Appel à publication : « Roma 1629 » (Pensieri ad Arte)

Appel à publication : « Roma 1629 » (Pensieri ad Arte)

Appel à contribution, par Jan Blanc et Marije Osnabrugge
pour une publication dans la série « Pensieri ad Arte » (Editoriale Artemide)

En tant qu’historien-ne-s (de l’art), nous avons l’habitude de penser en termes de causalité et de développements à long terme. Depuis Vasari, nous essayons d’établir des chronologies cohérentes et logiques de la production artistique et d’identifier des caractères homogènes dans l’art d’un lieu et d’une époque spécifiques (« style »/« école »). Ce modèle d’explication historique, qui suggère une temporalité et une causalité continues, se fonde le plus souvent sur de grands discours généraux, appliqués uniformément à des réalités historiques qui sont évidemment plus complexes. Depuis de nombreuses années, il a d’ailleurs été contesté, en particulier par les partisans de la microstoria, qui privilégient les singularités aux constantes, les exceptions aux généralisations.
C’est cette façon de penser et d’écrire l’histoire de l’art que nous proposons d’appliquer dans ce volume. Pour tenter de « compliquer » la manière dont nous pensons et analysons la production artistique, nous nous concentrerons sur une période très limitée — une seule année — dans un lieu clairement défini — Rome — et décrirons ce qui s’est réellement passé Durant cette brève période, sans nous attacher directement à ce qui s’est passé avant et ce qui en a résulté. Avec cette série d’études de cas microhistoriques, nous voulons rendre justice à la nature complexe de la culture et de l’art et fournir de nouvelles perspectives dans l’étude des pratiques et des théories artistiques.
Dans ce contexte, l’accent mis sur Rome semble particulièrement pertinent. Depuis le début de la Renaissance, Rome a été l’un des principaux centres artistiques européens. Les artistes et les artisans y sont nombreux, attirés par l’aura culturelle et religieuse des anciennes familles nobles et des papes. Beaucoup d’artistes des différentes régions d’Italie et d’autres pays européens ont ressenti le désir ou le besoin d’y aller, pour parfaire leur connaissance des œuvres anciennes et des grands maîtres de la Renaissance, ou pour rivaliser avec les meilleurs artistes, en profitant du nombre important des mécènes religieux et aristocratiques présents dans la Ville éternelle. La forte densité et, surtout, la complexité des relations entre artistes, savants, hommes d’Église et mécènes dans ce centre culturel et artistique rendent presque impossible la caractérisation d’une « identité » homogène des arts à Rome.
Dans ce volume, nous aimerions proposer, à travers une quinzaine d’articles, un portrait riche et contrasté des arts à Rome en 1629. Cette année offre plusieurs avantages. La vie artistique romaine en 1629 a été marquée par une grande diversité d’acteurs, autochtones et étrangers, dans tous les domaines du savoir et des arts. En revanche, cette année ne correspond à aucun événement majeur dans le contexte romain (élection d’un pape, catastrophe, décès d’un artiste important), qui pourrait potentiellement dominer les archives, les témoignages et les pratiques. Enfin, dans l’historiographie de l’art romain, elle correspond à une sorte d’angle mort : comme le « caravagisme » est en déclin depuis longtemps, les cercles de Nicolas Poussin, Pierre de Cortone et du Bernin ne se sont pas encore pleinement imposés. Bref, une année « normale », qui nous permet de saisir le quotidien et l’ordinaire de la Rome du XVIIe siècle, en ce qui concerne, par exemple, les développements artistiques, les pratiques des ateliers, les techniques, le mécénat et le marché de l’art, les interactions entre artistes visuels et auteurs, musiciens et savants.

