Appel à contributions | Studiolo #21

Mounira al Solh, A Dance with Her Myth, 2024
aquarelle, marqueur, fusain, encre, acrylique, pastels à l’huile et papier cousu sur papyrus
Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Sfeir-Semler Beyrouth/Hambourg
Numéro #21 de Studiolo
Revue d’histoire de l’art
DOSSIER : EUROPE
Date limite de remise des articles : 30 juin 2025
Parution : Printemps 2026
Publiée par l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, Studiolo est une revue annuelle d’histoire de l’art dédiée à la production artistique et la circulation des images entre l’Italie, la France, l’Europe et le Monde, de la Renaissance à nos jours. Elle constitue un espace ouvert aux recherches les plus actuelles qui occupent toutes les disciplines de l’histoire de l’art, tant dans ses objets que dans ses méthodes.
Chaque numéro comporte un dossier thématique et des rubriques : Varia, ouverte aux propositions hors thème ; Débats, consacrée à l’historiographie ; Villa Médicis, histoire et patrimoine portant sur l’histoire de l’Académie de France à Rome ainsi que sur les activités et les chantiers de restaurations suivis par le département d’histoire de l’art. Enfin, dans Champ libre, Studiolo ouvre ses pages aux pensionnaires de l’année en cours.
Dossier : EUROPE
Au cours de ces dernières années, l’Europe a été au centre d’événements socio-politiques qui ont dangereusement ravivé les spectres du « Vieux Continent », faisant ressortir une multiplicité de tensions qui remettent en question, une fois de plus, la dimension historique, géographique et administrative de cet espace aux multiples définitions. Le numéro #21 de la revue Studiolo invite à actualiser la réflexion critique sur l’Europe dans les arts, en favorisant un dialogue transdisciplinaire ainsi qu’en privilégiant des lectures qui soulignent le caractère complexe et contradictoire d’un espace et d’un imaginaire en perpétuelle transformation.
Le terme « Europe », comme on le sait, ne se limite pas à une définition strictement géographique, mais trouve avant tout son origine dans la mythologie grecque. Celle-ci raconte l’histoire d’une jeune princesse phénicienne nommée Europe, enlevée par Zeus métamorphosé en taureau et emmenée sur l’île de Crète. C’est là qu’elle met au monde trois fils, accède au statut de reine et devient ancêtre d’une nouvelle lignée. De ce mythe semblent se dégager au moins deux aspects fondamentaux, confirmés par Horace dans les Odes (III, 27) : la violence et l’utopie. Horace décrit une Europe à la fois en pleurs, déplorant la violence qui lui a été infligée par le taureau (sans savoir encore qu’il s’agit de Jupiter) et fondatrice d’une nouvelle dynastie. Elle est en effet associée à l’origine de la Crète et prédestinée par Aphrodite à « léguer son nom à la moitié du monde ».
Ce n’est que plus tard qu’Europe sera identifiée à un territoire ou à l’une des trois parties du monde. À partir du XVe siècle, on observe une diffusion croissante des allégories et des personnifications dans lesquelles la figure mythologique se voit associée au continent homonyme, engendrant ainsi un véritable glissement et une superposition de caractéristiques, de traits et d’attributs. Ces iconographies vont de pair avec une multiplication de représentations visuelles et littéraires qui révèlent les aspects culturels, politiques, idéologiques et historiques de l’Europe. Cependant, les frontières de ce territoire demeuraient indéfinissables, au point que personne, en réalité, ne pouvait en délimiter précisément l’étendue.
Le prochain numéro de Studiolo invite à la réflexion, notamment à travers trois perspectives distinctes :
Images et imaginaires
Si le plus célèbre éventail iconographique suggère d’associer la personnification spatiale de l’Europe avec Athéna-Minerve, déesse de la guerre et de la paix, ainsi qu’avec la personnification de Rome, à savoir la déesse Roma, il est intéressant d’élargir l’analyse aux formes et aux pensées visant à incarner l’aspect le plus utopique de cette figure et de ses allégories.
En effet, c’est souvent autour de l’idée de force que gravitent représentations, récits et illustrations, qu’ils traitent du mythe ou du territoire. Comment la violence contenue dans les utopies véhiculée par ces images (cartographiques, symboliques, allégoriques, etc.), et ces textes (récits, traités, essais, manifestes, etc.), est-elle exercée ? Peut-on appliquer ces réflexions, par exemple, à d’autres corpus d’objets, de biens ou de matériaux ? Quelles visions du futur se reflètent dans ces images, ou dans d’autres, de l’Europe ? Que révèlent-elles des rapports de pouvoir ? Et enfin, comment contribuent-elles à la construction du discours eurocentré ? Quels regards et représentations viennent le remettre en question ?
Concepts et représentations
L’imaginaire de l’Europe est toutefois bien plus varié que ne le laissent penser les seules figures mythologiques ou les personnifications du continent, car il constitue également l’expression d’un noyau davantage conceptuel. Face à l’essor des empires et des nations, ou aux découvertes scientifiques et religieuses, l’Europe a enraciné ses fondements sur un ensemble de valeurs, parmi lesquelles le mythe du progrès et une prétendue émancipation de l’individu. De là sont nés des groupes, des mouvements, des alliances et des courants de pensée qui ont participé, de manière assertive ou critique, à ce projet.
