Appel à communication : « Florence ville d’art et les Français : la création d’un mythe » (Florence, 18-20 septembre 2019)

Appel à communication : « Florence « ville d’art » et les Français : la création d’un mythe ». Colloque international, Florence, Villa Finaly, 18-20 septembre 2019

Colloque international organisé par Sorbonne Université

Comité d’organisation :

Anne Lepoittevin, Emmanuel Lurin et Alain Mérot (Sorbonne Université)

Comité scientifique :

Maurice Brock (Université de Tours, Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance), Antonella Fenech (Sorbonne Université), Daniela Gallo (Université de Lorraine), Gianni Iotti (Università di Pisa), Barthélémy Jobert (Sorbonne Université), Alessandro Nova (Kunsthistorisches Institut in Florenz), Gilles Pécout (Recteur des Universités de Paris), Philippe Sénéchal (Université de Picardie).

 

L’objet du colloque est le rôle des Français dans la construction d’un mythe de Florence comme « ville d’art » à travers l’histoire, l’histoire de l’art et les diverses formes de production artistique. A Florence, plus que partout ailleurs en Italie, la beauté de la ville, le paysage urbain, les grands artistes et leurs chefs-d’œuvre ont fait l’objet d’un véritable processus de mythification culturelle depuis le XIXe siècle. Florence apparaît ainsi dans la culture française comme un lieu central et idéal dont le souvenir et les représentations infusent très largement la conception générale des arts, de l’humanisme, de la Renaissance italienne, du génie artistique. Si la vivacité du mythe florentin a été bien étudiée chez nos voisins européens, en particulier en Angleterre et en Allemagne, la présence des Français à Florence, l’importance du mythe florentin et ses développements intellectuels et artistiques en France ont été relativement négligés par la critique.

Le colloque entend donc éclairer la façon dont les œuvres d’art, les artistes et les hauts lieux de la culture florentine ont été perçus et reçus par les Français, les types de réflexions et d’analyses critiques que l’étude des œuvres a suscité dans les milieux savants, mais aussi les nombreuses évocations poétiques de la ville, de l’art florentin ou de l’histoire des Médicis dans la création artistique et littéraire en France (littérature, arts plastiques, musique, cinéma). Depuis plus d’un siècle et demi, l’expression de ces idées, la répétition des pratiques et la circulation des images entretiennent un certain mythe florentin en France. Les intervenants devront donc s’interroger sur le processus de mythification qui doit être étudié dans son histoire, ses mécanismes et ses acteurs, mais aussi du point de vue des conceptions de la beauté et de la grandeur qui soutiennent l’image de l’art florentin en France. Ces analyses devraient permettre de mieux décrire le phénomène d’amplification du mythe dans la culture contemporaine où la ville de Florence (dans les guides touristiques, mais aussi dans les livres d’art et sur les écrans) apparaît encore comme la ville d’art par excellence.

Pour les Florentins comme pour les Français, les origines historiques du mythe sont souvent très anciennes : contemporaines, parfois, de la création de Florence comme « ville d’art » à la Renaissance. Pour la période moderne, de nombreuses études se sont déjà intéressées à l’histoire des relations franco-florentines, au « mécénat » des reines Médicis et au rayonnement de l’art florentin en France jusqu’au XVIIIe siècle. La réflexion portera davantage sur les relations entre le mythe florentin et l’esprit romantique, le regain d’intérêt pour les arts du Moyen Age et de la Renaissance, l’essor des écoles historiques, le développement des collections publiques, la mode des voyages au XIXe siècle. Le colloque tendra aussi à privilégier la période allant des années 1850 à la Seconde guerre mondiale qui a vu la cristallisation du mythe de Florence chez les écrivains, les collectionneurs et les artistes, puis la rapide diffusion de ces idées et de ces images auprès des élites sociales par le biais de l’éducation, de la lecture et des grands voyages, jusqu’à une forme de démocratisation du mythe, dans la première moitié du XXe siècle, avec l’essor du tourisme culturel.

