Appel à communications : Colloque international – Les mondes professionnels de l’ornement d’architecture : acteurs et pratiques du XVIIIe siècle à nos jours

Appel à communications : Colloque international – Les mondes professionnels de l’ornement d’architecture : acteurs et pratiques du XVIIIe siècle à nos jours

Comité d’organisation 

  • Justine Gain, doctorante en histoire de l’art contemporain, EPHE (Histara) et École du Louvre / INHA
  • Elsa Jamet, docteure en histoire de l’architecture, Centre André-Chastel
  • Lucie Prohin, doctorante en histoire de l’architecture, université Paris 1-Panthéon Sorbonne (HiCSA) / INHA

Comité scientifique

  • Basile Baudez, Assistant Professor of Art and Archaeology, Princeton University
  • Jean-François Bédard, Professor of Architecture, Syracuse University
  • Ariane Varela Braga, Pensionnaire à la Villa Médicis
  • Jérémie Cerman, Professeur d’histoire de l’art contemporain, université d’Artois (CREHS)
  • Sophie Derrot, Directrice adjointe du département de la Bibliothèque et de la documentation, INHA
  • Jean-Philippe Garric, Professeur d’histoire de l’architecture, université Paris 1-Panthéon Sorbonne (HiCSA)
  • Valérie Nègre, Professeure d’histoire des techniques, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (IHMC)
  • Estelle Thibault, Professeure en histoire et culture architecturales, ENSA Paris-Belleville (IPRAUS / AUSser)

Modalités pratiques

Les propositions de communication, d’une longueur 2 000 signes (espaces compris), devront être envoyées avant le 30 septembre 2023 à Justine Gain (justine.gain@gmail.com), Elsa Jamet (elsa.jamet@hotmail.fr), et Lucie  Prohin (lucie.prohin@inha.fr). Elles seront accompagnées d’un bref CV.

Le colloque aura lieu en Salle Vasari (INHA, Galerie Colbert) les 13 et 14 mars 2024.

Les communications pourront s’effectuer en anglais ou en français, et dureront 25 minutes.

Un soutien financier est envisageable pour les intervenants et intervenantes dont l’institution de rattachement ne pourrait pas prendre en charge les frais de déplacement.

Institutions partenaires

Ce colloque est soutenu par l’Institut national d’histoire de l’art, le Centre André Chastel, le laboratoire HiCSA (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ainsi que le laboratoire Histara (École pratique des hautes études, PSL).

L’ornement constitue aujourd’hui un champ de recherche spécifique, à la croisée de l’histoire de l’art et de l’architecture. Si quelques importants travaux lui avaient déjà été consacrés à partir des années 1980 (Hamburger, Thiebault, 1983 ; Durant, 1986), cette thématique a fait l’objet d’un intérêt renouvelé au cours de la décennie suivante et au tournant du XXIe siècle — avec la publication de plusieurs ouvrages collectifs, souvent issus d’événements scientifiques de grande ampleur (Grabar, 1992 ; Collomb, Raulet, 1992 ; Ceccarini, et al., 2000). Plus récemment, au début des années 2010, ce champ de recherche a connu un regain de dynamisme remarquable en France. Sans prétendre dresser un bilan historiographique exhaustif sur la question, on pensera notamment aux numéros consacrés à l’ornement dans les revues Perspective en 2010, Images Re-Vues en 2012 et Livraisons d’Histoires de l’architecture en 2015, au colloque « Questionner l’ornement » organisé en 2011 au musée des Arts décoratifs, ou encore à l’année 2014, marquée par la série de cours publics organisée à l’École de Chaillot et par la publication du volume consacré à l’ornement dans la collection « Vocabulaires » des Éditions du Patrimoine.

Ces dernières années, d’importants travaux ont ainsi été publiés, portant sur l’ornement dans sa globalité (Picon, 2016 ; Necipoglu, Payne, 2016), ou sur des sujets plus précis : considérations théoriques (Varela Braga, 2017 ; Thibault, 2020) ; emploi de certains matériaux (Dobraszczyk, 2014) ; ou encore rôles et fonctions de l’ornement sur des surfaces ou dans des types de constructions spécifiques — comme des fermes (Ripatti, 2019) ou des logements populaires (Violette, 2019), cas questionnant l’idée selon laquelle l’ornement indiquerait « l’expression du degré de la richesse que chaque édifice doit recevoir en vertu de son caractère, c’est-à-dire de l’usage auquel il est consacré », comme pouvait l’exprimer Quatremère de Quincy.

