Journée d’étude : « Les intermédiaires » Utopies du troisième genre dans les arts visuels du passage du siècle (1880/1920) (Paris, 10 décembre 2014)

Piet MONDRIAN Evolutie, [Evolution], vers 1911, 183 x 257,5 cm, Gemeentemuseum den Haag, La Haye

Piet MONDRIAN
Evolutie, [Evolution], vers 1911, 183 x 257,5 cm, Gemeentemuseum den Haag, La Haye

Depuis quelques années, les historiens de l’art accordent à la question du genre une place de plus en plus lisible. Pourtant, au sein d’une historiographie de l’art retravaillée par ces études de genres, l’approche binaire des catégories sexe masculin/sexe féminin tend parfois à oublier une multitude de figures poreuses et intermédiaires, communes aux sphères littéraire, médicale, judiciaire et artistique (androgyne, gynandre, virago, hermaphrodite, inverti, travesti, …). Si l’émergence d’un troisième genre, considéré par certains comme la fusion idéale du masculin et du féminin, perçu par d’autres comme une psychopathologie sexuelle déviante, a été largement analysée dans le champ des sciences humaines, elle a été moins abordée dans celui des cultures visuelles. Comme le rappelle le psychanalyste Jean-Bertrand Pontalis dans L’Insaisissable entre-deux, l’idée d’un effacement de la différenciation sexuelle porte pourtant en elle tout un faisceau d’utopies. Du mythe ovidien de l’Hermaphrodite à l’Androgyne platonicien fantasmé par le Sâr Péladan, l’aspiration à transcender la conflictualité des contraires procède d’une quête d’une unité originelle supposée. Au seuil de la modernité, c’est ce rapport au mythe qui est réinterrogé. Alors que l’exploration d’un « troisième genre » est profondément réinterprétée par les avancées de la recherche médicale de l’époque – notamment sous l’impulsion du médecin allemand Magnus Hirschfeld et sa théorie des « stades sexuels intermédiaires » et les premiers débats, fondateurs, de la psychanalyse naissante -, les utopies communautaires et leurs résonances au sein de projets artistiques collectifs engagent une réflexion structurelle sur les relations entre la création artistique, le genre et l’idée d’universalité. Si le concept d’un « troisième sexe », tel qu’il apparaît dans la théorie médicale, ne connaît pas une terminologie équivalente dans la littérature artistique de l’époque, la problématique affleure comme partie prenante du terrain d’investigation du symbolisme et des avant-gardes.

Cette journée d’étude, qui s’inscrit dans un programme pluriannuel, se propose d’engager la réflexion autour de figures et de pratiques qui ont porté ces projets d’une utopie sociale et politique du « troisième genre » dans les arts visuels de différents pays occidentaux, et sur une période allant des années 1880, avec les discours symbolistes, pour s’achever avec les premières avant-gardes et l’avènement de l’abstraction.

« Les intermédiaires » Utopies du troisième genre dans les arts visuels du passage du siècle (1880/1920)

Journée d’étude organisée par l’HiCSA avec le soutien du Conseil Régional Ile-de-France
10 décembre 2014
salle Vasari, Galerie Colbert

Sous la responsabilité scientifique de Pascal Rousseau et de Marcella Lista avec Damien Delille, Charlotte Foucher-Zarmanian, Flaurette Gautier (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, laboratoire HiCSA)

Programme

9h30 / présentation par Marcella Lista et Pascal Rousseau
Le troisième genre du symbolisme

10h00 / Fae Brauer, University of East London : Astrobiology and the Third Gender. Hélène Dufau’s Occult Transformism
10h45 / Damien Delille, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne : L’androgyne fin de siècle. Sources ésotériques et symbolisme
11h30 / Manuel Segade, commissaire d’exposition, Rotterdam : La sexualité miroir. La maison de Fernand Khnopff

12h15 / Discussion
12h30 / Pause

Genre et utopie de l’abstraction
14h00 / Flaurette Gautier, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne : Evolution. Autopsie de l’hermaphrodisme spirituel chez Piet Mondrian
14h45 / Magali Le Mens, Université de Genève : Anatomie et géométrie. A propos de quelques certitudes symboliques dans la naissance de l’abstraction

15h30 / Pause

16h00 / Pascal Rousseau, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne : L’intermédiaire. Hilma af Klint, le médiumnisme et l’anticipation de l’abstraction
16h45 / Marcella Lista, Musée du Louvre, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne : Symétries, archétypes et intuition : l’abstraction autour d’un axe, d’Hans Arp à Sophie Taeuber
17h30 / Discussion et conclusion

Pour plus d’informations : http://hicsa.univ-paris1.fr/page.php?r=3&id=740&lang=fr

Leave a Reply