Appel à communication : « Saint-Ours aujourd’hui »

Capture d’écran 2014-10-27 à 13.55.01À l’occasion de l’exposition rétrospective consacrée à Jean-Pierre Saint-Ours (1752-1809), le Musée d’art et d’histoire (MAH) et le Département d’histoire de l’art de l’Université de Genève lui consacreront un colloque international, à Genève, du 19 au 21 novembre 2015. Ce colloque souhaiterait faire le point de la recherche, passée et présente, sur l’un des peintres les plus importants de l’histoire des arts à Genève.

Invitant des spécialistes confirmés mais aussi de jeunes chercheurs, ce colloque offrira aussi l’occasion de réinterroger les relations que les peintres genevois ont établies avec les autres artistes européens et la place des arts à Genève à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle.

Les chercheur-e-s intéressé-e-s sont prié-e-s de transmettre

§ le titre envisagé et un résumé de 300 mots de leur conférence
§ un bref curriculum-vitae, agrémenté d’une éventuelle liste de

publications
à Jan Blanc
jan.blanc@unige.ch, avant le 30 novembre 2014

STRUCTURE

Le colloque sera articulé autour de quatre grandes sections, qui occuperont quatre demi-journées.

1. Saint-Ours en formation

Cette session s’intéressera aux débuts de carrière du peintre, d’abord formé par son père, Jacques Saint-Ours (1708-1773), avant d’entrer dans l’atelier parisien de Joseph-Marie Vien, en 1769, où il entre également en contact avec Jacques-Louis David. Il reçoit des prix en 1772 et en 1774, et obtient la deuxième place du Grand Prix, en 1778. Nous nous pencherons sur les années romaines du peintre genevois. Après avoir remporté le Prix de Rome (1780), Saint-Ours, étranger et protestant, ne peut faire formellement partie de l’Académie de France à Rome – Jean-Charles Nicaise Perrin (1754-1831) obtient la bourse à sa place. Il décide toutefois de s’installer dans la Ville Éternelle à ses propres frais, mais aussi grâce au soutien de certains protecteurs comme le Genevois François Tronchin ou les Français François-Joachim de

Pierre, cardinal de Bernis et ambassadeur de France à Rome, ou Charles-Marie de Créquy : il reste finalement douze ans à Rome, entre 1780 et 1792. Cette session pourrait permettre de réfléchir sur les liens de Saint-Ours aux milieux romains, et aux peintres qu’il y fréquente, comme son ancien camarade d’atelier, Jacques-Louis David, mais aussi Bénigne Gagnereau ou Antonio Canova, ou encore d’évoquer des œuvres moins étudiées, comme ses albums de vues italiennes, ses académies, ou ses copies dessinées ou peintes d’après l’antique et les maîtres (Raphaël, le Dominiquin, Nicolas Poussin).

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2. Saint-Ours dans ses œuvres

Cette session sera consacrée à l’analyse de quelques tableaux-clefs du peintre, parmi lesquels nous pourrons notamment aborder les trois grands tableaux qu’il peint à Rome, et qui obtiendront un succès considérable au Salon de 1791 : Le Choix des enfants de Sparte (1786, MAH), Les Mariages germains (1788, Winterthur, Sammlung Oskar Reinhart) et Les Jeux Olympiques (1790, MAH).

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3. Saint-Ours à Genève

Cette session constituera une session importante de notre colloque, en raison de la place capitale du peintre dans l’histoire des arts et des institutions artistiques mais aussi des idées à Genève. Après son retour à Genève, en 1792, et jusqu’en 1796, Saint-Ours est élu membre de l’Assemblée nationale (1793) et du Comité des arts (1793), puis du Comité législatif (1794-1795). Ses sympathies révolutionnaires se sont parfois traduites dans ses tableaux, comme le cycle du Tremblement de terre (1792-1806 ; 1799, MAH), mais aussi dans ses actions publiques. En 1802 et en 1803, il participe avec succès au concours célébrant respectivement la Paix d’Amiens et le Concordat. Il devient alors membre de l’Institut de France. En lecteur assidu de Jean-Jacques Rousseau, Saint-Ours conçoit en 1794 le projet d’un monument à la gloire du philosophe, dont la mémoire est célébrée annuellement durant la Révolution genevoise. Durant la même période, Saint-Ours projette également la publication d’une trentaine d’eaux-fortes illustrant Le Lévite d’Ephraïm – dont il nous reste les dessins (Genève, MAH) – et reçoit la commande du gouvernement d’une grande Figure de la République (1794, MAH). Des études pourraient être également consacrées aux dessins allégoriques et paysagers consacrés par Saint-Ours à sa ville, ou encore aux nombreux portraits dessinés et peints de sa famille et de ses proches, des notables ou des membres de la Convention genevoise de l’Assemblée nationale.

