Appel à communication : « Les arts du Moyen Âge et de la Renaissance du XIXe siècle : réception, collectionnisme et ré-interprétations » (Paris, 8-10 décembre 2025)
Ces deux journées d’étude sont organisées par Daniele Rivoletti (Université Clermont Auvergne/Institut universitaire de France), Frédéric Tixier (Université de Lorraine, Nancy) et Christine Descatoire (musée de Cluny-musée national du Moyen Âge), et se tiendront à Paris (musée de Cluny et Institut National d’Histoire de l’art) les 8 et 9 décembre 2025. Elles sont en lien avec l’exposition Le Moyen Âge du XIXe siècle. Créations et faux dans les arts précieux, qui aura lieu au musée de Cluny du 7 octobre 2025 au 11 janvier 2026 (commissaires : Christine Descatoire et Frédéric Tixier) et avec le projet de recherche Une histoire patrimoniale transnationale de la sculpture du Quattrocento, financé par l’Institut universitaire de France (porteur : Daniele Rivoletti). Une troisième journée – le 10 décembre – est en cours d’élaboration en partenariat avec le Louvre-Lens et la New York Medieval Society. Celle-ci prendra la forme d’un workshop et d’une visite de l’exposition Gothiques du Louvre-Lens.
Les problématiques qui seront développées lors de ces journées d’étude visent à compléter et surtout à faire redécouvrir un pan encore mal connu de la réception des arts du Moyen Âge (Ve-XVe s.) et de la Renaissance (XVe-XVIe s.) au cours d’un long XIXe siècle. La temporalité choisie pour cette exploration débutera à partir des années 1820-1830 lorsque les mouvements « néo » médiéval et Renaissance émergent pour s’achever à l’aube de la Première Guerre Mondiale.
Si l’architecture ou encore la peinture ont été interrogées par les courants du néo-médiéval ou du néo-Renaissance, la sculpture, les arts décoratifs au sens large ou encore les artsgraphiques ont été moins questionnés.
Dès lors, cet événement scientifique souhaite ouvrir de nouvelles pistes de recherche sur la sculpture, sur les arts décoratifs et sur les arts graphiques du Moyen Âge et de la Renaissance, notamment en ce qui concerne l’histoire des techniques, du goût, du collectionnisme ou encore de la culture visuelle des artistes/artisans au cours du XIXe siècle.
De même, le processus de patrimonialisation des artefacts de ces deux périodes historiques ne sera pas oublié dans la mesure où il s’est déroulé sur un temps long (qui couvre une grande partie du XIXe et du début du XXe siècle) et à une échelle géographique très large, marquée par un fort polycentrisme : Florence, Berlin, Londres et Paris participèrent en effet, à faire de ces objets des biens à forte valeur symbolique, culturelle et économique. Par leur nature même, ces journées d’étude appellent donc une perspective d’histoire transnationale de l’art. Cet élargissement de la carte est précieux dans la mesure où il fait ressortir d’emblée des décalages culturels porteurs de sens : par exemple, pourquoi, dans l’Europe du XIXe siècle, une même œuvre a pu être convoitée ou dépréciée selon son déplacement d’un pays à un autre ? Que nous dévoilent ces asynchronismes ? L’extension du champ géographique au-delà des frontières nationales se doublera d’une deuxième dilatation du terrain, puisque les institutions muséales et le marché de l’art du XIXe siècle seront explorés en parallèle.
Les communications pourront interroger un ou plusieurs points suivants, la liste n’étant pas exhaustive, ni même hiérarchisée :
• Les passerelles entre les catégories de la sculpture et des arts décoratifs : aux yeux des publics du XIXe siècle, quelle fut la place des statuettes-reliquaires d’orfèvrerie, des petits bronzes, des plaquettes, voire de certaines productions d’orfèvres-sculpteurs (tels Lorenzo Ghiberti ou Antonio del Pollaiolo) ? La hiérarchie et le système des arts ont-ils été profondément différents selon les contextes (les musées, les expositions temporaires, les collections particulières), les pays et les temporalités du XIXe siècle ?