Loin de se limiter à la période contemporaine, l’intérêt pour l’ornement se manifeste aussi de façon marquée dans des publications et événements portant sur la Renaissance — en témoignent les colloques organisés à Azay-le-Rideau (2014) ou Lausanne (2017, 2022).

Parallèlement, la question de l’organisation des métiers et des rapports entre groupes professionnels dans le champ de l’architecture et de la construction donne aussi lieu, depuis plusieurs années, à de nombreuses études. Inscrites dans une démarche historique, celles-ci se nourrissent aussi de perspectives sociologiques, pouvant emprunter au fonctionnalisme comme à l’interactionnisme — et ce dans un contexte où la sociologie des professions a elle-même connu d’importants renouvellements (Vézinat, 2010).

De récents travaux ont ainsi interrogé l’évolution du statut et des pratiques des architectes, notamment dans le cadre de leurs missions publiques (Bruant, Callais, Lambert, 2022). L’organisation concrète de leur travail a également fait l’objet de plusieurs études, portant en particulier sur les chantiers (Nègre, 2018), ou plus récemment sur l’agence d’architecture (Cahiers de la recherche architecturale, urbaine et paysagère, 2020 ; Livraisons d’histoire de l’architecture, 2021). Ces questions soulèvent également des problématiques liées aux rapports entre métiers et aux stratégies professionnelles (Prina, 2020). Ces différents travaux rejoignent des entreprises de recherche plus larges, s’intéressant à des secteurs d’activités comme celui de l’expertise (programme ANR « Experts »). À ces thématiques s’adjoignent en outre les questions liées à l’enseignement de l’architecture (Lucan, 2009 ; Diener, 2022 ; programme ANR « EnsArchi »).

Malgré leur dynamisme commun, force est de constater que ces deux champs d’études — histoire de l’ornement et histoire des professions liées à l’architecture — n’ont jusqu’ici été que peu mis en relation l’un avec l’autre. L’ambition de ce colloque est donc de contribuer à ce rapprochement, afin de tendre vers une meilleure compréhension des « mondes professionnels » de l’ornement.

La question de l’interdépendance avec l’architecture étant ici centrale, on se focalisera sur les réalisations faisant corps avec les surfaces architecturales. Toutefois, résolument positionné du côté des acteurs et des pratiques professionnelles, cet événement n’a pas vocation à définir de façon stricte ce qu’est l’ornement. Les contributions pourront donc porter sur une grande diversité de productions : de la sculpture ornementale à la mosaïque, en passant par la peinture murale, en pouvant aller jusqu’aux parquets, marbreries ou vitraux — en somme, tout second-œuvre permettant de développer la sensibilité à l’architecture. Si les problématiques liées aux formes, fonctions et usages de l’ornement — notamment dans un monde marqué de façon croissante par des impératifs de sobriété et de durabilité (Körner, 2020) — pourront être abordées de façon subsidiaire, elles ne devront néanmoins pas constituer le cœur des interventions.

Les contributions pourront s’inscrire, sans s’y limiter, dans les thématiques suivantes :

Le spectre des professionnels de l’ornement : formations, statuts, réglementation

• On se demandera en premier lieu qui sont les professionnels qui interviennent pour élaborer les ornements architecturaux (sculpteurs-ornemanistes, statuaires, dessinateurs industriels, designers, architectes…) ;

• Cette réflexion amène à questionner la contribution des femmes et les possibilités qui leur étaient ouvertes dans ce domaine — notamment en comparaison avec la pratique architecturale ;

• Les questions de la dénomination de ces professions, et de l’évolution de leur réglementation au cours du temps pourront également être soulevées ;

• Ce dernier élément interroge la formation de ces professionnels et les différents lieux dans lesquels celle-ci se développe (écoles de dessins, des beaux-arts, d’arts décoratifs, ateliers d’artisans…) ;

• Se pose également la question des statuts, de la reconnaissance sociale, et d’une éventuelle hiérarchie entre ces différentes professions.

