Appel à communication : journée d’étude et table ronde internationales
Institut national d’histoire de l’art et École nationale des chartes
28-29 novembre 2024, Paris
Cette journée d’étude porte sur les archives de l’archéologie, comprises comme le tremplin d’une histoire sociale, politique et culturelle renouvelée de cette discipline. En France, un regard nouveau sur les archives de l’archéologie émerge sous l’impulsion du projet Archives of European Archaeology (AREA) financé par la commission européenne de 1998 à 2008, et hébergé à l’INHA[1]. Depuis divers projets en France et ailleurs[2] consacrés aux sources de l’archéologie ont permis d’esquisser une première définition de ce que représentent les archives en question, ainsi que de souligner la diversité et la pluralité des supports, la multiplicité des informations historiques qu’elles contiennent et les nombreux usages qui peuvent en être faits. Les archives de l’archéologie recoupent non seulement les documents scientifiques produits au cours de recherche sur le terrain, en musée ou en laboratoire, mais aussi ceux de son administration et des divers acteurs qui s’engagent aux différentes étapes de sa pratique, jusqu’à sa dissémination. Exploitées tant par les archéologues et les historiens que les anthropologues et les sociologues, ces sources sont désormais au cœur de différents projets de recherches et de numérisation, tout en faisant l’objet de conférences, de journées d’études et de publications[3].
Le développement de l’intérêt et du rapport aux archives depuis plus d’une vingtaine d’années a permis une plus grande appréhension et exploitation des archives de l’archéologie. En effet, les histoires de la discipline s’appuient sur des archives plurielles conservées dans des fonds publiques ou privées. Celles-ci se sont aussi étendues dans l’espace permettant une approche davantage internationale et connectée de la discipline, notamment lorsqu’elle est pratiquée dans des espaces coloniaux et impériaux[4]. À cette ouverture géographique s’ajoute celle qui consiste à interroger des facettes de l’histoire de la discipline jusqu’à présent marginalisées ou à éclairer des acteurs de la discipline restés dans l’ombre ou du moins dans les marges des archives – et de l’histoire – tels que les femmes, les employés des chantiers archéologiques ou des administrations et les acteurs non-professionnels de la discipline[5]. En somme, la prise en compte et la valorisation de la multiplicité et de la pluralité des archives de la discipline reflètent réciproquement les multiples « situations archéologiques » à travers le temps et l’espace. Leurs usages permettent ainsi de renouveler et d’étendre cette histoire sociale, politique et culturelle de l’archéologie.
Ces recherches bénéficient de l’intérêt et des réflexions que portent les archivistes, les conservateurs et les archéologues à leurs archives. En effet, la collecte, le traitement, la conservation et la transmission des archives de l’archéologie conduisent à créer des relations nouvelles avec les sources actuelles et du passé[6]. Cette réflexion sur les archives au sein des institutions qui en sont les détentrices, mais aussi par leurs producteurs, ouvre un autre champ de questionnements sur l’histoire des collections, sur les lieux où sont entreposées les archives mais aussi sur les acteurs de leur production à leur conservation. Bénéficiant du tournant archivistique, cette approche historique des archives de l’archéologie conjuguée avec l’étude de leur conditions présentes, pousse à décentrer nos regards et à dépasser des cadres d’analyse qui se sont imposés jusqu’à peu aux historiens de la discipline.
Les contributions pourront s’inscrire dans les trois axes suivants :
1) Histoires et trajectoires des archives de l’archéologie
Les contributeurs sont invités à présenter l’histoire de fonds d’archives de l’archéologie depuis la production de la documentation archéologique jusqu’à leur mise en archive, tout en décrivant leur état actuel et leurs conditions d’accès. Les interventions peuvent se pencher sur le rôle du producteur et/ou des acteurs qui ont eu la charge de leur traitement et transmission. Ces présentations pourront se combiner avec une réflexion sur la manière dont cette histoire des archives – comme objet, et non seulement comme source – contribue à celle de la discipline.
2) Nouveaux terrains, nouvelles archives ? Au-delà de l’archive de fouilles
Cet axe, complémentaire du premier, a pour objectif d’offrir une place aux archives conservées dans des lieux qui ne sont pas nécessairement associés à l’exercice de l’archéologie, tels que des fonds d’institutions religieuses, des archives diplomatiques, des archives familiales. Des contributions portant sur des fonds d’archives conservés hors de l’Europe, ou sur des chantiers extra-européens sont encouragés.
3) (Re)lire les archives pour sortir des marges
Ce dernier axe vise à donner de la visibilité aux histoires de l’archéologie au prisme d’autres historiographies, dont les études subalternes, sur le genre, post-coloniales ou des historiographies des religions, coloniales. Les contributions accorderont une place importante au rôle des sources et à leurs usages pour engager ce dialogue.
