Appel à communication : atelier de recherche international « Les expositions universelles à Paris – (re)productions d’art et de mode » (Paris, 19 mars 2020)

Appel à communication : atelier de recherche international « Les expositions universelles à Paris – (re)productions d’art et de mode » (Paris, 19 mars 2020)

Organisé par le Centre allemand d’histoire de l’art (DFK Paris) en coopération avec la Technische Universität Darmstadt

Date limite pour l’envoi des candidatures :
31 octobre 2019

Au total, cinq expositions universelles se sont déroulées à Paris dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle. Dans ce contexte de festival des réussites de l’industrie, les ouvrages de l’art et de la mode en lien étroit avec les procédés de production en série se sont retrouvés au centre de l’attention. La présentation d’innovations techniques dans le domaine de la reproduction, comme la photographie, les techniques d’impression, les articles de confection, les techniques de tissage, etc. a impulsé des procédés essentiels de commercialisation de l’art et de la mode. Lors de l’exposition universelle de 1855 à Paris, l’industrie textile et vestimentaire figurait ainsi en bonne place au palais de l’industrie, où elle était représentée comme une section à part entière aux côtés de produits industriels proprement dits ainsi que de machines et appareils. Outre les métiers à tisser les plus récents, on y exposa la première machine à coudre de Singer, maillon intermédiaire entre le travail à domicile et la production textile de masse, entre travail manuel et automatisation. Le fabricant de vêtements parisien Opigez-Gagelin & Cie présenta pour la première fois lors de cette même exposition des modèles de coupes appelés « modèles reproducteurs », et obtint la médaille du Grand Prix pour ses robes de prêt-à-porter uniques en leur genre en France. Lors de ces expositions universelles, cette mode désormais également accessible aux classes bourgeoises était présentée par des femmes, lesquelles occupaient une place importante en tant que consommatrices de ce secteur, et qui devinrent le sujet favori des impressionnistes. Ceux-ci élevèrent les hommes et les femmes habillés à la mode au rang de motif digne d’intérêt artistique, qu’ils combinèrent avec l’architecture de fer novatrice des expositions universelles, des boulevards parisiens, et ultérieurement du métro ― également inauguré dans le contexte de l’exposition universelle de 1900 et dont les accès de stations affichaient un style résolument art nouveau. Les impressionnistes s’approprièrent également les débats de mode passionnés qu’accueillaient les médias imprimés comme L’Art et la Mode ou encore La Vie Parisienne, reprenant parfois directement les gravures de mode qui y figuraient dans leurs tableaux. Ainsi, l’impressionnisme et les magazines populaires ont eu une part non négligeable dans l’établissement de Paris comme capitale de la mode et des arts.
Dans les grands magasins parisiens, qui s’implantèrent eux aussi en même temps que les expositions universelles, on pouvait non seulement acheter des vêtements de prêt-à-porter issus de l’industrie de la mode, mais aussi des reproductions d’œuvres d’art (tableaux ou sculptures) dans différents formats. Les expositions universelles étaient en outre le théâtre de débats sur l’esthétique des matériaux et sur les rapports entre l’original et la copie ; l’objet d’art en tant que produit de l’industrie y était à la fois célébré et critiqué. Un grand nombre des objets et œuvres d’art présentés lors des expositions universelles se retrouva dans les musées récemment créés. Il en va de même pour les objets ethnographiques, qui rejoignirent les musées d’ethnologie ou « coloniaux » comme on les appelait. Ainsi, le Palais du Trocadéro fut édifié pour l’exposition universelle de 1878 à Paris, et ses salles accueillirent ensuite un musée ethnographique dont les collections allaient constituer la base du fonds du Musée de l’Homme.
Outre l’accumulation d’objets à vocation encyclopédique et didactique, les expositions universelles du XIXe siècle et du début du XXe siècle ont permis de générer, à partir des domaines de la technologie, des machines, de l’artisanat d’art, de l’image artistique, de l’ethnographie et des modes de représentation, un savoir synthétique sur le monde que des artefacts de tous les pays rendaient visibles et appréhensibles. Les reproductions à échelle réduite des habitations, villages et rues de la « province » ou des « étrangers » (des colonies) constituaient les coulisses du « spectacle de l’autre » (Stuart Hall), lequel était mis en scène comme un contraste folklorique et dont la réception était prise en charge par des artistes en quête d’une langue formelle « moderne ». Les costumes présentés peuvent être regardés comme des contre-images régionales et coloniales qui accentuaient la modernité de la métropole parisienne.

Cette journée d’études sera l’occasion de s’interroger sur le rôle des expositions universelles parisiennes en tant qu’interface entre art et production en série, et sur la façon dont l’art et la mode de ces expositions ont contribué à établir Paris comme capitale artistique et de la mode. Les questions relatives aux imbrications coloniales qui apparaissent dans la mode et la production textile devront en particulier être abordées. Il s’agira également de réfléchir aux rapports entre modernité et cultures de masse, aux interactions réciproques entre objet du quotidien et production artistique ainsi qu’aux stratégies d’exposition et de muséalisation.
Nous attendons des propositions de communication qui relient les différents domaines que sont l’art, l’artisanat d’art, la mode et la technologie. Les exposés devront durer une vingtaine de minutes et être en anglais. Nous vous remercions de nous faire parvenir vos résumés (500 mots maximum) ainsi qu’un bref CV (1000 signes maximum) d’ici le 31 octobre 2019 à l’adresse suivante: oesterreich@mode.tu-darmstadt.de

Conception et direction :
Buket Altinoba, Universität Regensburg,
Alexandra Karentzos, TU Darmstadt,
Thomas Kirchner, DFK Paris,
Miriam Oesterreich, TU Darmstadt

Lieu :
Centre allemand d’histoire de l’art Paris
Hôtel Lully
45, rue des Petits Champs
F-75001 Paris

Lien vers l’appel à communications sur le site du DFK Paris

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