À la suite de Félibien, qui hisse le « grand genre » au sommet de la hiérarchie des sujets à représenter en 1667, la peinture d’histoire est devenue un enjeu important de l’historiographie. Elle est notamment l’objet d’un ouvrage, daté mais fondamental, de Jean Locquin qui la définit « au XVIIIe siècle, [comme] toute œuvre dont le sujet, emprunté à un texte historique ou littéraire, mettait en scène un ou plusieurs personnages, réels ou non » (1978, p. XXIX). Cette définition, qui assimile à juste titre l’Histoire (« récit des faits donnés pour vrais » selon l’Encyclopédie) et la Fable (« récit des faits donnés pour faux »), révèle la multiplicité des sujets offerts à l’imagination des artistes.
Parce que la peinture d’histoire est supposée édifier le spectateur, la Direction des Bâtiments du Roi, ainsi que la critique d’art, encouragent les membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture durant la plus grande partie du XVIIIe siècle. La peinture d’histoire apparaît alors comme un élément moteur, et bien connu, du champ artistique.
La journée d’étude propose de sortir du double carcan de l’institution (Académie royale de peinture et de sculpture) et du support (le tableau) afin d’apprécier la place de l’Histoire dans les arts décoratifs. Cette approche, menée parallèlement aux travaux concernant la peinture de chevalet, permettrait d’évaluer plus largement la place de l’Histoire dans les arts visuels du Siècle des Lumières. L’interprétation du sujet historique pour des objets fonctionnels et ornementaux relève d’un contexte moins doctrinal et plus hétérogène que celui de la peinture d’histoire. Dès lors, l’intérêt du public pour les sujets historiques – si souvent questionné – pourrait être réévalué, en dehors du Salon et de la critique d’art, par la prise en considération d’objets employés quotidiennement (meubles, tapisseries de lice, textiles, tabatières, vaisselle, orfèvrerie, boutons de vêtement…). Depuis les processus techniques de réalisation jusqu’aux pratiques de consommation, la journée d’étude ambitionne une compréhension élargie des enjeux théoriques, esthétiques ou politiques de la représentation de l’Histoire au XVIIIe siècle.
Afin d’approfondir les rapports complexes qui lient les arts décoratifs et la représentation de l’Histoire au XVIIIe siècle, les questions suivantes pourront servir de support à la réflexion.
– Concernant le support de la représentation historique :
Quels objets reçoivent une scène d’histoire ? Au XVIIIe siècle, quel est le statut de ce que l’historiographie a réuni sous l’appellation « arts décoratifs » ? Est-ce que la peinture d’histoire est un sujet adapté à tous les objets (dignité du sujet par rapport au support) ? Dans quelles proportions respectives l’Histoire s’invite-t-elle dans les arts décoratifs et dans les beaux-arts ? Pourquoi l’Histoire est-elle déclinée sur des objets fonctionnels ? Quel type d’Histoire (mythologie, histoire littéraire, histoire biblique, histoire ancienne, histoire contemporaine…) pour quel type d’objet ?
– Concernant le processus créatif, la commande et la consommation :
Quel est le statut des individus produisant des artéfacts historiés ? Quelles techniques et quelles collaborations sous-tendent la production de ces objets ? Est-ce que l’administration royale commande des objets ayant un sujet historique ? Dans quels buts ? Comment est-ce que les particuliers s’intéressent à ces commandes ? Peut-on mesurer un intérêt grandissant pour l’Histoire au travers des objets ? Auprès de quelle clientèle en particulier ?
– Concernant le rapport avec la peinture d’histoire :
La peinture d’histoire est-elle transposée dans les arts décoratifs ? Au contraire, l’Histoire reproduite dans les arts décoratifs se distingue-t-elle des sujets de la peinture d’histoire ? Des peintres d’histoire ornent-ils des objets fonctionnels ? Y-a-t-il une volonté politique derrière la transposition de l’Histoire sur des objets du quotidien ?
Modalités pratiques :
Les communications, d’une durée de 30 minutes, sont suivies d’une discussion.
Les propositions de communication (300 mots), accompagnées d’un curriculum vitae et d’une liste de publications, sont à envoyer avant le 15 avril 2017 au Groupe de Recherche en Histoire de l’Art Moderne (GRHAM) : asso.grham@gmail.com
Type : appel à communication.
Date limite : 15 avril 2017.
Type d’événement : journée d’étude.
Date de l’événement : 15 juin 2017.
Lieu de l’événement : salle Vasari, Institut National d’Histoire de l’Art (INHA) 6 rue des Petits Champs, 75002 Paris.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.