De la fin du XIXe siècle aux années 1960, de la Troisième République au début de la Cinquième, les murs sont des supports privilégiés pour la peinture, la sculpture, la céramique, la laque ou encore le photomontage. Durant cette période, la question murale ne cesse d’être interrogée, favorisant l’évolution de doctrines, de pratiques, et suscitant des débats. Ces derniers portent tant sur la notion d’art mural que sur les démarches et les formes créatives qui s’y rattachent, notamment parce que ces quelques décennies voient s’esquisser un cadre institutionnel destiné à favoriser les collaborations entre architectes et artistes. De par ses spécificités, ses variations et ses développements, la notion de décoration murale, jusque-là peu appréhendée dans l’historiographie française, invite à être plus largement étudiée. De Puvis de Chavannes à Le Corbusier, des grandes commandes publiques au 1% artistique, s’écrivent les jalons d’un art décoratif et mural dont l’exigence collective ne cesse de croitre (René Dauthy, Saint-Maur et l’art mural, 1935-1949 : l’historique et le 1%, Louveciennes, Amis du peintre et sculpteur Saint-Maur, 1999).
Les formes artistiques prenant pour support le mur sont tour à tour désignées comme art mural, art monumental, décoration murale, peinture ou sculpture décorative ou encore céramique architecturale. Cette richesse sémantique marque bien la pluralité de cet objet d’étude. Si ces formes artistiques peinent à trouver une appellation claire, elles engagent néanmoins un cadre de création bien spécifique, nécessairement en lien avec l’architecture et la commande. Mais doivent-elles être pour autant toujours opposées au tableau de chevalet ou à l’objet d’art ? L’art monumental est-il forcément à visée sociale ? Quelle est la place du décoratif dans ces œuvres ? Quelles formes, nouvelles ou non, prend cet art à la fin du XIXe siècle, jusqu’aux années 1960 ? Quelle est la nature de la collaboration entre les artistes et les architectes ? Ce colloque vise à interroger le sens et la portée des décorations murales, par-delà les techniques, et propose d’analyser leur cadre de conception et de mise en œuvre, leurs formes, leurs réceptions, et les enjeux qui y sont attachés.
La décoration murale n’a encore fait l’objet que d’analyses ponctuelles, le plus souvent sous l’angle de la monographie ou des liens entre les peintres et la commande publique. Interroger plus largement les décorations murales permet de faire émerger un nouveau corpus et invite à une réflexion sur des formes artistiques en interrelation, appréhendées non plus isolément mais participants d’une œuvre, d’une démarche et d’une histoire communes. Ces questions sont d’ailleurs inhérentes à des recherches récentes, comme les travaux de Romy Golan (Romy Golan, Muralnomad, the paradox of wall painting: Europe 1927-1957, New Heaven, London, Yale University Press, 2009), le récent numéro de la revue In Situ que Delphine Bière et Éléonore Marantz ont consacré en 2017 aux collaborations entre artistes et plasticiens aux XXe et XXIe siècles (Delphine Bière et Éléonore Marantz (dir.), « Le collectif à l’œuvre. Collaborations entre architectes et plasticiens (XXe-XXIe siècles) », In Situ,n° 32, 2017), ou la journée d’étude sur la céramique architecturale (« ‘Ces matières sans rivales’, la céramique architecturale et la manufacture de Sèvres », Journée d’études organisée par le LABEX CAP et la Cité de la céramique à l’INHA, 13 octobre 2017. Actes à paraître), organisée sous l’égide de Sèvres Cité de la céramique.
Abordant cette production du point de vue de l’architecture, de l’art ou de la critique, ce colloque propose de mettre en lumière les conditions de création et la réception de la décoration murale. Le corpus, à la fois matériel et théorique, constitué aussi bien des œuvres que des textes qui organisent une pensée autour de ces décorations murales, implique divers degrés d’étude. Les communications pourront porter sur des réalisations spécifiques, publiques ou privées, faisant émerger des filiations, des réseaux et des collaborations. Outre les liens multiples entre décor et architecture, les mécanismes de la commande, les techniques, l’enseignement, l’iconographie, les liens entre l’art et l’État, les artistes, les architectes, les artisans et les institutions, sont des pistes à privilégier. Des réflexions sur la conservation, la patrimonialisation et la valorisation de ces œuvres peuvent également être proposées.
Quatre axes de réflexion guideront les échanges :
• Allées et venues : le mur entre héritages et expériences
• Droit dans le mur : des techniques pour habiller les surfaces
• Des murs porteurs : ambitions et significations du grand décor
• Des murs collectifs : lieux de rencontre entre l’art et l’architecture
Modalités pratiques :
Les communications seront limitées à 20 minutes. Les propositions de communication de 300 mots, accompagnées d’un bref curriculum vitae et d’une liste de publications, sont à envoyer avant le 1er juin 2018 à Anne Henriette Auffret (annehenriette.auffret@hotmail.fr), Raphaëlle Jalenques (rjalenques@gmail.com) et Adélaïde Lacotte (ade.lacotte@outlook.com)
Les réponses seront envoyées dans le courant du mois de juillet 2018.
Colloque pluridisciplinaire, Galerie Colbert, salle Vasari : 23 et 24 mai 2019.
Responsables scientifiques :
Anne Henriette Auffret (Paris 1 – ED113, Université Clermont Auvergne – ED370)
Raphaëlle Jalenques (Paris 1 – ED441)
Adélaïde Lacotte (Paris 1 – ED441)
Comité scientifique :
Jérémie Cerman, Sorbonne Université
Eléonore Marantz, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Catherine Méneux, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Pierre Sérié, Université Clermont Auvergne
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