Appel à contributions : « Moyen Âge en émoi » (Genève, 4-5 mars 2019)
Neuvièmes journées internationales d’études médiévales des Jeunes Chercheurs Médiévistes de l’Université de Genève & de la Conférence universitaire de Suisse occidentale
4-5 mars 2019
Contributions à envoyer avant le 1er décembre 2018
Loin d’être un sujet d’enquête des seuls médiévistes contemporains, la composante émotionnelle était déjà au cœur des préoccupations de l’homme médiéval. Que l’on considère le domaine de la théologie, celui de la littérature religieuse ou profane, les sources relatant la vie politique ou encore la production artistique, l’implication des émotions n’est étrangère à aucun de ces secteurs de la médiévistique.
Depuis une vingtaine d’années, l’intérêt porté à ce champ d’études a également suscité une littérature conséquente pour la période médiévale. Rappelons la parution de plusieurs ouvrages d’importance en 2015, du fait notamment de Barbara Rosenwein ou encore de Damien Boquet et de Piroska Nagy.
Les angles d’approche des émotions sont aussi variés que les études fournies à leur propos. La lexicographie permet d’aborder l’émotion médiévale de manière tout à fait pertinente: la variété terminologique convoquée par les auctoritates antiques et chrétiennes est représentative de la difficulté toute actuelle à définir ce concept. Toujours dans une perspective définitoire, la question de l’orientation morale de l’émotion constitue un passage obligé pour l’appréhender, aussi bien à sa naissance – la notion d’intention la présidant s’avère en ce sens essentielle – que dans ses manifestations – qu’elles soient corporelles ou verbales. Sous l’influence des philosophes de l’Antiquité ou des Pères de l’Église s’élabore en effet un véritable code de savoir-vivre émotionnel dicté par un important souci de gestion de soi, indispensable à la valorisation de l’affect. À cette réflexion se superpose d’emblée celle qu’induit la perception des mouvements de l’âme, directement associée à leurs signes visibles, seule voie d’accès possible à l’intériorité.
En outre, l’étude des manifestations conduit à considérer les multiples enjeux de la maîtrise des émotions, la frontière entre contrôle de soi et performance en soi s’avérant parfois bien mince. Le Moyen Âge fut en ce sens riche en rituels et mises en scène émotionnels, particulièrement dans des contextes politiques ou religieux. La prédication constitue à elle seule un champ d’analyse propice à la dynamique performative. Dans les textes, cette volonté s’exprime à travers différentes stratégies discursives mobilisées, qui visent à exacerber ou au contraire à atténuer la sensibilité du public. L’image religieuse revêt également une importance particulière puisqu’elle se doit de toucher le fidèle, suscitant notamment en lui de la componction. La dimension affective de la piété médiévale amène donc à considérer l’image de dévotion en tant que déclencheur d’émotion. Enfin, les procédures judiciaires constituent une piste de réflexion intéressante pour saisir les stratégies permettant de moduler la vérité. Dans la continuité, l’émotion orientée offre également une ouverture contemporaine vers son recours dans le discours scientifique actuel, en ce qu’elle peut servir de levier au débat.
Le caractère immatériel de l’émotion constitue un défi pour les médiévistes : cette rencontre propose aux jeunes chercheurs venus de différents horizons disciplinaires de le relever, en explorant les outils et les ressources de ce champ de la recherche en pleine efflorescence.
Les propositions de contribution, d’une demi-page environ, accompagnées de renseignements pratiques (statut, institution de rattachement, domaine de recherche) sont à envoyer au format PDF avant le 1er décembre 2018 à l’adresse suivante : journeesetudesjcm@gmail.com.
Un comité scientifique procédera à la sélection des communications.
Source : https://rmblf.be/2018/09/17/appel-a-contribution-moyen-age-en-emoi/
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