Notre proposition vise à rassembler des contributions qui examineraient les représentations de la nature et du paysage chez Diderot. Nous aimerions mettre en avant, dans le cadre d’une histoire des représentations et des sensibilités, une conception de la nature et du paysage chez Diderot comme un rapport à l’espace, mais à l’espace « ressenti » par les divers narrateurs et personnages.
Nous souhaitons aborder des questions liées à la mise en écrit de la nature et du paysage chez Diderot : quelle crédibilité accorder chez cet auteur aux voyageurs marchant dans la nature et découvrant de nouveaux paysages ? Comment se résout la tension entre la volonté de décrire la nature au plus près et la tentation romanesque ? En partant des descriptions théoriques de Diderot sur la nature jusqu’à celles recréant des paysages de peinture, c’est toute la construction des représentations de la nature et du paysage par le récit ou par l’image qui pourra être examiné dans le cadre de ce volume.
Dans l’œuvre de Diderot, les figures du voyageur, du poète au touriste, en passant par le rêveur, l’explorateur ou le naturaliste, se croisent de multiples manières. Le projet d’une attention renouvelée aux identités sociales créés par cet auteur semble riche d’interprétations.
« C’est la nature même » : c’est ainsi, on le sait, que Diderot vante le talent de Chardin, ajoutant par la suite que s’il destinait son fils à la peinture, il lui demanderait de copier l’une de ses natures mortes, sinon la nature elle-même. C’est ce qu’il remarque également dans ses Pensées détachées sur la peinture : « Toute composition digne d’éloge est en tout et partout d’accord avec la nature ». Mais que signifie précisément s’accorder ou copier la nature, voire « être » la nature quand on considère que celle-ci est souvent, pour Diderot, « un flux perpétuel [où] il n’y a rien de précis » ?
Si ce flux brouille la représentation que Diderot se fait de la nature, le même brouillage des frontières entre paysages naturels et paysages artistiques intervient dans les Salons. Non seulement présente-t-il les tableaux du Salon à travers sa propre description de la campagne, mais la nature représentée est en elle-même un écart. En effet, s’il s’exclame, au sujet de la campagne, « voilà la vraie vie, le vrai séjour de l’homme », comme si la nature représentait l’endroit où l’homme pouvait finalement espérer être lui-même, il n’en reste pas moins que celui-ci est condamné à seulement « contrefaire un moment le rôle du sauvage » et à « jouer la pantomime de l’homme de nature ». Il précise encore : « Dans l’impossibilité de nous livrer aux fonctions et aux amusements de la vie champêtre, d’errer dans une campagne, de suivre un troupeau, d’habiter une chaumière, nous invitons le pinceau de Wouvermans, de Berghem ou de Vernet, à nous retracer les mœurs et l’histoire de nos anciens aïeux ». Le citadin ne peut donc jamais “revenir en arrière” sauf pour contrefaire le rôle de l’homme de nature. Ainsi, pour l’homme de la ville, la campagne – et peut-être plus généralement la nature – ne peut être que représentée ou simulée.
Nous invitons des chercheurs de divers horizons à soumettre une proposition afin de favoriser de multiples angles d’approche sur ce sujet : littéraires, historiens de l’art, historiens et géographes, notamment. Les angles d’approche de ces diverses disciplines et la variété des exemples traités témoignent d’un champ en pleine constitution, et les liens des uns avec les autres prendront tout leur sens dans le cadre d’un projet d’une représentation de la nature et du paysage chez Diderot.
Date limite : 1er juin 2019
Responsables du dossier : Zeina Hakim et Fayçal Falaky
Les propositions devront nous parvenir avant le 1er juin 2019, sous la forme d’une problématique résumée (150-300 mots), adressée par courriel à zeina.hakim@tufts.edu et ffalaky@tulane.edu.
Le texte des propositions retenues devra nous parvenir le 31 décembre 2019 (30.000 à 40.000 signes, espaces et notes compris) et les contributions seront publiées dans les Diderot Studies en 2020.
Les contributions peuvent être rédigées en français ou en anglais.
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