Calendrier :
– Merci d’envoyer vos propositions (maximum 2000 signes, suivi de 5-6 mots clefs et de 3 lignes maximum de biographie), en français ou en anglais, à chloe.rosner@inha.fr, avant le 20 mars 2024
– Les communications retenues seront annoncées le 20 avril 2024
Organisation : Chloé Rosner
Comité scientifique :
Cécile Colonna, INHA ; Clémentine Gutron, CNRS ; Artemis Papatheodorou, Early Career Fellow Center for Hellenic Studies Harvard University ; Nathan Schlanger, École nationale des chartes
[1] Schnapp, Alain, Schlanger, Nathan et Levin, Sonia, Archives de l’archéologie européenne (Area) Pour une histoire de l’archéologie française, Nouvelles de l’archéologie, n°110, 2007, p. 5-8.
[2] Voir entre autres le projet : NAHAN – North African Heritage Archives Network ou les publications de : Rubina, Raja (éd.), Shapping archaeological Archives: Dialogues between fieldwork, museum collections and private archives, Turnhout, Brepols, 2023 ; Rubina, Raja et Bobou, Olympia (éd.), Archival Historiographies. The impact of 20th century legacy data on archaeological investigations, Turnhout, Brepols, 2022 ; Baird, Jennifer et McFadyen, Lesley, Towards an archaeology of archaeological archives, Archaeological Review from Cambridge, vol. 29, n° 2, 2014, p. 14-32.
[3] On peut aussi citer : le séminaire du laboratoire TRACES « Statuts et usages des archives de l’archéologie » ; la conférence « Quand l’archéologie construit ses archives » organisés au musée d’Archéologie nationale en 2017 ; le programme autour du fonds de trois générations d’archéologues Poinssot conduit à l’INHA – Dondin-Payre, Monique, et al. (éd.). Autour du fonds Poinssot: Lumières sur l’archéologie tunisienne (1870-1980), Paris, INHA, 2017 et l’école thématique : les archives de l’archéologie au Maghreb (2022) aux archives nationales de Tunisie. Parmi de nombreux projets numériques, on peut citer le projet sur les archives du site préhistorique d’Arcy-sur-Cure (2ARC).
[4] Entre autres : Nanta, Arnaud, L’archéologie japonaise en Corée coloniale : Trajectoires, terrains et représentations, Hespéris Tamuda, vol. 57, n°2, 2022, p. 555-584 ; Habu, Junko, Fawcett, Clare, et Matsunaga John (dir.), Evaluating Multiple Narratives: Beyond Nationalist, Colonialist, Imperialist Archaeologies, New York, Springer Link, 2008 ; Schlanger, Nathan, Gutron, Situations archéologiques, expériences coloniales, Les nouvelles de l’archéologie, n° 128, 2012, p. 41-46 ; Gutron, Clémentine, L’archéologie en Tunisie (XIXe-XXe siècles). Jeux généalogiques sur l’Antiquité, Paris, Karthala, 2010 ; Díaz-Andreu, Margareta, A world history of nineteenth-century archaeology: nationalism, colonialism, and the past, Oxford, Oxford University Press, 2017; Effros, Bonnie, et Lai, Guolong (éd.), Unmasking ideology in imperial and colonial archaeology : vocabulary, symbols, and legacy, Los Angeles, Cotsen Institute of Archaeology Press, 2018.
[5] Díaz-Andreu, Margarita et Stig Sorensen, Marie Louise, Excavating Women A History of Women in European Archaeology. Routledge, 1998 ; Quirke, Stephen, Hidden Hands: Egyptian Workforces in Petrie Excavation Archives, 1880–1924, Londres,Duckworth, 2010 ; Mickel, Allison, Why Those Who Shovel are Silent: A History of Local Archaeological Knowledge and Labor, Boulder, University Press of Colorado, 2021.
[6] Marlet, Olivier, et al. Le Livre Blanc du consortium Mémoires des Archéologues et des Sites Archéologiques : Guide des bonnes pratiques numériques en archéologie, 2022. Rimelen, François et Montagne-Bôrras, Aurélie, Gérer les archives de missions archéologiques françaises à l’étranger à la Maison Archéologie & Ethnologie René-Ginouvès, Les nouvelles de l’archéologie,n° 145, 2016, 12-17 ; 8 ; Stahl, Marie et Schirr, Lucie, Les archives de l’archéologie : définition, législation, état des lieux, Archimède, vol. 2, 2015, p. 9-19.
Lien vers l’appel sur le site de l’INHA
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.