À l’occasion du colloque biennal organisé par l’Université de la mode, cette nouvelle édition souhaite interroger les liens qui unissent la mode et la morale. De Montaigne à Voltaire, des édits somptuaires aux prescriptions journalistiques, des injonctions dans le Coran aux lois de simplicité chrétienne, la mode a très tôt été analysée, contrôlée et condamnée pour des questions de morale. Les pouvoirs politiques et religieux se sont emparés du sujet pour imposer leur autorité sur la pudeur, la bienséance et la correction vestimentaire. Honoré de Balzac signalait le rôle central de la morale dans la société : « Heureusement, c’est une loi de l’ordre moral, que les esprits intelligents et éclairés marchent en avant et indiquent la route ; la masse les suit bon gré mal gré, plus ou moins vite ; elle adopte ce qui est bien, et le pratique souvent à son insu, sans le comprendre » (La Silhouette, 1830). L’origine du terme « morale » indique clairement un rapport aux mœurs, aux coutumes et aux habitudes de vie partagées par une culture et une époque. Autant dire que les interdits moraux, à différentes périodes historiques, en disent long sur la société, sur ce qui la lie et sur ce qu’elle rejette. Quels sont les interdits moraux qui condamnent aujourd’hui la mode ? Quelles en sont les sources historiques, rhétoriques et pratiques ? Quelle a été l’influence passée et présente de la morale sur la mode, et comment la mode s’est-elle jouée de ces interdits ? Quels sont les nouveaux tabous vestimentaires et que disent-ils de nos sociétés mondialisées ?
Nous souhaitons que ce colloque s’inscrive dans les dialogues entre passé et présent que l’Université de la mode / Lyon 2 a engagés durant les éditions précédentes. Sont attendues des propositions de communication venues de disciplines et d’horizons différents : chercheurs en communication, sémiologues, historiens de la mode, de l’art, du design ou des techniques, philosophes, sociologues, anthropologues, etc. Ce colloque international encourage les croisements transnationaux et transculturels, afin d’envisager la diversité des codes vestimentaires soumis aux interdits moraux. Il engage les intervenants à s’inscrire dans une réflexion sur les enjeux présents et futurs de la mode. Afin de renouveler la question et d’éviter des propositions trop monographiques, le comité scientifique favorisera les approches transhistoriques et les études comparées.
Les communications devront s’inscrire dans l’une des pistes de réflexion suivantes :
– Mode et corps : les questions de pudeur et de fétichisme ; l’acceptation et la condamnation du corps sexualisé, minorisé, travesti ou malmené ; genre et sexualité, les approches féministes et postcoloniales.
– Mode, religion et politique : le vêtement comme marqueur identitaire ; le pur et l’impur ; les polémiques politiques récentes et les divergences culturelles ; les croisements transnationaux.
– Mode et apparences : le rapport de la mode au luxe et à l’argent ; les questions d’ostentation, d’extravagance et de lutte contre la dépense ; la gestion des différences sociales.
– Mode et développement durable, mode et responsabilité sociale des entreprises (RSE) : les rapports de l’industrie textile à l’écologie, à l’environnement et aux conditions de travail ; la mode éthique face à la fast fashion.
Les propositions d’intervention ne devront pas excéder les 2500 signes espaces compris (hors bibliographie) et seront accompagnées d’un curriculum vitae (450 signes), à envoyer avant le 30 octobre 2017, à l’adresse suivante : colloquemodelyon2@gmail.com
Les organisateurs annonceront la sélection des participants mi-décembre 2017.
Les interventions pourront se faire en français ou en anglais, sans traduction.
Ce colloque est organisé par l’Université de la mode Lyon 2, en partenariat avec ELICO, unité de recherche en sciences de l’information et de la communication (EA 4147) et le LARHRA, laboratoire de recherche histoire Rhône-Alpes (UMR 5190).
Comité d’organisation :
Caroline Bianzina (Univ. de la Mode – Leherpeur)
Damien Delille (Univ. Lyon 2 / Univ. de la Mode)
Bénédicte Fabien (Univ. de la Mode – Leherpeur)
Isabelle Hare (Univ. Lyon 2 / Univ. de la Mode)
Stéphanie Kunert (Univ. Lyon 2 / Univ. de la Mode)
Comité scientifique
– Olivier Assouly (IFM)
– Christine Bard (Univ. d’Angers)
– Pierluigi Basso (Univ. Lyon 2)
– Marco Belfanti (Univ. de Brescia)
– Denis Bruna (Musée des arts décoratifs, Paris)
– Isabel Cantista (Univ. Porto)
– Damien Delille (Univ. Lyon 2)
– Nicole Foucher (Univ. Lyon 2)
– Isabelle Garcin-Marrou (Sciences Po Lyon)
– Pauline Gauquié (CELSA-Sorbonne)
– Madeleine Goubau (UQÀM)
– Isabelle Hare (Univ. Lyon 2)
– Stéphanie Kunert (Univ. Lyon 2)
– Anne Monjaret (CNRS)
– Eleni Mouratidou (Univ. Paris 13)
– Valérie-Jeanne Perrier (CELSA-Sorbonne)
– Nick Rees-Roberts (Univ. Paris 3)
– Aileen Ribeiro (Courtault Institute, Londres)
– Didier Vervaeren (La Cambre, Bruxelles)
– Martine Villelongue (Univ. Lyon 2)
6 et 7 mars 2018, Lyon
Université de la Mode – Université Lyon 2 Louis Lumière
ELICO/ LARHRA
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