Colloque international, du 9 au 11 novembre 2023, Wiels, Centre d’art contemporain, Bruxelles
Le colloque Histoires croisées de l’art entre l’Allemagne et les États-Unis, 1960-1980 : création, diffusion, réception propose d’explorer la complexité des relations, des interactions et des collaborations qui se sont nouées entre les scènes artistiques allemande et nord-américaine entre 1960 et 1980. Alors qu’en 1959, la documenta 2 permet au public allemand de découvrir l’expressionnisme abstrait en tant qu’art spécifiquement américain, ce n’est qu’au début des années 1960 qu’un véritable dialogue s’instaure entre les acteurs de l’art des deux côtés de l’Atlantique, dialogue artistique, socio-culturel, institutionnel et économique. C’est dans le sillage du Pop art et de Fluxus, puis des mouvances minimalistes, conceptuelles et performatives, qu’un réseau international dense et étendu se développe, impliquant à la fois les artistes, les institutions muséales, la critique et le marché de l’art.
L’étude des échanges artistiques entre l’Allemagne et les États-Unis nous paraît particulièrement intéressant par rapport aux questions suivantes :
À la suite de la seconde guerre mondiale, quelles sont les répercussions sur le domaine de l’art du rapport de forces déséquilibré entre une Amérique imposant ses valeurs culturelles et politiques et une Allemagne de l’Ouest exsangue, coupable et perdante sur les plans moral et militaire ? Qu’en est-il enfin de la scène artistique est-allemande ? Quelle image de l’Amérique cultivait-elle ? Des contacts se sont-ils établis entre les USA et la RDA via la RFA ?
Comment les acteurs de l’art (artistes, galeristes, conservateurs, curateurs, critiques, collectionneurs) ont-ils contribué à mettre en place des réseaux personnels et institutionnels pour promouvoir et diffuser l’art de leur pays respectif ?
En quoi le contact ou l’expérience du milieu artistique de l’autre pays a-t-il affecté la carrière d’un ou d’une artiste ou le développement de son travail ?
Dans quelle mesure la critique et l’histoire de l’art, en Allemagne et aux États-Unis, ont-elles contribué à créer des récits et des imaginaires sur un art « allemand » ou un art « américain » ?
Au-delà des liens entre les capitales artistiques des deux côtés de l’Atlantique (New York avec Cologne et Düsseldorf), qu’en a-t-il été des foyers secondaires ? Chicago, San Francisco ou Los Angeles, par exemple pour les États-Unis, Francfort, Munich ou Berlin pour l’Allemagne…
Aujourd’hui encore, l’historiographie a trop souvent tendance à appréhender les relations transatlantiques en des termes hiérarchiques, en mettant en avant la domination américaine sur les plans politique, économique et culturel. Au lieu de penser ces relations sous forme d’influence, de prépondérance ou de dépendance, nous privilégierons l’études des entrelacements, des croisements et des interférences. En cela, nous adhérons à ce que les historiens Michael Werner et Bénédicte Zimmermann ont défini comme une histoire croisée. Il s’agit donc de considérer les objets de recherche non pas « seulement les uns par rapport aux autres, mais également les uns à travers les autres, en termes de relations, d’interactions, de circulation ». Au regard de notre domaine d’étude, cela concerne tout autant les artistes que les institutions, le marché, le discours critique et théorique.
Parmi les pistes à explorer :
Au lieu de s’intéresser à l’influence que le pop art américain a exercé sur les artistes allemands du Réalisme capitaliste (notamment Polke et Richter), on pourrait s’interroger sur la manière dont les œuvres de ces derniers ont contribué à une réévaluation du pop art dans le discours critique et historiographique aux États-Unis (par exemple chez B. Buchloh).
Au cours des années 1960, de nombreux artistes minimalistes et conceptuels américains ont bénéficié d’importantes expositions personnelles en Allemagne (Carl Andre, Sol LeWitt, Robert Morris, Bruce Nauman, etc.). Quel rôle ces expositions ont-elles joué dans leur carrière et dans leur développement artistique ? Quel a été leur réception en Allemagne ? Quelle place ont occupé ces artistes au sein des institutions et des galeries qui les ont exposés ? Comment ces expositions ont-elles contribué au dialogue entre les scènes artistiques allemande et nord-américaine ? Qu’en est-il par ailleurs des expositions collectives allemandes qui de Konzeption/Conception (Leverkusen, 1969) à Zeitgeist (Berlin, 1982) ont marqué le paysage institutionnel international. Comment les médias allemands et américains se sont-ils positionnés ? Et quel rôle a joué la documenta de Kassel dans la redistribution des cartes entre protagonistes allemands et américains ?
Le débat autour de la peinture néo-expressionniste au début des années 1980 aux États-Unis témoigne d’un mélange de fascination et de distance vis-à-vis des imaginaires historiques, politiques et culturels d’un art allemand. Quelles ont été les répercussions en Allemagne de ce débat ? Dans quelle mesure a-t-il influencé ou orienté l’historiographie de la peinture contemporaine en Allemagne et aux États-Unis ?
Quels sont les artistes ou les tendances américaines discutés dans les médias allemands, et vice-versa ? Dans quelle mesure les questions d’une identité nationale et d’une histoire culturelle spécifiques ont-elles influé sur les stratégies des acteurs de l’art (artistes, journalistes, critiques, institutions, etc.) pour diffuser et promouvoir ces artistes ou tendances ?
Un abstract de 1500 signes, accompagné de quelques indications bio-bibliographiques est à envoyer aux trois organisateurs d’ici le 15 mai 2023 :
Valérie Mavridorakis, PR d’histoire de l’art contemporain, Sorbonne Université :
valerie.mavridorakis@sorbonne-universite.fr
Alexander Streitberger, PR d’histoire de l’art contemporain, Université catholique de Louvain :
alex.streitberger@uclouvain.be
Erik Verhagen, PR d’histoire de l’art contemporain, Université polytechnique Hauts-de-France :
Erik.Verhagen@uphf.fr
Une réponse sera transmise après réunion du comité scientifique, à partir du 19 juin 2023.
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