Les rapports entre professions dans les domaines de l’ornement, de l’architecture et de la construction

• La question de la répartition des tâches et de la division du travail sera ici centrale, et amènera à se demander quelle liberté était laissée ou non aux professionnels de l’ornement dans l’exercice de leur art (choix des sujets représentés, matériaux, techniques…) — ce qui soulève également la question du degré d’agentivité des commanditaires ;

• Cet axe amène aussi à étudier des cas de collaborations, entre individus (on pourra ainsi s’intéresser à des « duos » de professionnels), ou avec certaines entreprises ;

• D’autres questions techniques, comme celle du dépôt de brevet, pourront être abordées ;

• Enfin, on accordera une attention particulière aux différences ou convergences dans l’exercice matériel de ces professions (rémunération, lieux de travail…).

Les chaînes de production

• En lien avec le deuxième axe, on s’intéressera ici à la réalisation concrète des ornements (en atelier et/ou in situ), en interrogeant notamment le rôle du dessin (avec de possibles mises en regard de dessins d’ornements et de dessins d’architectes) ou du moulage ;

• Le sujet des déplacements et des circulations (d’acteurs, de matériaux, d’éléments de décor entiers…) — à l’échelle locale comme transnationale — tiendra donc une place de choix ;

• On étudiera bien entendu le développement, le rôle et la diffusion de catalogues, recueils d’ornements et autres pattern books — publications pouvant jouer un rôle clef dans le processus de construction, mais ayant aussi leur vie propre ;

• Ces questions, et notamment le passage au système du catalogue, amènent à interroger le décalage entre les conditions de production des décors d’élite et celles des ornements de bâtiments plus ordinaires ;

• De façon connexe, on pourra s’intéresser à la nature des sources disponibles pour documenter l’organisation concrète des chantiers — notamment en lien avec le développement de la photographie ;

• Les méthodes et conditions de travail des ouvriers et ouvrières (dans les ateliers et sur les chantiers) pourront ainsi également être étudiées.

Les contributions pourront porter sur une période contemporaine élargie, englobant le XVIIIe siècle et s’étendant jusqu’à nos jours. Le choix de cette chronologie se justifie par la volonté d’étudier de façon diachronique l’évolution des dynamiques professionnelles du champ, au cours d’une longue période marquée par trois phénomènes cruciaux : des changements marquants dans les mondes professionnels de l’architecture et de la construction (Picon, 1988 ; Woods, 1999 ; Decommer, 2017) ; le développement de la production en série des ornements (Nègre, 2006) ; et enfin, de fréquents débats autour de l’ornementation (Payne, 2012), tant au XIXe siècle qu’au tournant du XXe siècle ou au temps du post-modernisme architectural.

Toute aire culturelle et géographique est susceptible d’être étudiée. En effet, les questions relatives aux circulations invitent à réfléchir aux interactions spatiales — par exemple entre nations européennes et territoires colonisés. Ces questions font également écho au phénomène d’internationalisation de la culture architecturale Beaux-Arts, notamment sur le continent américain. Les propositions de communication comportant une dimension transnationale sont donc particulièrement encouragées.

Bibliographie sélective

• BÉDARD, Jean-François, Decorative Games. Ornament, Rhetoric, and Noble Culture in the Work of Gilles-Marie Oppenord (1672-1742), Newark, University of Delaware Press and the Rowman and Littlefield, 2011.

• BRUANT, Catherine, CALLAIS, Chantal, LAMBERT, Guy (dir.), Les architectes et la fonction publique. XIXe-XXIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2022.

• CECCARINI, Patrice, CHARVET, Jean-Loup, COUSINIÉ, Frédéric, LERIBAULT, Christophe (dir.), Histoires d’ornement, Paris/Rome, Klincksieck/Villa Médicis, 2000.

• COLLOMB, Michel, RAULET, Gérard (dir.), Critique de l’ornement de Vienne à la Postmodernité, Paris, Klincksieck, 1992.

• DECOMMER, Maxime, Les Architectes au travail. L’institutionnalisation d’une profession, 1795-1940, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.

• DE FINANCE, Laurence, LIÉVAUX, Pascal, Ornement : vocabulaire typologique et technique, Paris, Éditions du Patrimoine/Centre des monuments nationaux, 2014.

