L.’appel de Florence avait été lancé en mai 2009 à l’occasion des élections européennes, trop tard malheureusement pour pour pouvoir être cité dans cet événement politique, malgré son succès européen (voir plus bas).
A l’heure où l’Europe connaît des soubresauts, et où la formation des jeunes devient une part importante, légitimement, du programme des candidats aux élections présidentielles, il n’est pas inutile de le republier. Signer la pétition n’est plus de mise, mais le faire circuler, pour réclamer un enseignement d’histoire de l’art, ouvert et pluriel, par des enseignants formés dans la discipline est plus que jamais d’actualité.
Olivier Bonfait, Président de l’APAHAU
APPEL DE FLORENCE
Un geste fort pour l’Europe : un enseignement de l’histoire de l’art dans tous les pays de l’Union.
Chaque année, des millions de membres de l’Union européenne, ceux-là-mêmes qui sont invités à voter le 7 juin, profitent du principe de libre circulation pour découvrir les paysages, les musées, les traces du passé et les œuvres d’art contemporain de leurs voisins européens. Comment faire de ce formidable mouvement, de ces multiples découvertes, en un capital européen, en une ressource pour l’édification de l’Europe ? En transformant, par un enseignement d’histoire de l’art à l’école, ce qui relève de la consommation en un processus d’acculturation, de prise de conscience d’un patrimoine commun, d’appropriation d’une histoire artistique vécue sous le signe de l’échange, depuis des millénaires, de Ségovie à Cracovie, d’Athènes à Édimbourg ou Copenhague, de Florence à Munich et à Budapest.
Donner une dimension européenne à un tel enseignement d’histoire de l’art, qui n’existe à ce jour que dans quelques pays, l’instituer dans tous les pays d’Europe, ce serait, en associant les futurs citoyens d’Europe à leur propre histoire, donner un remarquable élan à une Europe de la culture.
Alors que l’histoire de l’Europe a été faite pendant longtemps de conflits qui opposaient des peuples, de traités qui ont divisé arbitrairement un territoire, de langues imposées injustement, de dominations culturelles, alors que le fonctionnement de l’Union est vécu comme quelque chose de compliqué et de lointain, l’histoire des formes artistiques constitue pour l’Europe un continuel processus d’échanges, d’enrichissements mutuels à tout niveau de la création dans un espace commun, du modeste maçon de village (qui met en œuvre des savoirs et des références architecturales venant de différents pays), à Léonard de Vinci, Picasso et Ingmar Bergman. Ainsi, par l’apport des « Barbares », Rome put revivifier l’héritage artistique de la civilisation grecque ; dans l’Espagne des Omeyades se réalisa une brillante synthèse entre les cultures arabes et européennes, notamment dans l’architecture ; avant le premier conflit mondial, l’Art nouveau (également appelé selon les pays Jugendstil, Stile Liberty, Modern Style ou Modernismo) réunit, en dépit des tensions nationales et linguistiques, une communauté européenne des arts.
Instituer un enseignement d’histoire de l’art à l’école dans tous les pays de l’Union permettrait à tous ses habitants de comprendre l’esprit de communauté artistique qui unit l’Europe depuis plus de trois millénaires. Les œuvres d’art, de la mosquée de Cordoue aux photos des châteaux d’eaux des Becher, étudiées dans leur dimension historique, sont la meilleure introduction aux religions, aux mouvement d’idées et aux civilisations qui ont forgé l’histoire du continent , et à la place artistique que peut tenir l’Europe dans la civilisation globale actuelle, alors que les formes artistiques empruntent de nouvelles voies et que les échanges s’accélèrent et se multiplient.
Le langage des images, très présent dans les expressions les plus contemporaines, est commun à tous les citoyens de l’Union. Dans les 27 pays de l’Union, une formation d’au moins une heure hebdomadaire en histoire de l’art serait pour chaque jeune européen un moment précieux de rencontre avec la richesse artistique de sa cité, de son pays, de l’Europe, une incitation à la mobilité et à la découverte au sein du continent, d’intégration culturelle européenne dans le respect de l’histoire.. Du patrimoine industriel aux traditionnels beaux-arts, des vestiges archéologiques aux créations les plus contemporaines, cet enseignement serait naturellement ouvert : ouvert à toutes les composantes et populations qui forment l’Europe actuellement, et apte ainsi à mettre en confrontation les objets de la civilisation européenne avec les cultures du monde ; ouvert à l’avenir, en intégrant pleinement la création vivante.
Un enseignement d’histoire de l’art, de l’école au lycée, dans tous les pays de l’Europe, est un geste que l’Union doit faire pour l’Europe, ses générations futures, la conscience de son avenir.
Comité de soutien (France) :
- Olivier BONFAIT (Président de l’APAHAU),
- Eric de CHASSEY (Professeur d’Université, membre de l’IUF),
- Marc FUMAROLI de l’Académie Française (Professeur honoraire au Collège de France),
- Sylvie RAMOND (Conservateur général du patrimoine, Directeur du Musée des Beaux-Arts de Lyon),
- Roland RECHT (Professeur au Collège de France)
- Pierre ROSENBERG de l’Académie Française (Directeur général honoraire du Musée du Louvre),
- Alain SCHNAPP (Professeur d’Université, ancien Directeur général de l’INHA),
- Pierre SOULAGES (Artiste peintre)
Appel de Florence en espagnol (CEEH, CEHA)
Appel de Florence en allemand (Verband Deutscher Kunsthistoriker)
Appel de Florence en italien (ANISA)
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