Appel à communication : Jacques-Germain Soufflot ou l’architecture regénérée (Paris, 18-19 octobre 2013)

Jacques-Germain Soufflot ou l’architecture régénérée (1713-1780)

Colloque, Paris, 18 et 19 octobre 2013

Organisé par l’association GHAMU (Groupe Histoire Architecture Mentalités Urbaines)

Et les universités Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, Paris – Sorbonne, Paris Ouest – La Défense, Lyon 2

Avec le concours du Centre des Monuments Nationaux, de la Délégation aux Célébrations nationales, de l’Institut national d’Histoire de l’art et de la Ville de Paris

 

Le tricentenaire de la naissance de Jacques-Germain Soufflot offre aux chercheurs l’occasion de revenir sur la carrière de cet architecte majeur dont de nombreux aspects de l’œuvre novatrice restent à ce jour insuffisamment connus. Dans les années 1980 la célébration du bicentenaire de la mort de Soufflot avait conduit à l’organisation d’une exposition (sous le commissariat de Michel Gallet) et d’un colloque international dont les actes furent publiés la même année, avec le concours de l’association Ghamu, sous le titre Soufflot et l’architecture des Lumières, ainsi qu’à la publication d’un ouvrage collectif consacré à L’œuvre de Soufflot à Lyon. Depuis lors – malgré la publication récente d’une monographie de M. Jean-Marie Pérouse de Montclos – aucune avancée scientifique notable n’a enrichi la connaissance des aspects variés de la carrière de Soufflot et de son rôle dans l’innovation artistique et technique de l’architecture de son temps.

Alors qu’une grande rétrospective consacrée à l’architecte du Panthéon, Jacques-Germain Soufflot, sera exposée par le CMN au sein même de cet édifice à partir de septembre 2013, avec pour commissaire le professeur Alexandre Gady, l’association Ghamu (Groupe Histoire architecture Mentalités Urbaines) propose d’organiser, en partenariat avec plusieurs universités, un colloque international qui coïncidera avec l’ouverture de l’exposition. Il sera question d’étudier les aspects encore trop méconnus de la carrière de l’architecte dont la place est prépondérante dans l’évolution de l’architecture des Temps modernes.

Thèmes proposés

 

1er thème – Soufflot et les institutions : le Contrôle des travaux de Paris et l’Intendance générale des Bâtiments du roi

À partir de 1750, Soufflot partage sa vie entre Lyon et Paris où il s’installe en 1755. Le marquis de Marigny a alors pris la succession de Le Normant de Tournehem à la direction des Bâtiments du roi et compte bien sur son compagnon de voyage pour mener à bien la restauration artistique qu’il estime prioritaire. Paris devient alors le foyer principal d’une nouvelle production artistique inspirée de l’ornement observé sur les monuments grecs ou « réinventés » à partir des sources archéologiques.

Successivement nommé Contrôleur des travaux de Paris (1755) et Intendant général des Bâtiments du roi (1776), Soufflot donne l’impulsion de la régénération du goût en architecture. En 1773, lorsque le marquis de Marigny démissionne, l’architecte se voit même nommé contrôleur des bâtiments et embellissements de la ville de Lyon, charge qui ne fait que confirmer une action menée depuis plusieurs décennies sur l’urbanisme lyonnais. Toutefois son action concrète dans les transformations de Paris et les réalisations qu’il projette, crée ou dirige pour le roi dans la capitale n’ont jamais été bien évaluées face à ses concurrents académiciens (J.-F. Blondel) ou rivaux au service du roi (A.-J. Gabriel), des Menus Plaisirs ou de la Ville de Paris.

 

2e thème – Entourage professionnel de Soufflot : son agence, ses graveurs, les ingénieurs de ses chantiers

Hormis ses conférences à l’Académie de Lyon et à l’Académie royale d’Architecture de Paris, Soufflot n’a pas laissé d’écrits pratiques ou théoriques susceptibles de transmettre son savoir faire et son œuvre. Mais il a su s’entourer de dessinateurs, de graveurs, d’architectes et d’ingénieurs qui par leur collaboration, mais aussi par la restitution de ses intentions, assurèrent une large diffusion de ses principes artistiques, témoignant ainsi de son influence sur l’architecture de son temps. Le fameux livre de l’abbé Laugier, Observations sur l’Architecture (1765), publié un an après la pose de la première pierre de Sainte-Geneviève par Louis XV, apparaît comme un panégyrique du grand architecte. Les publications de célèbres recueils et gravures de ses collaborateurs et amis, Dumont, De Neufforge, Bellicard, Le Roy, Cochin, comme les prises de position des ingénieurs qui conduisirent ses chantiers et la réception de son œuvre dans la presse méritent une réévaluation complète.