A côté des sujets de pure historiographie, le colloque entend aussi explorer l’image de Florence dans d’autres formes d’activité artistique et intellectuelle, mais aussi dans la production éditoriale, l’image imprimée et certaines formes d’industries culturelles. Car Florence est un exemple privilégié de la perméabilité qui a existé à toutes les époques entre l’histoire d’une part, la littérature et les arts, de l’autre. Francis Haskell a monté dans un livre important (History and his Images, Yale University Press, 1993) comment les historiens avaient utilisé les œuvres d’art dans leur travail. Appliquée au mythe florentin, sa réflexion est à poursuivre dans plusieurs directions : comment les travaux des historiens de l’art ont-ils pu inspirer et nourrir ceux des écrivains ? Comment, à l’inverse, l’écriture des historiens de l’art, même s’ils s’en défendent, a-t-elle pu s’imprégner de la vision des romanciers, des poètes, des peintres ou des photographes ? Comment certaines œuvres, comme le David de Michel-Ange ou le Printemps de Botticelli, que l’on a si souvent reproduites, ou encore de grandes figures comme Léonard ou Cellini, qui ont inspiré tant de représentions, d’enseignements, de fictions et de divertissements en France, ont-elles contribué à l’élaboration d’un mythe florentin qui s’exprime autant dans les œuvres de l’imagination que dans les travaux d’érudition ?

 

Candidature au colloque :

Les propositions d’intervention devront être envoyées avant le 1er décembre 2018 à l’adresse suivante : colloquevillafinaly2019@gmail.com

Pour entrer en relation avec le comité d’organisation, vous pouvez écrire à l’une des adresses suivantes   : alain.merot@paris-sorbonne.fr, anne.lepoittevin@gmail.com, emmanuellurin@yahoo.fr

Les candidatures seront composées d’un titre, d’un résumé de 1500 signes environ, ainsi que d’un court curriculum vitae.

Langue de communication à Florence : français, italien, anglais.

 

Orientations thématiques pour les interventions :

  • Les historiens français et le mythe de la « Renaissance » florentine :

La perception de Florence et de son histoire dans les écrits des historiens de l’époque romantique ; la réception en France des grands écrits florentins du Moyen Age et de la Renaissance (Dante, Boccace, Machiavel, Vasari, Cellini, etc.) ; les travaux positivistes des historiens de l’art français de la fin du XIXe siècle ; « berceau de la Renaissance », « origines du maniérisme » ? Le mythe de Florence chez les historiens de l’art français, hier et aujourd’hui.

  • La « ville de l’art » : Florence vue par les artistes et les écrivains français (vers 1850-vers 1945)

Amateurs d’art, artistes et écrivains : ce que les Français ont apporté à la construction d’un grand mythe européen ; l’évocation de Florence, de la ville et de son histoire par les écrivains ; les artistes français du XIXe siècle et les maîtres florentins, des « Primitifs » aux « maniéristes » ; l’image de Florence et de son histoire dans la création en France (peinture d’histoire, théâtre, musique, roman, poésie) ; les grandes figures du génie florentin en France.

  • Florence dans les collections, les musées et les académies en France :

La redécouverte de l’art florentin par les amateurs français au XIXe siècle ; le marché de l’art en Italie et la constitution des grandes collections en France ; l’inspiration néo-florentine dans les arts décoratifs : décors, pastiches, scénographies ; collections publiques, muséographie et enseignement artistique : la place de Florence dans le panthéon artistique français ; les grandes expositions d’art florentin en France.

  • Tourisme, technologies et industries culturelles : le mythe florentin dans le monde contemporain

Les touristes français à Florence après 1850 : les lieux, les figures et les objets d’un culte artistique ; le rôle des technologies dans la construction du mythe florentin (gravure, presse, photographie) ; l’image de Florence dans les guides de voyage, les cartes postales et les premiers livres d’art ; le mythe florentin et les industries artistiques : souvenirs et objets d’art pour les touristes (XIXe-XXe siècle) ; le mythe florentin à l’heure du numérique.

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