Estampes et dessins de l’école de Fontainebleau. Production, diffusion, collection. 9-10 juin 2022.
Le département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France conserve un exceptionnel ensemble d’estampes et de dessins de l’école de Fontainebleau. Son fonds de gravures bellifontaines est le plus riche au monde, rassemblant un millier d’épreuves des près de quatre cents estampes produites à Fontainebleau entre 1542 et 1547. S’y ajoute une collection de dessins de premier plan, comprenant à la fois des œuvres des artistes actifs sur le chantier de Fontainebleau et des maîtres du XVIe siècle qui ont été durablement influencés par ce foyer. De novembre 2020 à novembre 2022, la Bibliothèque nationale de France s’est engagée dans un vaste chantier de recherche et de valorisation de ce fonds de référence, grâce au mécénat de la fondation Getty (Paper Project).
Pour marquer l’aboutissement de ce programme, la BnF et l’École nationale des chartes s’associent dans l’organisation de deux journées d’études appelées à réunir les chercheurs ainsi que les professionnels des musées et des bibliothèques. Elles seront l’occasion de faire le point sur l’avancée des travaux menés ces dernières années sur les estampes et les dessins de l’école de Fontainebleau et aussi d’identifier les perspectives de recherche à poursuivre. Les actes de ces journées seront publiés dans la revue en ligne Nouvelles de l’estampe.
L’ambitieux chantier de rénovation que François Ier entreprend au château de Fontainebleau constitue un moment décisif pour l’histoire de l’art du XVIe siècle et un jalon déterminant pour l’épanouissement de la Renaissance en France. Dans les années 1530-1540 sont ainsi réunis à Fontainebleau des artistes de tous horizons, italiens, français et nordiques, qui forment un groupe habituellement désigné sous l’appellation d’« école de Fontainebleau ». Au sein de cette école, les arts graphiques tiennent une place inédite. Les artistes employaient le dessin et l’estampe pour la diffusion du nouveau style bellifontain et c’est sur le chantier de Fontainebleau que la gravure à l’eau-forte fit sa première apparition en France en devenant un véritable champ d’expérimentation artistique et technique.
Objets de collection dès le XVIe siècle, les estampes et les dessins de Fontainebleau s’imposèrent aussi peu à peu comme un objet d’étude à part entière. Au XVIIIe siècle, Pierre-Jean Mariette est l’un des premiers à esquisser les contours de la production gravée bellifontaine et à s’intéresser aux graveurs, et non plus seulement aux motifs représentés ou aux peintres des modèles. En 1818, Adam von Bartsch franchit un pas décisif en consacrant le dernier chapitre de son 16ème volume du Peintre graveur dédié aux « peintres ou dessinateurs italiens » à 143 « estampes gravées par différents peintres anonymes d’après les peintures de Fontainebleau », corpus que l’auteur rassemble alors pour la première fois sous la dénomination d’« école de Fontainebleau ». Au cours du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, les travaux de Alexandre-Pierre-François Robert-Dumesnil, Félix Herbet, Jules Lieure, Jean Adhémar, André Linzeler, Léon de Laborde et Ernest Coyecque permirent de compléter le corpus des pièces bellifontaines et de repérer les documents d’archives portant sur la vie et les œuvres des maîtres de cette école. Au début des années 1960, les travaux de restauration de la galerie François Ier ont suscité un renouveau de l’intérêt des chercheurs et la publication d’Henri Zerner, L’École de Fontainebleau. Gravures (1969), marque une étape décisive dans l’étude de cet ensemble. Depuis, plusieurs expositions ont permis de faire avancer la recherche : L’École de Fontainebleau en 1972 au Grand Palais, Gravure française de la Renaissance à la Bibliothèque nationale de France en 1994-1995, Primatice, maître de Fontainebleau au musée du Louvre en 2004-2005, Luca Penni, Un disciple de Raphaël à Fontainebleau au musée du Louvre, 2012-2013, Le roi et l’artiste. François Ier et Rosso Fiorentino au château de Fontainebleau en 2013. Enfin, très récemment, l’étude approfondie de Catherine Jenkins (Prints at the court of Fontainebleau, c. 1542-1547, 2017) a permis des avancées majeures de la connaissance des estampes produites à Fontainebleau, tandis que des expositions (The Renaissance of Etching, Metropolitan Museum of Art, 2019-2020 ; Gravure en clair-obscur, Musée du Louvre, 2018-2019) ont pu se focaliser sur des aspects précis de la production gravée bellifontaine.