Quel est le rôle de l’art dans la diffusion et le développement de l’idée d’une « modernité » européenne ? Comment cet élan à saveur utopique se traduit-il dans la production artistique et dans les discours sur l’art ? Dans l’architecture et les recherches synesthésiques ? Quelles sont les illusions ou les désillusions auxquelles artistes et intellectuels ont dû – ou doivent encore – faire face ? Enfin, quel rôle jouent les représentations artistiques des peuples, des religions, des paysages et des animaux dans la lutte perpétuelle entre États rivaux et opposés pour une domination mondiale ?
Au-delà du mythe
Dans la première moitié du XXe siècle, Antonio Gramsci affirmait de manière utopique que « si dans X ans cette union [européenne] est réalisée, le mot “nationalisme” aura la même valeur archéologique que l’actuel “municipalisme” ». On assiste, au contraire, à un dangereux repli sur une conception exacerbée de la nation et de la culture nationale, mettant en question le mythe d’une union supranationale. Il en résulte une reconsidération globale des relations entre l’art, les artistes et les mythes d’Europe. Que reste-t-il de l’idée même d’une conscience culturelle européenne ? Comment l’écriture de l’histoire de l’art européen est-elle abordée aujourd’hui d’un point de vue historiographique ? Quels sont les discours ou les contre-discours qui la caractérisent ? Comment analyser, de manière plus générale, le rôle joué, par exemple, par les révolutions ou les avant-gardes dans l’illusion d’une érosion des schémas et des frontières ? Que nous révèle l’histoire des expositions (grands événements muséaux, biennales, triennales, etc.) sur les diverses approches du concept d’Europe ?
Partant de la tension entre utopie et violence, illusion et désillusion présentes dans les mythes, concepts et représentations de l’Europe, ce dossier thématique, qui s’ouvre à des perspectives diachroniques, propose d’explorer un large éventail de significations à travers des approches méthodologiques et historiques multiples.
Nous avons le plaisir d’annoncer que Jana Graul, enseignante à l’Université de Hambourg et responsable d’un projet de recherche sur l’imaginaire de l’Europe dans les représentations artistiques et les discours sur l’art, a été invitée à co-diriger la section thématique du numéro #21 de Studiolo, consacré à l’EUROPE.
Les articles peuvent être publiés en trois langues, français, italien et anglais, et doivent être inédits. Dans les rubriques Dossier, Varia et Débats, les articles doivent être compris entre 30 000 et 65 000 signes (espaces et notes comprises). Dans la dernière rubrique Villa Médicis, histoire et patrimoine, ils doivent être compris entre 10 000 et 45 000 signes (espaces et notes comprises). Les œuvres reproduites doivent être fournies par les auteurs et libres de droits.
Les auteurs devront se charger de mettre en forme leur article selon les normes éditoriales.
L’article doit être accompagné d’un résumé de 800 signes environ et d’une biographie de l’auteur de 800 signes également présentant ses fonctions, ses recherches en cours et ses publications récentes, et complété par son adresse électronique. Ce résumé et cette biographie sont transmis dans un document distinct.
Tous ces documents sont à envoyer par courriel, au format Word, à Patrizia Celli, secrétaire de rédaction : patrizia.celli@villamedici.it.
Remise des articles : 30 juin 2025
Parution : Printemps 2026
Directeur de la publication : Sam Stourdzé
Rédacteurs en chef : Francesca Alberti et Alessandro Gallicchio
Comité de rédaction
Marc Bayard (Mobilier national), Diane H. Bodart (Columbia University), Olivier Bonfait (Université de Bourgogne), Luisa Capodieci (Université de Lorraine, CRULH, Nancy), Stefano Chiodi (Università Roma Tre), Frédéric Cousinié (Université de Rouen Normandie), Ralph Dekoninck (Université de Louvain), Jérôme Delaplanche (Centre des monuments nationaux), Antonella Fenech (CNRS / Centre André Chastel), Elena Fumagalli (Università degli Studi di Modena e Reggio Emilia), Sophie Harent (Musée national Magnin, Dijon), Michel Hochmann (EPHE, Paris), Anne-Violaine Houcke (Université Paris-Nanterre), Dominique Jarrassé (Université de Bordeaux Montaigne ; École du Louvre), Annick Lemoine (Petit Palais – musée d’art moderne de la Ville de Paris), Maria Grazia Messina (Università degli Studi di Firenze), Patrick Michel (Université Charles de Gaulle – Lille 3), Philippe Morel (Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne), France Nerlich (Université de Tours ; CRR Daniel Marchesseau, musée d’Orsay), Patricia Rubin (Institute of Fine Arts, New York University), Maddalena Scimemi (Università Roma Tre), Tiziana Serena (Università degli Studi di Firenze), Anne-Elisabeth Spica (Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), Giovanna Zapperi (Université de Genève)
Coordination éditoriale : Cecilia Trombadori
Secrétariat de rédaction : Patrizia Celli
Design graphique : Schaffter Sahli
Éditeur : Éditions Macula
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