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4. Saint-Ours parmi les siens

Cette session permettra de mesurer l’importance de la carrière et de l’œuvre de Saint-Ours en les comparant à plusieurs de ses compatriotes, qui ont pu le connaître, ou qui ont eu des parcours plus ou moins similaires. À Genève, Saint- Ours a bénéficié, comme d’autres peintres, du soutien personnel et public de FRANÇOIS TRONCHIN, qui a également prononcé quatre cours sur la peinture (1787-1789) à la Société des Arts de Genève, fondée en 1776. La question des relations de Saint-Ours à l’art de Liotard mériterait également d’être posée, tant sur le plan des idées esthétiques que de la pratique du portrait, tout comme à celui de JEAN et JEAN-DANIEL HUBER. Parmi les autres aînés ayant peut-être joué un rôle dans la carrière de Saint-Ours figurent notamment Jacques Cassin (1739-1800), Georges Vanière (1740-1834) et Abraham-Louis-Rodolphe Ducros (1748-1810). Né à Londres, JACQUES CASSIN s’est d’abord formé à Genève, dans l’atelier de Pierre Soubeyran (1709-1775), après le retour de ce dernier de Paris, en 1750, puit part lui-même à Paris, où il fréquente l’atelier de Vien, tout comme son compatriote GEORGES VANIÈRE, une dizaine d’années avant Saint-Ours. Alors que Saint-Ours est encore à Rome, Cassin devient, avec Vanière, le directeur de l’École publique de dessin de Genève (1775-1799), prenant la suite de Soubeyran (1751). Formé dans l’académie privée de Nicolas Henri Joseph Fassin, ABRAHAM-LOUIS-RODOLPHE DUCROS a ensuite séjourné dans les Pays-Bas et en Italie, entre 1776 et 1807, où il développe une intense activité de production et de commercialisation de paysages et de vues de sites antiques, gravés ou peints, en collaboration avec Giovanni Battista Volpato (1779-1782) ou pour son principal mécène, sir Richard Colt Hoare (1786-1793).

Il serait également intéressant de confronter Saint-Ours aux peintres genevois de la même génération, comme LOUIS-AMI ARLAUD (1751-1829), PIERRE-LOUIS DE LA RIVE (1753-1817) et NICOLAS SCHENCKER (v. 1760-1848). Le premier, petit-neveu du célèbre Jacques-Antoine Arlaud, partage de nombreux points communs avec le jeune Saint-Ours: après avoir été formé par Liotard, il fréquente l’atelier parisien de Vien entre 1768 et 1774, soit au même moment que son compatriote ; et comme Saint-Ours, Arlaud effectue un séjour à Rome (1774-1776). De retour à Genève, il se spécialise dans les portraits en miniature. En revanche, Arlaud ne partage pas les sympathies révolutionnaires de Saint-

Ours : il quitte Genève en 1792 afin de s’installer à Londres jusqu’en 1802. Saint-Ours est à Rome depuis quatre ans quand son compatriote, d’un an son cadet, PIERRE-LOUIS DE LA RIVE, formé à Genève et Dresde, y fait son arrivée – il y demeure deux ans. Une analyse des paysages romains dessinés par les deux artistes serait instructive, tout comme une comparaison de la carrière des deux Genevois, fort différente, surtout au moment des événements révolutionnaires. À son retour de Rome, De La Rive avait été élu du Conseil des Deux-Cents, dont la dissolution, en décembre 1792, conduit le peintre à s’exiler trois ans à Berne (1794-1797) ; mais De La Rive est aussi celui que désigne la Société des arts, en 1809, pour prononcer un éloge de Saint-Ours à l’occasion de l’inauguration d’un monument dans l’église de Chêne. Formé à Genève, NICOLAS SCHENCKER séjourne à Paris au même moment que Saint-Ours, ce qui laisse penser qu’il fréquente son compatriote. De retour à Genève en 1788, il épouse Jeanne Pernette Massot en 1794, devenant ainsi le gendre de Firmin Massot. Il ne devient citoyen de Genève qu’en 1817, année durant laquelle il prend la tête d’une école de gravure.

Une attention particulière pourrait enfin se porter sur les peintres plus jeunes que Saint-Ours, à commencer par ceux qui ont fréquenté son atelier. Parmi eux, GABRIEL-CONSTANT VAUCHER (1768-1814) occupe une place éminente. Formé à l’école de dessin de Genève (1780-1782), il entre ensuite dans l’atelier romain de Saint-Ours (1782-1789), qui est aussi le cousin germain de sa mère. Entre 1787 et 1788, les deux peintres genevois sont rejoints par un autre compatriote, FIRMIN MASSOT (1766-1849), après sa formation auprès de sa sœur, Pernette (1761-1828), puis de Louis-Ami Arlaud et de Jean-Étienne Liotard (1778), à l’École de dessin. De retour à Genève, Massot ne suit pas le trajet de Saint-Ours mais celui de De La Rive : en 1794, il quitte les événements révolutionnaires pour se réfugier à Coppet, auprès de Jacques Necker et de son épouse. Revenu à Genève, il devient adjoint au comité de dessin de la Société des Arts, puis directeur des écoles de dessin de Genève dès 1798 et membre de la Société des Arts en 1800. Comme Saint-Ours, ADAM-WOLFGANG TÖPFFER (1766-1847) a effectué une partie de sa formation dans un atelier parisien, celui de Joseph- Benoît Suvée (1789-1791). À son retour à Genève, il fréquente et travaille avec Massot et De La Rive, tout en demeurant fort attentifs aux tableaux de Saint- Ours : les caricatures qu’il expose à Genève et à Paris parodient parfois les compositions de son illustre aîné, comme c’est le cas du Choix des enfants de Sparte. Plus jeune que Saint-Ours de quinze ans, JACQUES-LAURENT AGASSE (1767-1849) a commencé une carrière analogue : après avoir été formé par Jacques Cassin et Georges Vanière à l’École du Calabri, à Genève, il part pour

Paris en 1786 où il fréquente l’atelier de Jacques-Louis David et, peut-être, d’Horace Vernet, avant de revenir à Genève où il collabore avec Firmin Massot et Adam-Wolfgang Töpffer. Il séjourne une première fois en Angleterre vers 1790, avant de s’y installer définitivement en 1800, se spécialisant dans la peinture animalière. Il y fréquente Töpffer et Massot, lors des séjours britanniques de ces derniers.

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