• L’usage de vocabulaires spécifiques pour définir ces œuvres du Moyen Âge et de la Renaissance au XIXe siècle (arts majeurs, arts nobles d’une part, arts mécaniques, arts décoratifs, arts mineurs de l’autre) et leur périodisation (« Haute Époque »).
• La patrimonialisation des sculptures, des arts décoratifs et des arts graphiques, à savoir leur inscription dans un canon artistique ayant une valeur symbolique forte, si possible en mettant en valeur les obstacles ayant entravé ce processus.
• Le rôle du statut patrimonial d’une œuvre dans l’orientation de la démarche du restaurateur.
• Les nombreux acteurs du marché de l’art qui contribuèrent à diffuser ce goût pour la sculpture, pour les arts décoratifs et pour les arts graphiques du Moyen Âge et de la Renaissance au XIXe siècle : antiquaires, collectionneurs et/ou marchands, restaurateurs, commissaires-priseurs … Peut-on également tenter de retracer des réseaux d’intermédiaires dans l’apparition de ce commerce d’art dans ou à l’extérieur du territoire européen ?
• Le statut des collections privées et l’émergence des premières grandes collections publiques.
• Les liens entre la restauration d’objets et la production d’œuvres dans le style médiéval ou renaissant ; de même peut-on interroger la culture visuelle et la pratique artistique des « restaurateurs ».
• Les notions de copie, de pastiche, d’œuvre composite ou encore de faux ; quels liens peut-on identifier entre commanditaires, restaurateurs, artistes et/ou faussaires ?
• Le rapport du modèle avec sa copie ou l’œuvre qui s’en inspire mais aussi les questionnements de hiérarchie ou encore du recours au canon.
• L’émergence d’un style « national » dans un XIXe siècle des nationalités et les débats ou polémiques qui en résultent.
• La périodisation : au XIXe siècle, quelles périodes et quelles figures incarnèrent-elles un style considéré comme représentatif du Moyen Âge ou de la Renaissance ? Les périodisations de la sculpture, des arts décoratifs et des arts graphiques ont-elles parfois été conçues à partir d’un schéma mis au point pour d’autres arts, comme la peinture ou l’architecture ?
Les communications dureront entre 20 et 30 minutes ; la longueur sera précisée ultérieurement par les organisateurs.
Pour les intervenants qui le nécessitent, l’hébergement et le transport seront pris en charge dans la mesure du possible.
Veuillez envoyer un résumé de 2500 signes maximum accompagné d’un court CV de deux pages à daniele.rivoletti@uca.fr, à frederic.tixier@univ-lorraine.fr et à christine.descatoire@culture.gouv.fr au plus tard le 12 juillet 2025. Les propositions seront analysées par le comité scientifique et une réponse sera donnée au début du mois d’août 2025.
Comité scientifique :
Gillian ADLER, Associate Professor of Literature and Chair in Humanities, Sarah Lawrence College, New York
Marion BOUDON-MACHUEL, directrice du Département des études et de la recherche, Institut national d’histoire de l’art, Paris
Simonetta CASTRONOVO, conservatrice, Palazzo Madama, Turin
Christine DESCATOIRE, conservatrice générale, musée de Cluny, Paris
Julien DE VOS, directeur du Service des musées provinciaux et du patrimoine culturel namurois, Namur
Rossella FROISSART, directrice d’études, EPHE, Paris
Séverine LEPAPE, directrice, musée de Cluny, Paris
Florian MEUNIER, conservateur en chef, Musée du Louvre, Paris
Daniele RIVOLETTI, maître de conférences, Université Clermont Auvergne, Clermont-Ferrand
Neville ROWLEY, conservateur, Gemäldegalerie, Berlin
Frédéric TIXIER, maître de conférences, Université de Lorraine, Nancy
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