Dans la lignée de ces travaux, les journées d’études proposent de se concentrer sur trois axes principaux.
1. La production graphique de la première école de Fontainebleau
Le premier axe se concentre sur la production d’estampes et de dessins à Fontainebleau dans les années 1530-1540 : aspects et circonstances de cette production, figures de dessinateurs et de graveurs, influences stylistiques dont se nourrissent les artistes, iconographie et interprétation des œuvres. Les propositions pourront relever d’approches indifféremment monographiques ou collectives. Pour aborder ces problématiques, des mises en perspective pourront être faites avec des foyers de production peu ou prou contemporains.
Des contributions sur les aspects techniques de cette production sont vivement encouragées, de même que des études portant sur la matérialité des feuilles : étude des encres, des filigranes et des papiers, analyse des états et des tirages des gravures, étude des impressions en couleur et des clairs-obscurs, etc…
2. La réception de l’art bellifontain en France et en Europe
Moyens de diffusion des modèles et supports de travail et de formation dans des ateliers d’artistes, les dessins et les estampes réalisés à Fontainebleau ont fait l’objet d’une circulation rapide et aussi de multiples copies. Des contributions sont attendues sur l’analyse des réseaux de transmission de ces dessins, estampes et planches gravées. Seront aussi encouragées des études sur la fonction des œuvres graphiques et des pratiques artistiques développées dans leur sillage (modalités d’apprentissage, copies, rapport entre les dessins et les gravures).La question des échanges artistiques pourra aussi être abordée à travers la réception des modèles, motifs et ornements bellifontains en France et à l’étranger au XVIe siècle ainsi que leurs réminiscences dans l’art de l’époque moderne et contemporaine. L’influence de l’école de Fontainebleau sur les arts décoratifs présentera également un aspect important de cet axe de recherche.
3. Collectionneurs et collections de dessins et d’estampes de l’école de Fontainebleau
Le troisième axe portera sur les pratiques de collection des arts graphiques de l’école de Fontainebleau. Leur étude permet de retracer l’histoire du goût et de mieux comprendre la perception de ces œuvres par le public et les amateurs. Dans ce cadre, des études historiographiques et des contributions portant sur les collectionneurs d’estampes ou de dessins bellifontains depuis le XVIe siècle sont souhaitées, tout comme des propositions sur l’histoire de la constitution des fonds aujourd’hui conservés dans les institutions françaises ou étrangères.
Comité d’organisation :
- Anna Baydova, pensionnaire conservateur du Getty Paper Project au département des Estampes et de la Photographie de la BnF, chercheuse associée de l’équipe SAPRAT (EPHE, EA-4116)
- Pauline Chougnet, conservatrice des bibliothèques, chargée des collections de dessins au Département des Estampes et de la photographie de la BnF
- Catherine Jenkins, docteur en histoire de l’art, historienne de l’art indépendante
- Corinne Le Bitouzé, conservatrice générale des bibliothèques, adjointe à la directrice du département des Estampes et de la photographie de la BnF
- Marc Smith, professeur de paléographie, École nationale des chartes
- Gennaro Toscano, Conseiller scientifique pour le Musée, la recherche et la valorisation à la BnF
- Caroline Vrand, conservatrice de patrimoine, chargée des estampes des XVe et XVIe siècles au département des Estampes et de la Photographie de la BnF
Informations pratiques :
Les propositions de communication se feront sous forme de résumés de 300 mots maximum, accompagnées d’un titre et d’une brève présentation bio-bibliographique de l’auteur ; elles sont à envoyer par courrier électronique à reserve-estampes-photographie@bnf.fr avant le 4 décembre 2021.
Langues acceptées : français et anglais
Les candidats retenus seront notifiés le 14 janvier 2022
Les journées d’étude auront lieu à Paris, à l’École nationale des chartes, le 9 et le 10 juin 2022
Les actes seront publiés dans les Nouvelles de l’estampe (revue en ligne) à l’automne 2022
Les frais d’hébergement et de déplacement seront pris en charge par les organisateurs, avec le mécénat de la fondation Getty (Paper Project)
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