’on ne s’est pas encore posé. Elles sont des institutions qui proposent des documents, mais qui méritent également d’être l’objet de recherche elles-mêmes.
Hubert Locher
Bibliographie :
– Angela Kailus, MIDAS: Système d’Information, de Documentation et d’Administration de Marburg, Le Médieviste et l’Ordinateur, 26-27, 1992/1993, p. 5-6.
– Fritz Laupichler, Photographs, Microfiches, MIDAS, and DISKUS: The Bildarchiv Foto Marburg as German Center for the Documentation of Art History, Visual Resources, XII, 1996, p. 157-176.
– Jens Bove, Lutz Heusinger, Angela Kailus, Marburger Informations-, Dokumentations- und Administrationssystem (MIDAS), Manuel et CD-Rom, Munich 2001.
– Holger Simon, prometheus – Das verteilte digitale Bildarchiv für Forschung & Lehre. Verspricht prometheus mehr als es halten kann? (Vortrag, Dresden, 09.-11. November 2005), in: Art-Dok. Publikationsplattform Kunstgeschichte, Heidelberg 2005, http://www.ub.uni-heidelberg.de/archiv/5928.
– Lisa Dieckmann, Prometheus. The distributed digital image archive for research and education, L’Art et la Mesure. Histoire de l’art et méthodes quantitatives, sous la direction de Béatrice Joyeux-Prunel, avec la collaboration de Luc Sigalo Santos, Paris, Editions Rue d’Ulm, 2010, p. 141-151.
– Hubertus Kohle, Art. Datenbank , Metzler Lexikon Kunstwissenschaft, 2. Aufl. Stuttgart 2011, p. 81-84.
L’auteur Hubert Locher :
Professeur en histoire de l’art et théorie des médias à la Philipps-Universität de Marbourg, Hubert Locher est également directeur du Deutsches Dokumentationszentrum für Kunstgeschichte – Bildarchiv Marburg (Centre Allemand de Documentation pour l’Histoire de l’Art – Archives Photographiques de Marbourg). Ses travaux sont consacrés à la littérature et à la théorie artistiques modernes, à l’histoire de l’histoire de l’art, à la question des rapports entre mots et images, à l’esthétique et à l’histoire de la réception, à la photographie et aux problèmes muséographiques. On lui doit notamment : Raffael und das Altarbild der Renaissance (1994), Domenico Ghirlandaio ‘Heiliger Hieronymus’. Malerkonkurrenz und Gelehrtenstreit (1999), Kunstgeschichte als historische Theorie der Kunst 1750–1950 (2001et 2010), Deutsche Malerei im 19. Jahrhunderts (2005), Kunstgeschichte im 20. Jahrhundert. Eine kritische Anthologie (2007). Depuis 2008, il publie, avec Ingo Herklotz, le Marburger Jahrbuch für Kunstwissenschaft.
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