Appel à communications : « Les formes visuelles du collectif à l’époque contemporaine » – Numéro 61 de Sociétés & Représentations
Louis Boulet et Margot Renard ont le plaisir de diffuser l’appel à communications du n°61 de la revue Sociétés & Représentations, dont ils assurent la coordination.
Le numéro est consacré aux formes visuelles du collectif à l’époque contemporaine. Vous trouverez ci-dessous le détail de l’appel, ainsi que les modalités de participation.
La date limite d’envoi est le 15 décembre 2024.
Argumentaire :
« Un des conflits les plus profonds inhérent au modernisme :
celui de la dialectique historique entre l’autonomie individuelle
et la représentation d’un collectif à travers des constructions visuelles. »[1]
Ce dossier de la revue Sociétés & Représentations examine la notion de collectif dans la culture et les arts visuels du XIXe au XXIe siècle. S’affranchissant des logiques de pensée par médium ou par discipline académique, il a pour objectif de traiter aussi bien la peinture que la photographie, la bande dessinée ou le cinéma, la sculpture, l’architecture, la danse ou le théâtre, et de faire dialoguer des chercheurs d’horizons variés. Il s’inscrit ainsi dans le champ des études visuelles comprises dans leur sens le plus large. Il s’adresse aussi à des artistes ou des chercheur‧es effectuant une recherche-création, des praticiens contemporains qui affrontent concrètement les problématiques que le dossier construira théoriquement. Dans cette logique transdisciplinaire, le dossier s’organisera en deux axes complémentaires, que ne recouvrent pas les distinctions entre médias :
- Le premier axe considère le collectif comme objet de représentation et s’intéresse au motif de la foule, du groupe et du multiple tel qu’il est traité dans les arts visuels.
- Le second axe s’intéresse au collectif en tant qu’acteur de la représentation et producteur des images.
De la représentation du collectif à la création à plusieurs, ces deux thèmes se recoupent largement en ce qu’ils s’inscrivent en faux à la fois contre le topos traditionnel de l’artiste comme génie autonome, et contre la figure visuellement omniprésente de l’individu comme incarnation ou allégorie du collectif, qu’il remplace trop souvent. En outre, la question du collectif touche nécessairement celle des valeurs, des perceptions et des idées collectives qui le traversent et le constituent : représentations collectives, au sens exprimé par Émile Durkheim[2], les « formes du collectif » prennent alors un sens directement politique et affrontent la question même de ce qui nous unit et de ce qui nous distingue.
L’intérêt de la recherche comme du grand public pour la problématique collective est patent ces dernières années. Pourtant, si la recherche récente semble envisager la question des collectifs de manière complète et transdisciplinaire, considérant la construction visuelle des formes du collectif non comme un fait implicite ou périphérique à la culture politique, mais comme un phénomène à part entière.
Le dossier aborde ainsi des questions très actuelles : les événements contemporains, tant politiques et sociaux que scientifiques ou culturels, révèlent des questionnements urgents sur la possibilité ou l’impossibilité de faire « corps collectif » et sur les moyens de le faire exister. Dans ce cadre, les arts visuels à la fois reflètent et participent à cette quête de collectif et de lien qui traverse la plupart des sociétés modernes. Ce dossier invite donc à examiner la question à travers plusieurs thèmes :
Tout d’abord, il restituera les tentatives de représentations du collectif sur le temps long de la période contemporaine, depuis les révolutions atlantiques jusqu’à aujourd’hui (XIXe-XXIe siècles). Qu’il soit montré dans ses pratiques sociales urbaines, comme peuple à guider, pour visibiliser les revendications de minorités, le collectif appelle toujours une iconographie du multiple voire de l’anonyme qui ne va pas de soi dans la production visuelle, et qui sert des objectifs divers et souvent politisés.
Ensuite, il s’agirait d’examiner les projets artistiques collectifs, en s’intéressant aux pratiques artistiques de groupe et à leurs enjeux. Des propositions sur la création collective dans le milieu de l’illustration et de la bande dessinée et dans le milieu de l’architecture seraient particulièrement bienvenues.
Notre projet s’inscrit également dans une histoire et une actualité des réflexions et des mouvements politiques et sociaux. À l’heure de l’urgence écologique et d’une globalisation toujours plus forte des problématiques géopolitiques, la représentation de notre appartenance à une communauté humaine universalisée et les modalités de son organisation collective, ou au contraire celle des projets de dissociations communautaires, est peut-être une des plus actuelles que l’on puisse concevoir. Plus proche de nous, la multiplication des luttes pour la reconnaissance des identités sociales, culturelles ou sexuelles offre un terrain nouveau aux réflexions sur la figuration du collectif comme force politique, interrogeant sur la place du visuel dans ces luttes et de son instrumentalisation politique dans la constitution symbolique d’un collectif.
Enfin, il s’agirait aussi d’examiner la question sous l’angle épistémologique en faisant de cet enjeu un axe central de cet appel : comment écrire l’histoire des représentations et des pratiques collectives, parfois anonymisées ou invisibilisées ? Quels sont les enjeux et les obstacles rencontrés par les chercheurs et chercheuses sur cette question ?
Coordination du numéro
Louis Boulet (université Gustave Eiffel)
Margot Renard (université de Tours)
Instructions et calendrier
Les propositions d’articles comprenant un résumé d’environ 300 mots (environ 2000 signes) ainsi qu’une rapide notice biographique sont à faire parvenir aux directeurices du numéro au plus tard le 15 décembre 2024 :
Louis Boulet : louis.boulet@univ-eiffel.fr
Margot Renard : margot.renard@ugent.be
- Les articles proposés doivent avoir un caractère totalement inédit.
- Les résultats de la sélection des propositions seront annoncés le 15 janvier 2025 avec les recommandations éditoriales.
- Les textes des articles d’une taille d’environ 30.000 à 40.000 signes incluant notes et bibliographie, seront à remettre pour le 15 mai 2025. Vous pouvez rédiger votre article en français ou en anglais.
- Les textes seront soumis à évaluation en double aveugle pour acceptation, corrections (mineures ou majeures) ou refus. Les retours d’évaluations se feront au plus tard le 7 juillet 2025.
- La version définitive des textes avec l’ensemble du paratexte (figures avec cessions de droits iconographiques, légendes, résumés, bios et mots-clés) est à rendre au plus tard le 15 octobre 2025.
[1] « […] one of the most profound conflicts inherent in modernism itself: that of the historical dialectic between individual autonomy and the representation of a collectivity through visual constructs », Benjamin Buchloch, « From Faktura to Factography », October, n° 30, 1984, p.114. Nous traduisons. L’auteur évoque ici la transformation du modernisme soviétique de Lissitkzy ou Rodchenko en arme de propagande massive.
[2] Voir notamment Les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912), Paris, PUF, 2013.
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