Parution : Penser la laideur dans l’art italien de la Renaissance

Penser la laideur dans l’art italien de la Renaissance. De la dysharmonie à la belle laideur
par Olivier Chiquet,
Presses universitaires de Rennes.

EAN : 9782753582781
Nb de pages : 322

L’art italien de la Renaissance a longtemps été assimilé à la seule recherche de la beauté et de l’harmonie. Cet ouvrage fait pièce à cette légende dorée. En effet, les théoriciens et les artistes parviennent progressivement, selon un processus historique qui se déroule tout au long du XVIe siècle et se parachève à l’époque baroque, à penser la laideur en art autrement que comme un simple écart volontaire (transgression) ou involontaire (raté) par rapport à des normes de beauté de référence. Ils cherchent à articuler la beauté et la laideur qui, depuis la philosophie et l’esthétique antiques, se voyaient la plupart du temps opposées. On passe alors de la classique antithèse entre le beau et le laid à une belle laideur révélant une contiguïté, voire, avec la théorisation de la caricature et de la laideur idéale au XVIIe siècle, une coïncidence de ces deux notions contraires. Cette belle laideur est d’abord pensée, à la fin de la Renaissance, sur le mode du paradoxe (le laid se voyant alors conférer des qualités traditionnellement attribuées au beau), puis, avec l’avènement de l’esthétique baroque, comme un oxymore (la laideur, voire l’horreur du contenu de l’imitation venant souligner le pouvoir transfigurateur de l’art et le talent de l’artiste).

Ouvrage publié avec le soutien de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université, de l’école doctorale 4 (Civilisations, cultures, littératures et sociétés), de l’Unité de recherche 1496 (ELCI) et de l’Université Franco Italienne (UFI)

 

T a b l e  d e s  m a t i è r e s

PRÉFACE DE FRÉDÉRIQUE DUBARD DE GAILLARBOIS 9

INTRODUCTION 13

Première Partie DYSHARMONIES
chapitre i : Le visage de la vieille Hélène 29
Le « vultus vetularum » albertien ou la laideur dysharmonique 30
Un exemple paradigmatique de laideur 31
Le genre de la vieillesse 33
Beauté de la jeunesse, laideur de la vieillesse 33
Laideur des vieillardes, beauté des vieillards 40
L’interprétation rhétorique du visage des vieilles femmes 47
Le regard blessé 49
Le corps sénescent : un corps dysharmonique 50
La sénescence d’Hélène de Troie 54
L’electio manquée chez Giovanni Della Casa 54
L’éphémère beauté d’Hélène : Ovide chez Francesco Bocchi 57
Amadis Jamyn et Agostino Lampugnano, ou la coïncidence de la beauté et de la laideur idéales 62
chapitre ii : DiscorDia Discors 73
La conception classique de la laideur comme dysharmonie 74
Présupposés et implications de la dialectique classique du tout et des parties 74
Les différents niveaux de la dysharmonie d’une peinture 79
Le détail ravageur ou comment subordonner la partie au tout 94
Les têtes composées d’Arcimboldo : quand la beauté tire son origine de la dysharmonie 102
Peintre et poètes face à la dialectique du tout et des parties 103
Quand « bellezza » rime avec « bruttezza » 108
Réflexion méta-artistique : le beau dérive du laid 115

seconde partie BELLES LAIDEURS
CHAPITRE III : Les horreurs de la Croix 123
Le peintre-historien et le peintre-orateur : deux paradigmes en partie contradictoires 126
Le peintre-historien 126
Le peintre-orateur 136
Ut rhetorica pictura 136
Hyperboles 139
Delectare : le paradoxe aristotélicien de la représentation 141
Laocoons chrétiens 159
Le Laocoon et ses fils, un paradigme rhétorique et tragique 161
La force pathétique du groupe statuaire 161
Laocoon, figure tragique 163
Le Laocoon dans la trattatistica de la Contre-Réforme 165
L’équilibre entre l’expressionisme et l’harmonie 169
Grimaces 169
La parodie de Titien ou l’expressionisme en question 172
Des Laocoons chrétiens ? Ambiguïtés de la pensée de la Contre-Réforme sur l’art et la laideur 178
CHAPITRE IV : L’ère du soupçon 185
La peinture comme silène 186
L’entrée dans une ère du soupçon 186
Socrate en silène 190
Les laideurs gracieuses de la littérature artistique 193
Interiora 198
Merveille de l’« humani corporis fabrica » 198
« Ce caillot formé dans l’utérus parmi les immondices » 201
« L’art, exercice de la cruauté » 203
L’écorchement du satyre Marsyas : un « beau spectacle » 206
Les sources littéraires du mythe d’Apollon et Marsyas 206
La progressive focalisation sur l’épisode de l’écorchement 209
Ovide moralisé : la lecture allégorique et morale à l’âge de la Contre-Réforme 210
Les lectures symboliques et néoplatoniciennes de l’écorchement 212
Écorchement et anatomie 219
Le Même et l’Autre 222
Lectures méta-artistiques du mythe : de l’antithèse entre la beauté et la laideur à leur complémentarité 227
CHAPITRE V : Formosa DeFormitas comique 231
Attirance et répulsion devant le Doppio ritratto del nano Morgante de Bronzino 234
La réponse humoristique de Bronzino à l’enquête de Benedetto Varchi 236
Du « monstre gracieux et beau » à sa représentation « belle et merveilleuse » 241
La laideur sans caricature du nain Morgante 241
Une laideur qui se suffit à elle-même 243
Un « monstre gracieux et beau » pour une peinture « belle et merveilleuse » 245
Le naturalisme scientifique 245
Le plaisir du décryptage 248
Le spectateur pris au piège de la mimèsis 252
La peinture comique : de la « peinture ridicule » à la scène de genre et à la caricature 254
Théorisation de la « peinture ridicule » par le cardinal Gabriele Paleotti 254
Les vendeurs ambulants d’Annibal Carrache et la scène de genre dans le traité
de Giovanni Battista Agucchi 260
La « parfaite difformité » de la caricature dans la préface de Giovanni Atanasio Mosini 265

CONCLUSION 283

BIBLIOGRAPHIE ESSENTIELLE 289
INDEX NOMINUM 303
TABLE DES ILLUSTRATIONS 311

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