Organisateurs : Jérôme Baudry (Université de Genève), Jan Blanc (Université de Genève), Liliane Hilaire-Pérez, (Université Paris-Diderot et EHESS), Marc Ratcliff (Université de Genève), Sylvain Wenger (Société des Arts de Genève).
Cette complexité dialectique des relations entre théories et pratiques est notamment l’objet de l’histoire sociale et culturelle, qui met l’accent sur les contextes, les aspects matériels, les réseaux et les rapports sociaux au sein desquels prend place et se construit l’idée de nouveauté. Dès la Renaissance, la production du nouveau est polymorphe. Ses formes, ses pratiques et ses lieux de savoirs se démultiplient. À la rationalisation de l’invention dans l’imprimé, telles les réductions en art, répond la variété des pratiques artistiques, techniques et savantes dont la circulation ne cesse de s’amplifier. Mais les nouveautés dépendent aussi des contextes juridico-politiques : les États, les municipalités et les corporations mettent en place des dispositifs de protection et d’incitation (patentes, privilèges, financements, honneurs, naturalisation, charges, pensions, etc.) pour encourager les inventeurs et pour attirer des artisans qualifiés de l’étranger. Toutefois, les mécanismes de production, les cadres contextuels et l’ampleur des effets du nouveau sur les sociétés diffèrent évidemment au long de la période, ainsi que selon les aires géographiques.
Pour autant, existe-t-il des processus d’innovation propres à ce que nous appelons aujourd’hui, en les distinguant, les « arts », les « techniques » et les « sciences » ? Un peintre, un ingénieur et un savant « inventent »-ils différemment, à une époque où les frontières sont ténues, comme l’indique bien l’utilisation des termes d’« arts » et d’« artiste » jusqu’au XIXe siècle ? Les assujettissements sociaux et économiques – commandes et marchés, contraintes de temps et d’argent, enjeux de pouvoir – fonctionnent-ils de manière analogue dans ces contextes différents ? À travers des études de cas et des études comparées, il s’agira de penser dans sa diversité et ses ambiguïtés la production du nouveau en contexte. Faut-il penser que le nouveau est le produit de combinaisons inédites issues de matériaux déjà existants ? Que retenir du mythe du génie inventif et de l’inventeur héroïque qui voudrait que les novateurs – artistes, artisans, savants, industriels, chercheurs – n’innovent véritablement qu’en faisant table rase ?
À l’heure où les historiens recherchent les conditions d’un discours intégrant les apports de l’histoire intellectuelle, économique, culturelle, de l’histoire et de la sociologie des sciences, des arts et des techniques, de l’histoire des pratiques, de l’histoire matérielle et de l’épistémologie, il est légitime de se demander quels sont les facteurs d’intégration et de dispersion du nouveau. Afin d’explorer la question du nouveau, ce colloque s’adresse aux historiens et chercheurs en sciences sociales s’intéressant aux arts, aux techniques et aux sciences.
Les communications et les discussions auront lieu en français ou en anglais.
Un bref résumé de la communication envisagée, accompagné d’un court curriculum vitae, sera envoyé, avant le 15 mars 2017, par e-mail à : jerome.baudry@unige.ch
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