In nova fert animus mutatas dicere formas corpora.
(« Inspiré par mon génie, je vais chanter les êtres et les corps qui ont été revêtus de formes nouvelles, et qui ont subi des changements divers »)
Ovide, Métamorphoses, Livre I, I, 1-4
Les peintres de la Renaissance étaient de grands lecteurs d’Ovide, dont l’ouvrage majeur, Les Métamorphoses, détermina le sujet de nombreuses œuvres et reste ainsi, pour l’étude de l’art des XVe et XVIe siècles notamment, une source primordiale et un objet d’étude particulièrement fécond. La métamorphose, le passage d’un état à un autre, pose néanmoins un problème à celui qui souhaite s’atteler à sa mise en image. La principale différence entre la poésie et les arts visuels se situe dans la dimension temporelle permise à la première et reniée aux seconds. Alors que le poète peut développer une histoire sur une certaine durée, le peintre et le sculpteur semblent ne pouvoir représenter qu’un seul moment. Le passage, dans sa temporalité, échapperait intrinsèquement aux arts visuels, les artistes restant assujettis à la représentation de son commencement ou de son achèvement.
Ainsi, l’Atelier Renaissances propose l’organisation de deux journées d’études qui auront lieu les 26 & 27 mai 2016. Les échanges lors de ces deux journées porteront sur la question de l’Entre-deux dans la peinture de l’Europe renaissante. Le concept d’Entre-deux offre aux arts visuels ce que leur médium ne peut leur donner, c’est-à-dire la possibilité de développer une narration, plusieurs étapes d’un même récit en une image dont la fixité est ainsi transcendée. Par l’Entre-deux, peintres et sculpteurs ajoutent une dimension temporelle à leur travail, pouvant ainsi représenter l’événement en train de s’opérer et apportant ainsi une continuité entre les états passé et futur de l’individu ou de l’objet. Le concept d’Entre-deux leur permet également de figurer le moment dramatique par excellence, celui du changement où l’état antérieur est encore présent et laisse pourtant déjà apparaître le résultat de la transformation.
Plus que des thèmes iconographiques, Ovide a légué à l’art de la Renaissance ce que l’on pourrait appeler « l’esprit des métamorphoses » (Paul Barosky), la capacité d’invention qui a mis au jour un art mobile et protéiforme. Cet art de l’entre-deux, capable de s’inspirer de deux récits distincts pour n’en former qu’un seul, de deux figures pour n’en former qu’une, est capable également de transcender son medium et de déborder dans le monde réel du spectateur.
Ces journées ont donc pour but de considérer l’Entre-deux comme un objet d’étude à part entière et non pas comme un moment de passage d’un état à un autre, insignifiant par rapport à la situation de départ ou au résultat final. Lors de ces rencontres, les axes de réflexion suivants pourront être traités, sans toutefois exclure d’autres perspectives :
– Le corps en création et en métamorphose
– Les visualisations intérieures des mouvements de l’âme (vision, chute ou élévation)
– Le genre du portrait entre masque et visage
– Les lieux de passage entre les arts (décor feint, recherches illusionnistes, collaboration d’artistes)
– L’élaboration du processus créatif (passage d’un thème narratif à une image métaphysique, influences, intervalles, rapport de l’œuvre au spectateur)
Les propositions de communication ne devront pas excéder 350 mots et être accompagnées d’un CV. Elles devront être envoyées à Marie Piccoli-Wentzo (marie.piccoli.wtz@gmail.com) et Fabien Lacouture (fabien.lacouture@gmail.com) avant le 1er décembre.
Les journées d’études organisées le jeudi 26 & vendredi 27 mai 2016 à l’Institut National d’Histoire de l’Art (salle Vasari, 2 rue Vivienne, 75002 Paris) par le groupe doctoral Atelier Renaissances.
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