Les thèmes possibles qui pourront être abordés dans le présent volume comprennent, entre autres, les suivants :
– Que s’est-il passé dans l’atelier de tel artiste spécifique, actif à Rome en 1629 ? Qui était présent dans son atelier (assistants, élèves, modèles) ? Quelles œuvres d’art y ont été produites ?
– Que s’est-il passé dans tel palais romain spécifique, au regard de l’art, en 1629 ? Quelles œuvres d’art ont été commandées et achetées ? Quelles activités de construction (rénovations, architectures, jardins, etc.) y ont pris place ? Qui y a vécu (artistes, musiciens, poètes et autres invités, ainsi que les propriétaires) et quels événements y ont eu lieu ?
– Que s’est-il passé, sur le plan artistique, dans telle église romaine en 1629 ? Quelles œuvres d’art ont été commandées ? Quels clercs ou autres acteurs ont été impliqués dans la commande ?
– Quelle œuvre d’art spécifique (édifice, peinture, dessin, estampe, publication, poème, pièce musicale) a été créée à Rome en 1629 ? Quelles œuvres d’art comparables ont été produites au cours de la même année ?
– Quelles rencontres attestées entre des artistes travaillant en même temps à Rome ont eu lieu en 1629 ? Où (dans quels quartiers, voire dans quelles maisons) se sont-ils rencontrés et dans quelles circonstances (langue, type d’interaction, etc.) ? De quoi auraient-ils discuté (techniques, sujets ou genres, affaires personnelles) ?
L’originalité de cette approche réside dans le choix de ne pas utiliser cette année comme prétexte pour réfléchir sur le « contexte » romain dans les années 1620 et 1630, mais, au contraire, pour fournir une analyse précise et empirique de la scène artistique et culturelle romaine, contradictoire et protéiforme. Pour ce faire, nous demanderons à tous les auteurs de se limiter exclusivement à cette année, en sélectionnant une œuvre, un événement, un texte ou une rencontre. En tant que tel, le volume constituera également un exercice méthodologique pour les contributeurs. Les études de cas sélectionnées et discutées par les auteurs de cet ouvrage — des experts confirmés, mais aussi de jeunes chercheur-e-s, issu-e-s d’horizons divers — illustreront la complexité de la vie artistique dans la Ville éternelle en un an, plutôt que de construire une image homogène de « l’art à Rome » en 1629.

Consignes :
Veuillez envoyer votre résumé (max. 300 mots) et votre CV avant le 15 mai 2019, à Jan Blanc (jan.blanc@unige.ch) et Marije Osnabrugge (marije.osnabrugge@unige.ch). Les éditeurs informeront les auteurs sélectionnés de leur décision avant le 15 juin 2019. La date limite pour la première version des articles est le 30 septembre 2019. Les articles seront ensuite examinés par des pairs. Les versions définitives doivent être remises d’ici le 23 décembre 2019. Veuillez tenir compte de ce calendrier dans votre décision de soumettre une proposition. Les articles peuvent être rédigés en anglais, italien, français et allemand et doivent compter entre 5000 et 8000 mots (y compris les notes de bas de page). Si vous avez des questions concernant un sujet potentiel, veuillez contacter les éditeurs.

 

CALL FOR PAPER
by Jan Blanc & Marije Osnabrugge
To be published in the ‘Pensieri ad Arte’ series (Editoriale Artemide)

As (art) historians, we are used to thinking in terms of causality and long-term developments. Ever since Vasari, we attempt to establish a coherent, logical chronology of artistic production and identify a homogeneous character of art in a specific place and era (‘style’/’school’). This model of historical explanation, which suggests a continuous temporality and causality and is most often based on large general discourses uniformly applied to historical realities that are evidently more complex. For many years, it has been challenged, most of all by the proponents of microstoria, who favoured singularities over constants, exceptions over generalizations.

It is this way of thinking and writing art history that we propose to apply in this volume. In an attempt to ‘complicate’ our notion of artistic production, we will focus on a very limited time frame – a single year – in a clearly defined location – Rome – and describe what actually happened there and then, without looking at what had come before and in what it would result. With this series of micro-historical case studies, we want to do justice to the intricate nature of culture and art and provide new insights in artistic practice and theory.

