Appel à communication : « Liturgie et architecture. Constructions, usages et aménagements des églises (XIIIe-XVIIIe siècles) (Nancy, 25 novembre 2016))

Barthélemy d'Eyck, Retable de l'Annonciation d'Aix, panneau central, 1443-1445La liturgie et l’architecture paraissent entretenir un lien évident, qui peut s’expliciter de la façon suivante : « Dans ce domaine, la principale interrogation demeure celle de la création des formes architecturales déterminées par les pratiques liturgiques ou bien, à l’inverse, celle de l’influence du cadre architectural sur le déroulement de la liturgie ». (Eric Palazzo, Liturgie et société au Moyen Âge, Paris, 2000). En termes plus récents, cette interrogation apparaît comme une variante du vaste débat entre « forme et fonction » qui irrigue encore de nos jours les milieux de l’architecture : à quelle donnée reviendrait la primauté ?

Mais en l’occurrence, la question pourrait paraître se limiter au seul moment du chantier, de la construction à neuf. Or l’un des deux paramètres de la problématique a pu connaître des évolutions spécifiques ou des nouveautés indépendantes de l’influence de l’autre. Ainsi, au temps de la Renaissance, le vocabulaire et les références de l’architecture religieuse ont changé avant que ne soit entreprise la réforme liturgique du Concile de Trente. De même, l’application de cette dernière s’est souvent faite dans des églises construites au Moyen Âge, auxquelles il a bien fallu s’adapter et qu’aussi on a adaptées. On étudiera donc les différents aménagements et réaménagements intérieurs d’édifices religieux ou encore l’émergence des pratiques liturgiques (par exemple les processions) et leurs implications sur les bâtiments. En fait les interrogations, quand on les veut plus précises, sont multiples. Par exemple, comment s’est faite l’explosion du nombre des autels et des fondations à partir du XVe siècle ? Inversement comment en a- t-on réduit le nombre au XVIIIe siècle ? Autre exemple, comment les fidèles ont-ils été cantonnés dans leurs bancs à partir du milieu du XVIIe siècle ? Et du coup, quelle position et quelle attitude adoptaient-ils dans les églises antérieurement ? Sans oublier l’analyse de l’évolution du mobilier liturgique ou sacramentel (confessionnaux, chaires à prêcher…) dont on dit souvent qu’il se transforme et se généralise avec l’esprit tridentin. Surtout il serait vraiment souhaitable de dépasser les généralités déjà connues pour en voir et étudier des applications concrètes ou des exemples particuliers.

Chevauchant les grandes ères imposées par les découpages académiques, une notion semble avoir traversé les siècles : celle du « voir » et du « faire-voir » que Roland Recht a illustrée pour la seconde partie du Moyen Âge (Le croire et le voir. L’art des cathédrales XIIe-XVe siècles, 1999) mais qui semble une constante encore valable pour les Temps modernes et la réforme tridentine. La problématique ne pourrait-elle pas alors se concentrer autour des enjeux du « voir » dans les églises, ses exigences, ses conditions et ses contraintes ?

En tout cas, c’est certainement une raison suffisante pour adopter une ampleur chronologique inhabituelle qui conduira les réflexions du XIIIe au XVIIIe siècle et permettra le dialogue de chercheurs trop souvent cantonnés dans leur période. Géographiquement la « dorsale catholique » ou l’axe lotharingien, de la Belgique à l’Italie, semble un lieu privilégié d’observation de ces changements liturgiques et architecturaux à travers les siècles. On rappellera que c’est à Liège en 1264 que l’évêque Robert de Thourotte instaura la fête du Saint-Sacrement, fête qui fut instituée pour l’Église universelle par le pape Urbain IV, le champenois Jacques Pantaléon qui fut un temps évêque de Verdun. Sur l’autre versant temporel, saint Charles Borromée, saint François de Sales et saint Pierre Fourrier montrèrent tous les trois – avec bien d’autres – le souci de la diffusion de la vie spirituelle chez les fidèles dans le cadre concret de leurs communautés et de leurs églises.

C’est avec ces questions et ces intentions en tête que l’ANR LODOCAT – Chrétientés en Lotharingie et Dorsale Catholique (IXe-XVIIIe s.) a l’intention d’organiser une journée d’étude le vendredi 25 novembre 2016, à l’université de Lorraine, sur le Campus Lettres et Sciences Humaines de Nancy, 23, boulevard Albert 1er.

Modalités de soumission

Les propositions de communication d’environ 1000 signes (pour une durée d’intervention de 20 mn) et un court CV d’une page maximum sont à adresser aux organisateurs de la journée d’études avant le 31 mai 2016.

Organisateurs et responsables de la sélection

Pierre Sesmat, professeur émérite d’histoire de l’art médiéval et moderne, Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire (CRULH, EA 3945), Université de Lorraine, Campus Nancy, pierre.sesmat@noos.fr

Stefano Simiz, professeur d’histoire moderne, Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire (CRULH, EA 3945), Université de Lorraine, Campus Nancy, stephano.simiz@univ-lorraine.fr

Frédéric Tixier, maitre de conférences en histoire de l’art médiéval, Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire (CRULH, EA 3945), Université de Lorraine, Campus Nancy, frederic.tixier@univ-lorraine.fr

Appel Liturgie et architecture

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