 

3e thème – Soufflot et les Académies : les débats stylistiques

Dès 1739, de retour d’Italie, Soufflot ayant choisi de s’établir à Lyon est admis au sein de l’Académie de la ville dont il sera nommé directeur à la fin de l’année 1754. Manifestant très précocement son intérêt pour l’art gothique, l’architecte exposa ses idées esthétiques dans un corpus de conférences (elles ont été publiées en 1982 par l’Université de Lyon II[1]). À la même époque, Soufflot siège également à l’Académie royale de Paris où il sera reconnu comme l’une des personnalités les plus influentes jusqu’à sa mort. L’architecte appartenait alors au petit nombre de créateurs sur qui reposait l’avenir d’une régénération stylistique de l’art monumental, entre le « grand genre » (prôné par son confrère J.-F. Blondel) et l’application du « goût à la grecque » promu par les opposants au Rocaille. La conception de ses œuvres majeures marque une étape essentielle sur le chemin d’un nouveau classicisme, mieux informé sur l’antique, sensible à la démarche piranésienne et ouvert sur un éclectisme d’inspiration.

Ainsi, à une époque de transition stylistique fondamentale, l’architecte prend-il parti, tant dans sa pratique que dans son discours, désavouant les intempérances du Rocaille tout en mesurant l’apport du goût « à la grecque », devenu une mode parisienne dès les années 1755-1760 avant d’être diffusé en province et dans certains pays de culture française (Pays-Bas méridionaux, Parme, Suisse). Difficile à cerner jusqu’ici, tant dans la question de l’ornement, de l’inspiration de l’antique comme du respect du « grand goût » national, le style de Soufflot reste à réévaluer, notamment en tenant compte de sa grande culture de l’Italie.

 

4e thème – Innovations techniques et chantiers de l’architecture religieuse européenne

L’église Sainte-Geneviève dont la conception s’étala de 1754 à 1790, chef-d’œuvre d’audace technique et d’ambition symbolique, est un des témoins essentiels du renouveau classique de l’architecture du siècle des Lumières, synthèse de l’harmonie empruntée à la Grèce antique et de la magie constructive (ici savamment dissimulée) des monuments gothiques à la stéréotomie savante. Ce chantier a d’une part révélé et stimulé une préoccupation embryonnaire pour le comportement de la matière dans les ouvrages, mais il eut d’autre part une influence sur les chantiers de l’architecture religieuse européenne dont l’impact, encore sous-évalué, est fondamental. Les questions techniques du chantier de Sainte-Geneviève, qui ont défrayé la chronique de son temps et suscités des débats savants et passionnés durant la Révolution et au-delà au XIXe siècle, demeurent au XXIe siècle une source pour le chantier actuel des restaurations qui débute en 2013.

Comité scientifique

 

Basile Baudez, maître de conférences d’histoire de l’art, Université Paris – Sorbonne

Alexandre Gady, professeur d’histoire de l’art, Université Paris – Sorbonne

Jean-Philippe Garric, professeur, École d’architecture de Paris-Belleville, conseiller scientifique, INHA

Pierre-Louis Laget, conservateur du patrimoine, Inventaire général Nord-Pas-de-Calais

Jean-Michel Leniaud, EPHE IVe section, directeur de l’École nationale des Chartes

Dominique Massounie, maître de conférences d’histoire de l’art, Université Paris Ouest – La Défense, Présidente de l’association GHAMU.

Nathalie Mathian, maître de conférences d’histoire de l’art, Université Lyon 2

Christophe Morin, maître de conférences d’histoire de l’art, Université Tours – François Rabelais

Monique Mosser, ingénieur de recherche, CNRS, Centre André Chastel

Daniel Rabreau, professeur émérite d’histoire de l’art, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne

Modalités pratiques

 

Les communications dureront 30 minutes maximum et seront accompagnées de projections. Les actes du colloque seront publiés.

Les propositions, comportant les titres ou l’affectation de l’auteur, un titre de communication, le thème dans lequel elles se situent et un résumé n’excédant pas 2 000 signes, sont à adresser avant le 18 mai 2013 au comité scientifique à l’adresse suivante : Soufflot2013@gmail.com. Le comité scientifique vous répondra dans le mois qui suit.



[1] L’œuvre de Soufflot à Lyon : études et documents, (ouvrage coll.), Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1982.

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