Nous commençons par établir la différence entre la description en tant qu’art de l’espace visant le Tout et le récit en tant qu’art du temps où chaque élément apparaît au fur et à mesure.
La description dans l’épopée joue sur l’émotion en apportant du réel car elle doit illustrer l’aristeia, c’est-à-dire des qualités supérieures telles que l’ardeur et l’excellence du héros en combat. Elle le fait sous la forme d’un tableau vivant qui fait appel à l’ouïe, mais surtout à la vue tel que nous le trouvons dans l’Iliade où Homère renforce cet art de l’espace à l’aide de la teichoskopia, l’observation du haut des remparts. Cette convention est adaptée au théâtre – par des auteurs comme Euripide et Eschyle – sous la forme d’une description intégrée dans le récit d’un personnage qui peut faire la liaison entre l’extérieur, où la bataille a lieu, et l’intérieur, où est le personnage à qui l’on fait ce récit.
Avec la convention de la teichoskopia la description gagne la bidimensionnalité propre à la peinture et, plus tard, à la photographie. Pourtant, déjà au XVIIIe siècle, le tableau sur scène gagne une telle importance qu’il acquiert le rôle de la photo ouvrant et clôturant un événement. Ce n’est pas par hasard que nous voyons un peintre, Daguerre, impulser la fixation de l’image, la daguerréotypie, qui apparaît bénéficiant ainsi du grand pas donné par Nicéphore Nièpce, entre 1822-25. Outre sa valeur artistique, l’image acquiert, au fil du temps, une importance de plus en plus grande en tant que moyen descriptif des objets, des phénomènes et des idées. La troisième dimension, le relief, est obtenue sur la base de la stéréoscopie, la vision de deux images, chacune pour un œil. La vision binoculaire et la photographie prise selon deux points de vue sur des bandes ou sur des segments sont à l’origine du cinéma. En 1920, Lumière en propose une méthode différente : la photostéréosynthèse. Tout au long de ce chemin apparaissent le roman photo et la bande dessinée, où le système narratif est formé par des codes graphiques, identifiés à la confrontation du dessin (ou de la photographie) avec le message écrit. La bande dessinée fait la conjugaison du récit et de l’écriture graphique jouant sur l’alternance des plans dans un code sémiotique qui lui est propre. Dans l’Histoire de monsieur Jabot, Rodolphe Topffer (Toepffer), considéré comme l’inventeur de ce nouvel art, qui croise l’écriture littéraire avec l’écriture graphique, affirme en même temps qu’il théorise: « Ce petit livre est d’une nature mixte. […] Les dessins, sans le texte, n’auraient qu’une signification obscure ; le texte, sans les dessins, ne signifierait rien».
Ce croisement se fait sentir dans la peinture, comme celle de Paula Rego, à tel point que l’on peut parler de peinture narrative. D’une critique aussi lucide que mordante, cette artiste peintre de notre actualité dispense le code écrit. Faisant le parcours inverse des chroniqueurs qui, comme Fernão Lopes, ont bien profité de l’effet de réel propre à la description qui a recours à des paramètres iconographiques, Almada Negreiros imbriquait l’Histoire dans la peinture dans son tableau Nau Catrineta.
Responsable : Maria Orquídea Leite de Faria Borges
Nous envisageons l’offre du séjour (nuit, petit déjeuner et déjeuner) aux intervenants qui ne résident pas à Lisbonne.
Une publication ultérieure des articles acceptés par la Commission scientifique est envisagée.
RESPONSABLE :
Maria Orquídea LEITE DE FARIA BORGES [entretheorieetpratique@gmail.com]
ADRESSE
Casa das histórias, Cascais, Portugal
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