Au sein du marché des antiquités qui s’organise au XIXe siècle en Europe, les marchands ont joué un rôle central dans la circulation des œuvres comme dans la constitution des collections privées et publiques. Ils sont cependant moins connus et ils ont été moins étudiés que les collectionneurs qu’ils côtoient. Le Répertoire des ventes d’antiques en France au XIXe siècle (INHA-musée du Louvre) permet de proposer et de traiter de nouvelles données sur leur implication dans les ventes aux enchères à Paris, une des places centrales du commerce d’antiquités de l’époque. Cette journée cherchera à mieux cerner les contours de ces acteurs multiples, variés, et dont le rôle a sensiblement évolué tout au long du siècle. On présentera les recherches en cours, aussi bien l’étude de certaines personnalités que des analyses plus transversales. À cette occasion, une nouvelle version du site Sur la piste des œuvres antiques sera présentée, incluant de nouveaux outils d’analyse des données sur les ventes aux enchères (ventedantiques.inha.fr).
Si les collectionneurs privés comme les musées sont des acteurs connus et de plus en plus étudiés du marché de l’art, les marchands sont plus compliqués à aborder. Ils ont pourtant, et de manière évidente, un rôle central dans ce marché : à la recherche des objets susceptibles de plaire à leur clientèle, ils s’accordent aux modes changeantes du goût antiquaire. Parfois collectionneurs eux-mêmes et détenteurs d’une expertise particulière, vendeurs “généralistes” ou spécialisés dans une ou plusieurs catégories d’artefacts, ces marchands parisiens participent activement à la construction – au fil des bouleversements politiques de la longue période considérée – d’un milieu multiforme et aux ramifications sociales et géographiques étendues.
Les sources sont peu nombreuses et difficiles à rassembler, mais l’avancée du programme permet de mieux cerner à la fois certains profils et les réseaux mis en place. On dénombre actuellement une soixantaine de marchands d’art enregistrés dans le répertoire, actifs lors des ventes en tant qu’experts, vendeurs et le plus souvent acheteurs, surtout dans le dernier tiers du siècle – bien d’autres sont encore sans doute à correctement identifier.
L’appellation de ces marchands a varié, tout comme le périmètre de leurs activités, et il n’est pas toujours aisé d’en saisir les contours et les particularismes. Ces marchands d’art décoratif, de mobilier, d’objets anciens ou exotiques ont un profil sensiblement différent des marchands de tableaux et de sculptures, ou de ceux qui se spécialisent dans les estampes et dessins, dans les livres ou dans la numismatique – sans que ces domaines ne soient toutefois hermétiquement clos. On tentera donc de mieux caractériser ceux qui sont le plus souvent désignés comme marchands de curiosités et d’antiquités (il sont par exemple huit sous cette appellation dans l’Annuaire général du commerce et de l’industrie ou almanach des 500,000 adresses de 1847 – Donzé, Dubois, Gasnier, Lhullier, Rollin, Senlis, Verreaux, Vitet). Si notre attention se porte essentiellement sur l’environnement parisien, d’autres dimensions géographiques du thème ne doivent pas être oubliées, car ces acteurs du marché peuvent être de nationalités diverses (comme l’italien Alessandro Castellani, l’anglais William Talbot Ready ou le polonais Konstanty Schmidt-Ciążyński) ; ils peuvent aussi intervenir dans des réseaux régionaux ou d’autres capitales européennes, à Londres ou ailleurs.
Nous souhaitons présenter les recherches en cours sur ces questions, aussi bien dans des approches monographiques liées aux personnalités des marchands que des analyses plus synthétiques sur tout ou partie du XIXe siècle.
La journée d’étude se tiendra le 20 avril 2022, dans la salle Vasari de la galerie Colbert (INHA).
2021_APPEL_COMMUNICATION_marchands_d’antiques
La langue de la journée d’étude et des échanges sera le français, mais les communications en anglais seront acceptées.
Les propositions de communication, accompagnées d’une brève présentation bio-bibliographique, sont à envoyer avant le 15 novembre 2021 à l’adresse suivante :
Comité scientifique
Morgan Belzic (Institut national d’histoire de l’art)
Cécile Colonna (Institut national d’histoire de l’art)
Lucille Garnery (Institut national d’histoire de l’art)
Néguine Mathieux (Musée du Louvre)
Christian Mazet (École française de Rome)
Partenaires
INHA – Institut national d’histoire de l’art
Musée du Louvre
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.