Séminaire : « Esthétique et République » (Paris, Ecole du Louvre, 2018-2019)

Séminaire : « Esthétique et République » (Paris, Ecole du Louvre, 2018-2019)

Paris, Ecole du Louvre, salle Goya, le vendredi de 9h à 11h.

Présentation :

Les catégories de la pensée politique forgées par Aristote, et après lui par une longue tradition philosophique, distinguaient le pouvoir d’un seul (monarchie), le pouvoir de quelques-uns (aristocratie) et le pouvoir du plus grand nombre (démocratie). Longtemps confortés par une interprétation chrétienne qui voulait ne voir qu’un seul monarque dans les Cieux, elles ont imposé l’idée que le pouvoir royal ou princier avait pour lui l’évidence de la nature et la force d’une incarnation. Le Prince, le Roi ou le Tyran étaient la forme visible du pouvoir. Celle-ci pouvait se prêter facilement à d’infinies stratégies de représentation et de célébration dont l’histoire et l’histoire de l’art se sont emparées très tôt, donnant naissance à des études qui ont parfois été des jalons marquants de ces disciplines tels Le Portrait du Roi (1981) de Louis Marin, ou The Fabrication of Louis XIV (1992) de Peter Burke. C’est de ce répertoire que sortirent les innombrables portraits au vif des souverains mais aussi ces images de corps politiques abstraits, sans référence à une personne physique précise et dont la gravure d’Abraham Bosse pour le frontispice du Léviathan de Thomas Hobbes reste le modèle.

Mais quelle forme visible et signifiante donne non au pouvoir d’un seul, mais au pouvoir du plus grand nombre, c’est-à-dire aux démocraties ? Comment donner à voir ce qu’est la République, c’est-à-dire un régime caractérisé par le libre choix de la forme du gouvernement mais aussi des gouvernants, dont la souveraineté est souvent partagée, contrôlée, provisoire, et dont l’autorité ne vaut que pour autant qu’elle rencontre l’assentiment de ceux sur qui elle s’exerce par la loi ? Comment signifier en même temps la concurrence des gouvernants et leur participation solidaire au même régime, la lutte des intérêts et la poursuite de l’intérêt général, l’exaltation de la liberté et la soumission volontaire de chacun à la loi ?

De nombreux artistes ont relevé ce défi et proposé des réponses, parfois sublimes mais toujours imparfaites, conférant du même coup aux enjeux esthétiques une place politique centrale, comme si la figuration de l’abstraction républicaine, impossible à enfermer dans un corps physique ou imaginaire, devait jouer un rôle dans l’expérience même de la République et rendre celle-ci plus tangible, plus visible et donc plus pensable et plus désirable. L’image de la République se cherche ainsi tout au long de l’histoire européenne et américaine, dans des grammaires figuratives qui malgré leur diversité entretiennent entre elles un air de parenté.

Programme :

23 novembre 2018 : Ouverture, avec Olivier Christin (directeur du centre européen des études républicaines), François-René Martin (professeur à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris), Servane Dargnies (conservateur du patrimoine, pensionnaire à l’Institut national d’histoire de l’art), et Priscila Pilatowsky (post-doctorante Paris III Sorbonne Nouvelle / CEDRE).

7 décembre : Claire Barbillon (directrice de l’Ecole du Louvre) – La République dans l’espace urbain au XIXe siècle. Formes et types d’une allégorie sculptée

21 décembre : Servane Dargnies (Ecole du Louvre / INHA) – Ce qui appartient à tout le monde. La nature dans le discours des critiques républicains (1830-1848)

25 janvier 2019 : Richard Costa (Ecole du Louvre / Universidade de Campinas) – Les monuments de la République : théâtre et imaginaire nationaliste au Brésil à l’aube du XXe siècle. Fabio d’Almeida (Ecole du Louvre / Universidade de Sao Paulo) – Représentations de la République dans l’art brésilien entre le XIXe et le XXe siècle

15 février : Margot Renard (Universités de Grenoble-Alpes et Tours) – Images monarchistes / Images républicaines : les topos iconographiques à l’épreuve du discours politique dans les Histoires de France illustrées

22 mars : Romain Benini (Sorbonne Université) – La République peut-elle être autre chose qu’une voix ? Enquête sur les chansons de la IIe République

12 avril : Angélica Velazquez Guadarrama (UNAM México) – Primitivo Miranda et la construction visuelle du libéralisme

17 mai : Rosa Maria Dessi (Université de Nice) – Les spectres du Bon Gouvernement

7 juin : Table ronde au Festival de l’histoire de l’art de Fontainebleau (sous réserve)

14 juin : Georges Lomné (Université Paris-Est Marne-la-Vallée) – Bolivar, du récit à la statue (1819-1849)

 

Organisation :

Olivier Christin (Université de Neuchâtel / CEDRE PSL)

Servane Dargnies (INHA / Ecole du Louvre / Université de Poitiers)

François-René Martin (Beaux-Arts de Paris / Ecole du Louvre)

Priscila Pilatowsky (Paris III Sorbonne Nouvelle / CEDRE PSL)

 

Inscription préalable nécessaire pour les personnes n’appartenant pas à l’Ecole du Louvre auprès de : francois-rene.martin@ecoledulouvre.fr ou servane.dargnies@inha.fr

 

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