Retour sur les rencontres franco-allemandes du festival de l’histoire de l’art 2012

Retour sur les rencontres franco-allemandes du festival d’histoire de l’art 2012

Sur une heureuse initiative de Alain Schnapp, Président du conseil scientifique du festival, et grâce au soutien financier de la région Île-de-France et de la Gerda Henkel Stiftung, quatre-vingt-deux étudiants, pour moitié français, pour moitié allemands, ont été invités à participer dans les meilleures conditions aux trois journées de l’édition 2012 du Festival de l’Histoire de l’Art à Fontainebleau les vendredi 1er, samedi 2 et dimanche 3 juin derniers. L’appel à participation prévoyait à l’origine un financement pour cent personnes, mais il ne faut pas voir cette légère baisse d’effectif comme un échec, bien au contraire. L’importance et, disons le d’emblée, le succès de cette opération d’une envergure tout à fait inhabituelle pour de jeunes chercheurs à la fois par le nombre de participants et par son caractère binational, méritent d’être reconnus, en particulier par les étudiants n’ayant pu participer à ces journées, mais aussi par les professionnels et les organisateurs de cette rencontre que nous tenons à remercier ici.

Le groupe, très hétérogène, se composait essentiellement des doctorants, mais aussi d’élèves de Master et de quelques jeunes docteurs venant de tous les Länder d’Allemagne et de toute la France, favorisant non seulement les échanges entre français et allemands, mais aussi entre compatriotes et, sur une autre échelle, entre des étudiants plus ou moins expérimentés. Il n’était pas rare que des personnes venant d’une même université ou d’une même ville, partageant quelquefois les mêmes centres d’intérêt, ne se connaissaient pas encore !

Les étudiants ont bénéficié d’un accueil particulier le vendredi après-midi autour d’un buffet suivi d’une conférence de Aude Prigot présentant le projet de création d’un portail franco-allemand d’histoire de l’art soutenu par le Zentralinstitut für Kunstgeschichte de Munich, le Centre allemand d’Histoire de l’Art de Paris, l’INHA et l’APAHAU. L’idée était excellente de sonder les premiers utilisateurs potentiels de cet outil bilingue adressé aux jeunes chercheurs, à ceux plus expérimentés, mais aussi aux institutions de France et d’Allemagne. Essentiellement constitué autour d’une forme de réseau social inédit dans les sciences humaines, il permettrait non seulement de mettre en relation des individus, des projets et des institutions mais aussi de mieux faire connaître la recherche allemande en France et la recherche française en Allemagne. La présence d’une rubrique informative sur les solutions pratiques liées à l’accomplissement d’un travail de recherche dans l’un et l’autre pays constituerait un autre atout de ce site. Cette intervention a suscité un grand enthousiasme auprès de l’auditoire qui a pu poser des questions à Aude Prigot, officiellement chef du projet et les discussions se sont prolongées entre étudiants tout au long du festival, preuve de la légitimité d’un tel portail, qui sera, nous l’espérons, rapidement accessible.

Après cette présentation, les étudiants ont pu profiter de la dense programmation du festival avant de se retrouver pour un repas commun à la cafétéria de l’École des Mines. Les participants se sont rapidement pris au jeu de la discussion, alternativement en français et en allemand, parlant des conférences – ce qui permettait d’avoir un aperçu global du contenu et de la qualité des interventions du festival – mais aussi de la recherche en France et en Allemagne, chacun évoquant son établissement d’appartenance, son sujet de thèse, son ou ses directeurs de recherche. Il est vrai que les jeunes chercheurs français connaissent souvent mal les noms et les travaux des enseignants allemands et vice versa. L’idée d’organiser des petits déjeuners le samedi et le dimanche matin, spécialement pour les participants de l’échange, avec des chercheurs confirmés de l’une et l’autre nationalité, s’est révélée excellente de ce point de vue.

Bien qu’en réalité, le petit déjeuner à proprement parler ait été pris à l’hôtel où les étudiants étaient répartis par deux dans les chambres, un Allemand avec un Français, un buffet généreux était proposé les samedi et dimanche matin à 9h dans la galerie des Cerfs où étaient disposées des tables rondes pouvant accueillir chacune une dizaine de personnes. Cette configuration, assez informelle, permettait aux convives de s’exprimer très librement pendant une petite heure autour de thématiques proposées à l’avance et que les étudiants devaient choisir préalablement. Ces thématiques étaient particulièrement variées – à l’image du festival – allant des « Parcours d’études franco-allemands » (F. Nerlich) aux « Bildwissenschaften » (P. Geimer) en passant par « La galerie d’art contemporain » (J. Wolff) et les « Bilddatenbanken » (H. Locher, voir article sur le blog par ce lien ). Le petit déjeuner était l’occasion de rencontrer des chercheurs expérimentés, de leur poser des questions, mais aussi de permettre à des étudiants qui n’avaient pas encore pu lier connaissance la veille de se rencontrer, ce qui n’est guère surprenant au regard de l’effectif.

