Séminaire : Pour une histoire de l’art et de la table — « Les mets dans l’assiette » (Paris, 4 décembre 2014)

Les mets dans l’assiette

• Stéphanie Sagot (université de Nîmes) : Design et alimentation : des origines du design culinaire aux nouvelles pratiques hybrides de création

Du Moyen-âge à aujourd’hui, nous explorerons différentes pratiques alimentaires qui ont conduit ces quinze dernières années à l’éclosion du design culinaire, d’une gastronomie influencée par les arts plastiques ainsi qu’à de nombreuses formes artistiques mettant en jeu le goût, la scénographie du repas, la sociologie de la table ou le partage du commun. Nous présenterons les évolutions de ces pratiques qui renouvellent certaines relations entre les arts. Ces rapprochements entre l’art contemporain, le design et le domaine du culinaire posent également la question du statut, de la présentation et de la médiation de ces créations dans les espaces de production et de diffusion de l’art. Cette intervention privilégiera l’étude des modalités de création. Elle s’appuiera notamment sur des réalisations programmées au centre d’art et de design appliqué à l’alimentation La cuisine ainsi qu’au sein de notre propre pratique d’artiste.

Artiste plasticienne, Stéphanie Sagot développe un travail qui porte sur les relations entre le contexte et la création ainsi que sur l’insertion de l’art dans le quotidien. Ses champs d’action sont protéïformes et fonctionnent en rhizomes. Ils articulent une création d’œuvres (installations, performances et sculptures) au sein du duo « La cellule » (Becquemin&Sagot), une recherche liant production théorique et pratique critique dans le cadre de ses activités de maître de conférence en arts (université de Nîmes et université de Bordeaux 3) ainsi qu’un travail de direction et de programmation artistique au sein du centre d’art et de design « La cuisine » dont elle est la fondatrice et la directrice artistique.

• Audrey Gay-Mazuel (musée des Arts Décoratifs, Paris) : Dresser une table dans un musée, exposer les arts de la table

Mon propos se centrera sur la mise en exposition de la table pour le service des desserts au musée de la Céramique de Rouen que j’avais réalisée en avril 2011, mais aussi plus généralement sur les centres de  table et la mise en exposition des pièces de table dans les musées  d’arts décoratifs français. Il s’agira de voir quelles sont les  contraintes de ces reconstitutions historiques imposées par la conservation préventive, la sécurité des collections mais aussi la réunion d’ensembles de collections cohérents. Je pourrai élargir mon propos en mettant en parallèle ces exemples français avec les mises en scène réalisées dans les musées et demeures anglaises.

Conservateur du patrimoine, Audrey Gay-Mazuel a été en charge des collections d’objets d’art au musée des Beaux-Arts de Rouen et responsable du musée de la Céramique de Rouen avant d’intégrer en 2012 l’équipe du musée des Arts Décoratifs à Paris. Elle a organisé les expositions Alain Sicard, Peintures 2003-2011 (musée Beaux-Arts de Rouen, 2011) et Émaux atmosphériques, la céramique « impressionniste » (musée de la Céramique de Rouen, 2010). Elle est l’auteur de Le Biscuit et la glaçure, collections du musée de la Céramique de Rouen (Skira / Flammarion, 2012).

4 décembre 2014 – 18h-20h
Galerie Colbert
Salle Giorgio Vasari
Entrée libre
Accès : 6 rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne
75002 Paris

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Pour une histoire de l’art et de la table :
Se nourrir est une nécessité pour les êtres vivants. À cette contrainte biologique les hommes ont étayé un édifice culturel complexe et chargé de sens, la cuisine. Allant du choix et de la mise en oeuvre des aliments à leur service à table, la cuisine peut être comprise comme l’interprétation toujours renouvelée d’un besoin naturel inatteignable en tant que tel. Les arts dits « de la table », les arts décoratifs, l’architecture, mais aussi la mode ou la musique jouent dans l’instauration de la cuisine le rôle de cadres – ou de « hors d’oeuvres » venant autour et à côté de la cuisine proprement dite. Secondés par la gastronomie – depuis l’appréciation privée de la qualité des mets et des boissons jusqu’à son expression publique au travers de la presse et du livre –, ils transforment la nécessité biologique en une manifestation culturelle dont les caractéristiques varient selon les aires géographiques, les époques, les groupes sociaux, les genres et les âges. Ce séminaire s’attachera tout particulièrement à la vaisselle et aux ornements de la table, au mobilier et à la décoration intérieure, aux manières, aux vêtements et jusqu’aux propos de table, qui composent les encadrements successifs grâce auxquels s’alimenter devient cet acte complexe par lequel une culture se donne à voir et à penser.

Organisateurs :
Julia Csergo, professeure d’Histoire culturelle, université du Québec à Montréal
Frédérique Desbuissons, conseillère scientifique, INHA | Chantal Meslin-Perrier, conservateur général et chercheur associé à l’INHA

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