Cette journée d’étude s’inscrit dans les recherches entreprises dans l’axe « espaces urbains, espaces humains » du LISAA (Littératures, Savoirs et Arts, EA 4120), à l’université Gustave Eiffel. Plus généralement, elle prend part aux réflexions sur la ville au cœur du projet I-SITE FUTURE et à celles de l’équipe interne du LISAA, le CCAMAN portant sur le corps dans la ville. Nous proposons dans ce cadre, d’interroger plus spécifiquement les liens de la performance, une forme artistique mobilisant le corps, avec la ville et l’espace urbain. Si la performance fait appel au corps, elle repose également sur l’action ou encore sur l’interaction avec un public n’étant pas exclusivement celui de l’art et des musées. À ce titre, la performance s’est historiquement souvent déroulée dans les villes, en dehors des espaces dévolus à l’art, au centre de la ville et de la vie urbaine. Interrogeant le lien social, le codage des représentations, les frontières et le rôle de l’art dans les sociétés, la performance peut au cœur de la ville, investir pleinement la dimension transgressive qui la caractérise souvent.
Trois axes de réflexions orienteront les recherches et les communications. Le premier portera sur les liens du corps et de la performance avec l’architecture et l’espace urbain. Il conviendra de privilégier des propositions artistiques qui repensent l’environnement architectural et urbain à la mesure du corps, à l’exemple des Configurations corporelles (années 1970) de Valie Export, ou encore des MesuRAGEs d’Orlan (1968-2012), exemples qui pourront être abordés parmi d’autres. Il importera d’étudier les liens de la performance avec les savoirs issus de l’architecture, de l’urbanisme, mobilisant mesures et proportions.
Un deuxième axe, celui de l’organicité, entend questionner les liens entretenus par les happenings à leur origine, avec la ville. De Snapshots from the city (1960) d’Oldenburg a Car Crash (1960) de Jim Dine ou encore Yard (1961) de Kaprow, les happenings américains s’inscrivent délibérément dans la réalité urbaine, l’exploitant comme matière organique en mesure de poursuivre en même temps que de dépasser le geste de l’Action painter. Kaprow qui en appelle à s’éblouir devant « (…) le caractère grandiose de la 42e rue » (L’Héritage de Jackson Pollock), déclare aussi que « Le réalisme cru des décors de la rue ou la proximité de quartiers délabrés dans lesquels les happenings ont prospéré sont plus appropriés » (Les happenings sur la scène new-yorkaise). En quoi la ville et l’espace urbain sont-ils en mesure de maintenir et de créer cette « liaison organique entre l’art et son environnement » (Les happenings sur la scène new-yorkaise), revendiquée par Kaprow comme une motivation des happenings ?
Enfin, nous questionnerons la présence de la performance dans la ville sous l’angle de la mobilité. Celle du caractère transgressif de certaines performances fondées sur la traversée urbaine à l’instar de la Promenade Viennoise (1965) de Günter Brus ou encore dans la même ville, d’une autre promenade exécutée par Valie Export tenant en laisse son compagnon, Peter Weibel (1968). Dans une optique plus actuelle, nous travaillerons également sur des pratiques artistiques articulées à de nouvelles formes de mobilité. Aujourd’hui, la ville intègre une dimension numérique que les artistes investissent pleinement. Les dispositifs de surveillance de l’espace urbain et les flux d’images qu’ils génèrent peuvent être détournés à l’intérieur de propositions artistiques invitant à penser l’évolution d’une ville, d’un territoire. Les technologies numériques peuvent aussi servir à définir, au sein de performances, des formes de mobilités et des représentations singulières de l’espace urbain. L’accès à des informations géolocalisées portant sur les éléments constitutifs d’un tissu urbain est susceptible de modifier en profondeur la perception d’une zone géographique. Cette accessibilité permet de considérer et de parcourir une ville autrement. Dans cet axe, les communications pourront traiter de pratiques artistiques questionnant non seulement les enjeux de ces différentes formes de mobilité, mais aussi leur nature dynamique et les représentations de l’espace urbain qu’elles élaborent ou participent à l’inverse à déconstruire.
De manière générale, les communications pourront traiter des exemples évoqués mais pourront également s’orienter vers d’autres pratiques questionnant les liens de la performance avec la ville, sous un angle historique ou plus actuel. Comment la performance s’empare-t-elle de l’espace urbain ? Quels types de savoirs se trouvent mobilisés dans cette opération ? Quels bouleversements la performance opère-t-elle dans l’environnement urbain ? En quoi la performance sur un mode historique ou actuel, contribue-t-elle à redéfinir la place de l’humain dans la ville ? Comment l’histoire de la ville ou des villes intègre-t-elle l’histoire de la performance elle-même ? Autant de questions qui pourront être soulevées et débattues au cours de cette journée d’étude.
Modalités pratiques :
Journée d’étude organisée par Carole Halimi (MCF Histoire de l’art contemporain – études visuelles, Université Gustave Eiffel) et Florent Di Bartolo (MCF Arts et technologies numériques, Université Gustave Eiffel), LISAA EA 4120.
Les propositions de communication (environ 300 mots), accompagnées d’une brève biobibliographie, sont à adresser avant le 20 janvier 2022 à : carole.halimi@univ-eiffel.fr et florent.di-bartolo@univ-eiffel.fr
Type : appel à communication.
Date limite : 20 janvier 2022.
Réponse aux auteurs : 10 février 2022.
Type d’événement : journée d’étude.
Date de l’événement : 17 mai 2022.
Lieu de l’événement : Université Gustave Eiffel, 5 Boulevard Descartes, Champs-sur-Marne 77454 Marne-la-Vallée cedex 2. RER A /station : Noisy-Champs.
Contacts : Florent Di Bartolo : florent.di-bartolo@univ-eiffel.fr Carole Halimi : carole.halimi@univ-eiffel.fr
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