• DIENER, Amandine, Enseigner l’architecture aux Beaux-Arts (1863-1968). Entre réformes et traditions, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2022.

• DOBRASZCZYK, Paul, Iron, Ornament and Architecture in Victorian Britain: Myth and Modernity, Excess and Enchantment, Farnham, Ashgate, 2014.

• DURANT, Stuart, Ornament. From the Industrial Revolution to Today, New York, The Overlook Press, 1986.

• EDGAR, Brenda Lynn, Le motif éphémère : ornement photographique et architecture au XXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2021.

• GAYLE, Margot, GAYLE, Carol, Cast-Iron Architecture in America: The Significance of James Bogardus, New York, Norton, 1998.

• GRABAR, Oleg, The Mediation of Ornament, Princeton, Princeton University Press, 1992.

• HAMBURGER, Bernard, THIEBAULT, Alain, Ornement, architecture et industrie, Bruxelles, Mardaga, 1983

• ​​KÖRNER, Andreas, « Durabilité ornée. Crise climatique, articulations du temps et autres manifestations de la nature », Faces, n° 77, printemps 2020, p. 28-35.

• LENDING, Mari, Plaster Monuments: Architecture and the Power of Reproduction, Princeton, Princeton University Press, 2017.

• LUCAN, Jacques, Composition, non-composition. Architecture et théories, XIXe-XXe siècles, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, 2009.

• NECIPOGLU, Gülru, PAYNE, Alina (dir.), Histories of Ornament: From Global to Local, Princeton, Princeton University Press, 2016.

• NÈGRE, Valérie, L’ornement en série. Architecture, terre-cuite et carton-pierre, Bruxelles, Mardaga, 2006.

• NÈGRE, Valérie (dir.), L’Art du chantier : construire et démolir du XVIe au XXIe siècle, Paris/Gand, Cité de l’Architecture/Snoeck, 2018.

• PAYNE, Alina, From Ornament to Object: Genealogies of Architectural Modernism, New Haven, Yale University Press, 2012.

• PICON, Antoine, Architectes et ingénieurs au Siècle des Lumières, Marseille, Éditions Parenthèses, 1988.

• PICON, Antoine, L’ornement architectural. Entre subjectivité et politique, Lausanne, PPUR, 2016.

• PRINA, Daniela (dir.), L’architecture et l’urbanisme du long XIXe siècle en Belgique. Lieux, protagonistes, rôles, enjeux et stratégies professionnelles, Liège, Presses universitaires de Liège, 2020.

• RIPATTI, Anna, « Modernizing Architecture and Ornament on Mid-Nineteenth-Century Scandinavian Farms », Journal of the Society of Architectural Historians, 2019, vol. 78 , n° 1, p. 68-89.

• THIBAULT, Estelle, « Jules Bourgoin’s Theory of Ornament. Intuitive Geometry, Order and Permutations », Figurationen. Gender – Literatur – Kultur, 2020, n° 2, p. 90-106.

• UPTON, Dell, « Pattern Books and Professionalism: Aspects of the Transformation of Domestic Architecture in America, 1800-1860 », Winterthur Portfolio, 1984, vol. 19, n° 2/3, p. 107-150.

• VARELA BRAGA, Ariane, Une théorie universelle au milieu du XIXe siècle: “La Grammar of Ornament” d’Owen Jones, Rome, Campisano Editore, 2017.

• VÉZINAT, Nadège, « Une nouvelle étape dans la sociologie des professions en France », Sociologie [en ligne], 2010, vol. 1, n° 3. http://journals.openedition.org/sociologie/517 [consulté le 17 mars 2023]

• VIOLETTE, Zachary J., The Decorated Tenement, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2019.

• WOODS, Mary N., From Craft to Profession: The Practice of Architecture in Nineteenth-Century America, Berkeley, University of California Press, 1999.

Plus d’informations : https://www.inha.fr/fr/recherche/appels/appels-a-contributions/appels-en-cours/colloque-international-les-mondes-professionnels-de-l-ornement-d-architecture-acteurs-et-pratiques-du-xviiie-siecle-a-nos-jours.html
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2023_AC_COLL_ENG

 

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