Appel à communication : « Photographie d’architecture et publication » (Paris, INHA, 5 juin 2014)

51C0Q44mPULJournée d’études doctorales en histoire de l’architecture
(Paris, 5 Juin 14)

Institut national d’Histoire de l’art, Paris, 5 juin, 2014
Deadline: May 5, 2014

Journée d’études doctorales en histoire de l’architecture, Photographie
d’architecture et publication

L’histoire de la photographie d’architecture s’est particulièrement développée depuis les années 1980, se concentrant sur deux périodes emblématiques de ce que l’on pourrait nommer une forme d’alliance entre photographie et architecture : le XIXe siècle et les années 1920. Concernant l’entre-deux-guerres, l’histoire de la publication architecturale ayant mis l’accent sur la période des avant-gardes, plusieurs historiens ont fait l’hypothèse d’une forme de convergence entre nouvelle architecture et nouvelle photographie, parfois érigée au rang de « médium spécifique et idéal pour la présentation de l’architecture  ».
En envisageant des corpus plus larges (fonds de photographes, d’industriels, archives des éditeurs et des auteurs) et d’autres
périodes, l’histoire récente de la photographie d’architecture a depuis lors partiellement remis en question cette convergence. Au-delà des caractéristiques esthétiques de la photographie, elle a montré qu’architectes et éditeurs s’appuyaient sur les valeurs « documentaires » et sur la valeur indicielle de la photographie plus que sur ses caractères expérimentaux, et de la sorte fonctionnalisaient en quelque sorte l’image photographique dans le cadre de la diffusion de l’architecture. Elle a fait surgir de nouvelles questions.

Parmi celles-ci, l’interaction entre photographie d’architecture et publication – envisagée depuis la fin des années 1980  par Beatriz
Colomina comme espace de production architecturale – est porteuse de nouveaux regards, dont témoignent des publications récentes. Elle est informée, partiellement, par les approches actuelles sur les interactions entre image et publication, notamment en histoire de la photographie, histoire de la presse, mais aussi en littérature. Si l’étude de la photographie d’architecture requiert une recherche
pluridisciplinaire , l’étude de la photographie publiée nécessite le croisement des regards entre historiens de l’architecture et historiens de la photographie et peut s’enrichir d’approches comme les visual studies, qui ont ouvert des pistes de recherche dans l’étude des rapports textes, images, photographies dans l’espace du livre.

L’interaction entre photographie d’architecture et publication formera le thème de la prochaine journée d’études doctorales.
Le terme de publication architecturale recouvre ici de manière large livres et revues, albums, mais également expositions d’architecture et pourra être étendu aux nouveaux médias. En outre, les contributions pourront envisager les usages et le statut de la photographie d’architecture dans d’autres supports que les publications spécialisées.

Ce thème ouvre sur plusieurs pistes de recherche. Dans l’historiographie architecturale, a dominé jusqu’à présent l’hypothèse
d’une transformation du livre d’architecture par la photographie. Valorisant l’alliance entre photographie et architecture dans les
années vingt, les historiens de l’architecture ont considéré le livre d’architecture de langue allemande de cette décennie comme un creuset d’exploration de nouvelles formes visuelles, mais également de nouvelles logiques perceptives, en accord avec le slogan « Nicht mehr lesen ! sehen ! » (« Ne plus lire, voir !»). Dans cette optique, ont été étudiées les stratégies visuelles à l’œuvre dans les publications de nombreux auteurs (Le Corbusier, Giedion, etc.) On peut aussi inverser cette proposition : quels sont les effets de la
publication sur l’image photographique ? Il semble que le rapport de la photographie avec le travail spécifique sur son support éditorial, en aval de la prise de vue, mette en jeu, comme le précise l’historien de la photographie Olivier Lugon, « le rapport texte/image, la succession des pages, l’acte même de feuilleter un volume . »  Les transformations
qu’elle subit dans le processus de publication sont soumis aux impératifs de la mise en page et conduisent souvent à la retouche et au
recadrage : l’étude de la photographie d’architecture publiée montre que dans la fabrication d’un livre ou d’une revue « un faisceau de
forces intriquées de façon complexe est à l’œuvre  » qui engage non seulement des choix éditoriaux, critiques et esthétiques mais
impliquent de multiples acteurs issus d’univers professionnels différents.

Une autre piste de recherche se trouve en effet dans la chaîne des acteurs de la publication : l’étude globale de leurs interventions sur
le matériau photographique publié, dans le cadre contraignant de la page ou du panneau d’exposition, « en aval » de la prise de vue, reste à faire. Ensuite, les rapports de subordination de la photographie à l’architecture, des photographes aux architectes, encore fréquents au début du XXe siècle et qui s’expriment dans l’absence de signature des photographies, semblent, aujourd’hui, s’être inversés. La journée d’étude pourra accueillir des contributions  qui mettraient en question ces rapports.

Les contributions pourront également s’interroger sur les usages de la photographie publiée : celle-ci est par exemple dominante, par rapport à d’autres sources et types d’investigations sur l’objet architectural, dans le cadre de l’enseignement de l’histoire de l’architecture. Enfin, les processus de légitimation professionnelle et symbolique des architectes ont depuis le XIXe siècle, et avec une intensité redoublée au XXe siècle, abondamment usé de l’image photographique imprimée. Ces usages, ainsi que ceux liés à d’autres formes de publication, notamment dans les médias électroniques, nous paraissent devoir être interrogés.

Nathalie Boulouch et Hélène Jannière
Université Rennes 2, Département d’Histoire de l’art
Equipe d’accueil Histoire et Critique des Arts (EA 1279)

Les doctorants souhaitant présenter leurs travaux lors de cette journée peuvent envoyer une proposition de communication (environ 300 mots) pour le lundi 5 mai 2014, accompagnée de quelques lignes de CV à
helene.janniere@univ-rennes2.frnathalie.boulouch@univ-rennes2.fr
avec copie àAnne-Marie Châtelet, École Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg (chatelet.schmid@wanadoo.fr) et
Jean-Baptiste Minnaert, Université François-Rabelais, Tours
(jean-baptiste.minnaert@univ-tours.fr )

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