L’une des conférences les plus attendues par les participants, tant Français qu’Allemands était la discussion sur  l’insertion professionnelle en histoire de l’art organisée  par Marie-Claire Doumerg, le dimanche matin, avec la participation de Pierre Rosenberg, Solène Guillier, Cécile Maisonneuve, Michel Borjon dans un débat modéré par Olivier Bonfait. Malheureusement, un quart des étudiants seulement a pu assister à cette table ronde pour des raisons d’organisation : d’une part l’horaire de début, 10h, repoussé spécialement à 10h15, coïncidait avec la fin des petit-déjeuners-rencontres, et d’autre part la salle prévue ne pouvait accueillir que 80 personnes, intervenants compris, ce qui est bien maigre au regard du nombre de participants à l’échange franco-allemand mais aussi de l’intérêt que suscite naturellement un tel sujet aussi bien de la part des professionnels que des étudiants. Pour pallier ce problème, Marie-Claire Doumerg a très gentiment accepté de rencontrer dans l’après-midi les jeunes chercheurs français et allemands pour une rencontre-discussion qui a rencontré beaucoup de succès. Le contenu de la conférence a également été live-tweeté afin de permettre aux personnes absentes du festival de suivre la rencontre, mais malheureusement la connexion internet n’était pas facile à obtenir au château pour ceux qui n’avaient pu entrer dans la salle.

Marie-Claire Doumerg, chargée de mission pour l’aide à l’insertion professionnelle à l’INHA, a présenté son projet, le BAIP-HA (Bureau d’aide à l’insertion professionnelle des historiens de l’art) auquel il est possible d’adhérer dès maintenant via un formulaire. Les actualités du BAIP-HA sont aussi consultables librement sur la page Facebook (Baip-ha) et via le compte Twitter (@baip_ha). Le BAIP-HA, dont le nom ne tardera pas à être connu de tous les historiens de l’art, mettra en relation des employeurs avec des étudiants en fin de cursus, des doctorants, ou de jeunes historiens de l’art ayant fini leurs études. Le projet ne concerne donc pas seulement les demandeurs d’emplois, mais aussi les entreprises ou les institutions culturelles qui pourront ainsi trouver plus aisément des personnes qualifiées pour des missions ponctuelles ou des contrats de travail. Le credo de Marie-Claire Doumerg est de diversifier les possibilités d’insertion professionnelle des historiens de l’art, par exemple grâce au statut d’auto-entrepreneur dont la souplesse et les avantages peuvent profiter aux deux partis, l’employeur et l’employé. Les étudiants doivent apprendre à développer leur réseau professionnel et à mettre en valeur leurs compétences. Il faudra attendre encore environ un an avant que le projet ne soit pleinement opérationnel. Un blog, qui sera créé prochainement, servira de plateforme d’échange. Le retour de la part des étudiants franco-allemands est extrêmement favorable à cette initiative. Les Allemands qui ne bénéficient d’aucune structure semblable ont été autant intéressés que les Français car certains profils peuvent être valorisés en France.

Le soir du 2 juin, les participants de l’échange ont été également invités au cocktail offert par la Deutsche Forschungsgemeinschaft dans le cadre du programme « Research in Germany ». La plupart des intervenants du Festival s’y trouvaient ainsi que de nombreux professionnels de l’histoire de l’art. L’atmosphère conviviale était une fois encore favorable aux échanges entre étudiants et professionnels et entre étudiants eux-mêmes. Les jeunes français et allemands se sont retrouvés également le soir dans les cafés bellifontains dans une ambiance décontractée. Il est cependant dommage que les organisateurs n’aient pas fourni à chacun une liste de tous les étudiants, leur établissement de rattachement, leur sujet de mémoire ou de thèse avec leurs coordonnées. Mais une partie des participants se sont inscrits d’ores et déjà inscrits sur une page Facebook dédiée, créé par Amélie Pavia. Un dernier petit point négatif : il est dommage que l’accueil des étudiants ne se soit fait qu’à 15 heures le vendredi alors que le festival ouvrait à 9 h 30…

Le bilan de cet échange est extrêmement positif à tous points de vue et les organisateurs doivent s’en féliciter. Les participants sont probablement les personnes ayant le mieux été en mesure de profiter du festival : tout était parfaitement préparé, du logement aux déjeuners en passant par les conditions d’accueil spécifiques. Il ne restait qu’à se rencontrer, échanger et s’abreuver de la discipline entre gens passionnés. Nous espérons que l’expérience sera renouvelée lors de la 3e édition du Festival avec comme pays invité le Royaume-Uni.

Matthieu Lett

École du Louvre

 

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