In this context, the focus on Rome seems particularly relevant. Since the beginning of the Renaissance, Rome has been one of the main European artistic hubs, dense with artists and artisans attracted to the cultural and religious aura of ancient noble families and popes. Many artists from the different parts of Italy, and from other European countries, felt a desire or need to go there, to perfect their knowledge of ancient artworks and the great masters of the Renaissance, or to compete with the very best artists for the favour of the numerous religious and aristocratic patrons present in the Eternal City. The high density and, more significantly, the complexity of relationships between artists, scientists, scholars and patrons in the cultural and artistic centre that was early modern Rome, makes it nearly impossible to characterize a homogeneous ‘identity’ of the arts in Rome.

In this volume, we would like to provide, in about fifteen articles, a rich and contrasting portrait of the arts in Rome in 1629. This year offers several advantages. Roman artistic life in 1629 was marked by a great diversity of actors, both indigenous and foreign, in all fields of knowledge and the arts. Meanwhile, it does not correspond to any major event (e.g. election of a pope, a disaster, death of a major artist) in the Roman situation that could potentially dominate archives, testimonies and practices. Finally, in the historiography of Roman art, it is a kind of blind spot and, as Caravaggism was on the decline since a long time, and the circles of Nicolas Poussin, Pietro da Cortona and Bernini had not yet fully imposed themselves. In short, it was a ‘normal’ year, which allows us to get a grasp of ‘business as usual’ in seventeenth-century Rome, with regard to (for example): artistic developments, workshop practices, art techniques, patronage and the art market, interaction between visual artists and authors, musicians and scientists.

Possible themes that may be discussed in this volume include, but are not limited to:
– What happened in the studio of a specific artist in Rome in 1629? Who was present in the workshop (assistants, pupils, models), which artworks were created?
– What happened in a specific Roman palazzo, in relation to art, in 1629: Which artworks were commissioned and bought, which building activity (renovations, garden architecture, etc.) took place, who lived there (artists, musicians, poets and other guests, as well as the owners) and which events took place?
– What happened, artistically, in a specific Roman church: Which artworks were commissioned, which clerics were in charge, who else was involved in the commission?
– Which specific artwork (building, painting, drawing, print, publication, poem, musical piece) was created in Rome in 1629? Which comparable artworks were created in the same year?
– Which actual encounters between the artists working at the same time in Rome took place in 1629? Where (in which neighbourhoods, or even in which houses) did they meet and under which circumstances (language, type of interaction, etc.)? What would they have discussed (technique, subjects or genres, personal affairs)?
The originality of this approach consists in the choice not to use this year as a pretext to reflect on the Roman ‘context’ in the 1620s and 1630s, but, to the contrary, to provide a precise analysis of the elaborate, contradicting and protean Roman artistic and cultural scene. In order to do so, we will ask all the authors to limit themselves exclusively to this year, selecting an artwork, an event, a text or an encounter. As such, the volume will also form a methodological exercise for contributors. The case studies that the contributors to this volume – upcoming and established experts from a variety of backgrounds – will select and discuss will illustrate the complexity of artistic life in the Eternal City in one year, rather than construct a homogeneous image of ‘art in Rome’ in 1629.

Practical guidelines
Please submit your abstract (max. 300 words) and CV before 15 May 2019, to Jan Blanc (jan.blanc@unige.ch) and Marije Osnabrugge (marije.osnabrugge@unige.ch). The editors will inform the selected authors of their decision by 15 June 2019. The deadline of the first version of the articles is 30 September 2019, after which the articles will be peer-reviewed. Final versions are being due by December 23, 2019. Please take this schedule into account in your decision to submit a proposal. The articles may be written in English, Italian, French and German and must be between 5000 and 8000 words (incl. footnotes). If you have any questions regarding a potential subject, please contact the editors.

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